• Y a-t-il un âge pour l’hyperactivité?

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    Y a-t-il un âge pour l’hyperactivité? © istockphoto.com/Catherine Yeulet
    Le «trouble du déficit d’attention-hyperactivité» (souvent appelé TDA-H ou «hyperactivité») est de plus en plus populaire… Que signifie-t-il exactement? Se manifeste-t-il seulement chez l’enfant?

    Adaptation / Validation

     

    En quelques mots…

    Le TDA-H regroupe un grand nombre de symptômes classés selon 3 catégories: l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité. L’inattention peut se révéler dans des difficultés à se concentrer, à faire ses devoirs ou des jeux. Parfois existent également des difficultés à respecter les consignes et à s’organiser, la perte répétée d’objets ou des oublis. L’hyperactivité se manifeste par des mouvements des mains, des pieds ou de parties du corps, des difficultés à rester assis longtemps. Certains enfants courent, grimpent, n’arrivent pas à rester tranquilles et parlent beaucoup. L’impulsivité se voit lorsqu’un enfant répond trop vite (sans attendre la fin de la question), n’arrive pas à attendre son tour ou interrompt souvent ses compagnons.

    Ce trouble peut avoir de nombreuses conséquences sur la vie quotidienne. Durant l’enfance, elles concernent majoritairement le milieu familial et scolaire. Ces difficultés continuent à l’âge adulte et se répercutent dans divers domaines, notamment professionnel.

    Etat des lieux

    Dans le monde, 3 à 7% des enfants et adolescents sont touchés par le TDA-H. Dans 60% des cas, le trouble va persister à l’âge adulte.

    Les origines du TDA-H son complexes, mais elles semblent être génétiques, biologiques, familiales et environnementales. Il pourrait être lié aux conditions durant la grossesse et l’accouchement.

    Des formes différentes selon les âges

    Le TDA-H semble se manifester de différentes manières selon les âges. En effet, chez l’enfant les principaux symptômes sont liés à l’hyperactivité. L’adulte se plaint fréquemment d’un sentiment d’impatience, de difficultés à se relaxer et d’une tendance à agir impulsivement. Chez l’adulte, l’inattention se révèle par la procrastination (systématiquement remettre à plus tard), le sentiment d’être distrait ou de s’ennuyer. Il peut souffrir d’instabilité émotionnelle et de crises de colère.

    Chez l’adulte le TDA-H est souvent associé à des troubles de l’humeur (dépression par exemple), des troubles anxieux, des dépendances ou des abus de substances.

    Traitements possibles

    Le traitement le plus efficace comprend un médicament psychostimulant, une psychothérapie et/ou un coaching. A l’aide d’un traitement adéquat, il est possible d’améliorer considérablement les conditions de vie, notamment le développement normal de l’enfant qui lui permet de suivre les cours et de mieux s’impliquer dans sa scolarité.

    Comment savoir si une personne est atteinte du TDA-H?

    Le TDA-H est un diagnostic précis qui nécessite d’être posé par un spécialiste. Si vous avez des doutes quant à votre enfant, vous-même ou un de vos proches, vous pouvez en parler avec l’enseignant ou le médecin de la personne concernée. Chaque personne peut présenter des traits de personnalité inattentifs, hyperactifs ou impulsifs sans pour autant souffrir d’un TDA-H, d’où l’importance d’en parler avec un spécialiste. Celui-ci sera plus apte à différencier les situations banales des cas potentiellement dangereux pour le développement de l’enfant (et de l’adulte).

    Référence

    Adapté de «Trouble du déficit d’attention-hyperactivité de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte: état des lieux», Dr M. Bader du département de psychiatrie du CHUV, Lausanne, et Dr N. Perroud du département de santé mentale et de psychiatrie des HUG, Genève. In Revue médicale suisse 2012;8:1761-5, en collaboration avec les auteurs.


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  • TDAH - déficit de l'attention, des enfants mal compris

     

    http://www.planetesante.ch/Mag-sante/Psycho/TDAH-deficit-de-l-attention-des-enfants-mal-compris

     

     

    Vidéo

     

    TDAH, déficit de l'attention: des enfants mal compris from Planetesante.ch on Vimeo.

     

    Environ 4% des enfants et des adolescents sont atteints par le trouble de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Il est bien souvent la cause d'un manque de concentration et d'une certaine impulsivité. Ce reportage fait le point sur les enjeux et remèdes de ce trouble encore mal compris.

     

    L'antidote est l’émission de prévention et de promotion de la santé sur canal9. Diffusée le 09.04.2012. En partenariat avec:


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  • Les étranges correspondances entre l’autisme, les déficits de l’attention et les jeux vidéo

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    Les étranges correspondances entre l’autisme, les déficits de l’attention et les jeux vidéo © istockphoto.com/gbh007
    On est encore loin d’avoir pris la mesure de l’impact de l’entrée des mondes virtuels sur écran dans le quotidien des enfants et des adolescents. Un usage thérapeutique n’est peut-être pas à exclure.

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    C’est une observation peu banale que viennent de faire deux chercheurs américains. Elle a été publiée1 dans la revue Pediatrics. Micah O. Mazurek (Departments of Health Psychology and Psychological Sciences, University of Missouri) et Christopher R. Engelhardt (Thompson Center for Autism and Neurodevelopmental Disorders, Columbia, Missouri) y font état des liens qui existent entre la pratique des jeux vidéo d’une part, et les troubles du spectre autistique (TSA) et le déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) de l’autre.

    Les chercheurs ont interrogé les parents de 56 garçons atteints de TSA, de 44 garçons atteints de TDAH, et de 41 garçons «témoins» (dont le développement était normal). Tous ces enfants étaient âgés de 8 à 18 ans (âge moyen de 12 ans). Ils ont demandé aux parents combien de temps passait leur fils à jouer à des jeux vidéo.

    Plus de deux heures par jour

    Une dépendance aux jeux vidéo de ces enfants et adolescents a été évaluée à l'aide du test Problem Video Game Playing Test (PVGT). Les symptômes de TDAH ont pour leur part été évalués avec l’échelle Vanderbilt Attention Deficit/Hyperactivity Disorder Parent Rating Scale (VADPRS) et ceux de TSA avec l’échelle Social Communication Questionnaire-Current (SCQ).

    Au final, les chercheurs font une série de constats. Ils observent notamment que les garçons atteints de TSA passent beaucoup plus de temps que les enfants «normaux» à jouer à des jeux vidéo: en moyenne, environ une heure de plus par jour (soit 2,1 heures contre 1,2 heure). Les garçons atteints de TDAH ne diffèrent quant à eux pas considérablement des garçons à développement normal. Les chercheurs notent aussi que les ceux atteints de TSA et de TDAH sont plus susceptibles d'avoir accès aux jeux vidéo dans leur chambre. Ils réalisent aussi des scores plus élevés à ces mêmes jeux.

    La thérapeutique par le virtuel

    De manière paradoxale, les chercheurs observent encore que dans les groupes TSA et TDAH, la présence d'un nombre plus élevé de symptômes d'inattention est associée à des scores plus élevés dans des jeux de résolution de problèmes. Il apparaît encore que les enfants atteints de TSA préfèrent les jeux de rôle plutôt que les jeux de combat violents.

    Les auteurs de cette étude ne mentionnent pas si c’est la grande place occupée par la pratique des jeux vidéo qui accroît le risque de troubles du développement ou si, bien au contraire, ce sont les caractéristiques de ces troubles qui incitent les enfants à jouer plus. Quoi qu’il en soit, le travail soulève une question importante: les «mondes virtuels» offerts par ces nouvelles techniques utilisées à des fins ludiques pourraient-ils constituer un «monde virtuel» dans lequel les enfants atteints d’une forme d’autisme trouveraient un substitut de communication sociale? La pratique de certains types de jeux est-elle de nature à réduire les troubles de l’inattention de ces enfants?

    Contrôler ses accès de colère

    Fin 2012 des médecins de l'hôpital pour enfants de Boston avaient annoncé avoir développé un jeu simple (sur le principe du biofeedback) baptisé Rage Control. Il visait à aider les enfants à apprendre à contrôler leurs émotions et leur colère. Le jeu a été mis au point à l’initiative du Pr Jason Kahn et du Dr Joseph Gonzalez-Heydrich, et était proposé comme une alternative à la psychothérapie pour des enfants impulsifs. Ce travail avait alors été publié dans la revue Adolescent Psychiatry.2

    Rage controle consiste en substance à faire feu aussi vite que possible sur des vaisseaux ennemis tout en évitant, autant que faire se peut, de tirer sur les vaisseaux alliés. Pendant le jeu le rythme cardiaque des jeunes joueurs est enregistré et aussitôt affiché sur l'écran de son ordinateur. Et lorsque la fréquence cardiaque dépasse un certain seuil, les joueurs ne peuvent plus faire feu sur les vaisseaux ennemis. Pour pouvoir reprendre le combat ils doivent donc retrouver leur calme cardiaque.

    Huiler les liens sociaux

    Les spécialistes ont vérifié l’efficacité thérapeutique de la méthode en la testant sur deux groupes d’enfants, âgés de 9 à 17 ans, à QI normal, qui avaient été admis au service psychiatrique de l'hôpital et montraient des comportements anormalement coléreux. Après cinq parties seulement de Rage Control, les joueurs parviennent beaucoup mieux à stabiliser leur fréquence cardiaque et montrent sur une échelle spécialisée des «scores de colère» nettement diminués. L'intensité de la colère est réduite, de même que la fréquence des épisodes colériques et l’expression de cette colère envers autrui.

    C’est aussi, plus généralement, la démonstration inattendue que nos écrans, aujourd’hui dangereusement envahissants et isolants, peuvent –bien utilisés– contribuer à huiler les liens sociaux.


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  • L’autisme: un trouble complexe et encore mal compris

     

     

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    L’autisme: un trouble complexe et encore mal compris © istockphoto.com/Macsnap

     

    L’annonce d’un diagnostic de «Troubles du Spectre Autistique» est souvent une véritable bombe pour les parents. Confrontés au deuil de l’enfant idéal, ils sont très vite rattrapés par les énormes difficultés que ce syndrome peut engendrer pour leur enfant et pour la vie de famille. Eclairages.

     

     

     

    Personne n’a oublié Rain Man, campé par l’excellent Dustin Hoffman. C’était à la fin des années nonante. Le film américain était l’un des premiers à mettre en scène un autiste, Raymond, personnage attachant et incompris, enfermé dans ses angoisses, ses comportements répétitifs, ses habitudes enracinées, mais aussi doté de capacités exceptionnelles de mémorisation et de comptage. Si le film aux multiples récompenses a fait avancer la cause, l’autisme demeure, encore aujourd’hui, un trouble mal compris par beaucoup.

    L’autisme est actuellement reconnu comme un trouble neuro-développemental aux manifestations très diverses et d’intensité variable. L’affection est également très complexe au niveau des causes, puisque des facteurs aussi bien génétiques, métaboliques que neurobiologiques, etc. en seraient à l’origine. Mais, contrairement aux idées reçues, ce n’est pas une maladie psychique, ni un trouble de la personnalité. Sur son site internet, l’Association Autisme Suisse romande précise qu’on ne devient pas autiste, mais «on naît autiste de la même manière que l’on vient au monde avec des grandes ou des petites oreilles».

    En Suisse, chaque année, trois à quatre enfants sur 1000 naissent porteur d’un syndrome autistique, avec une prédominance chez les garçons (moins d’1% d’entre eux naissent avec un autisme pur), car seule une fille sur quatre en souffre, selon Valérie Dessiex, spécialiste en psychologie clinique et psychothérapie à la Consultation multidisciplinaire du psycho-développement (CMPD) de l’Unité de guidance infantile des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Dans cette consultation genevoise, 150 enfants sont suspectés chaque année d’être porteur de ce syndrome. Des chiffres qui seraient en nette augmentation, en partie à cause de l’amélioration de la détection du trouble, de la meilleure connaissance des spécialistes et de la nouvelle classification internationale (DSM V). En effet, on regroupe désormais toutes les formes et les degrés d’autisme (autisme profond, troubles envahissants du développement, syndrome d’Asperger, etc.) sous les termes de « Troubles du spectre autistique (TSA)».

    Symptômes

    Globalement, les déficiences touchent trois domaines: les interactions sociales, la communication (verbale et non verbale) et le comportement. L’enfant autiste dispose d’un répertoire restreint d’intérêts et de comportements, eux-mêmes associés à des stéréotypies qui sont une répétition de gestes ou d’attitudes dans des proportions démesurées (allumer et éteindre la lumière plusieurs fois de suite, taper des mains, se mettre sur les pointes des pieds, par exemple). En marge de ces symptômes, un retard mental est associé dans 75% des cas.

    Les premiers signes

    Les signes précoces évoquant un trouble du développement peuvent s’exprimer dès l’âge de six mois déjà, sans qu’on puisse encore poser un diagnostic. «Un enfant qui ne réagit pas à son prénom, qui ne babille pas, qui ne regarde pas dans les yeux des personnes qui l’entourent, qui n’aime pas être pris dans les bras, qui donne l’impression de se suffire à lui-même, qui est plus intéressé par ses mains que par le visage de ses parents, qui est centré sur ses propres sensations, qui (vers l’âge de trois mois) n’a pas le sourire social, ne pointe pas du doigt, etc. doivent alerter les parents. Mais attention, ces signes ne sont pas spécifiques à l’autisme. Pris isolément, ils n’ont aucune valeur», déclare la psychologue genevoise. Le jeu est aussi un terrain sur lequel l’enfant autiste va exprimer sa différence: «Il privilégie les activités axées sur le sensoriel et l’autostimulation, au détriment des jeux d’imitation. Il délaissera également les personnages ou figurines au profit des objets, se concentrant sur leur mouvement. Il pourra par exemple regarder tourner indéfiniment les roues d’une petite voiture, poursuit-elle. Il passera également du temps à aligner des objets plutôt qu’à les animer». Aussi, l’enfant peut donner l’apparence de communiquer, mais sans véritablement interagir socialement avec les autres.

    A ce titre, l’acquisition du langage peut être très problématique – certains enfants ne parlent pas, voire très peu. En effet, 50% des autistes purs ont des troubles du langage ou n’y accèdent carrément pas. D’autres, en revanche, arrivent à développer des compétences langagières. Mais la communication reste souvent imprécise du fait de leur incapacité à comprendre les subtilités du langage, comme l’implicite ou l’ironie. Dans l’interaction par exemple, ils peuvent répéter une question qui leur est posée plutôt que d’y répondre (phénomène d’écholalie). Sur le plan affectif, ces sujets comprennent mal les émotions des autres quand ils ne s’en détournent pas, étant incapables d’empathie.

    Un diagnostic difficile

    Aussi manifestes que ces symptômes puissent paraître, le diagnostic de l’autisme n’est pas simple à poser, tant les expressions du trouble sont individuelles. Bien que des signes évocateurs puissent s’exprimer assez précocement, la plupart de ces enfants sont diagnostiqués vers l’âge de quatre ans. A cet égard, il appartient à un collège de spécialistes –pédopsychiatres, psychologues, logopédiste, etc. – d’établir un diagnostic différentiel, pour cerner au plus près les problèmes de l’enfant. Pour le Pr. Patrice Guex, ancien chef du Département de psychiatrie du CHUV à Lausanne, «il est très important de ne pas confondre l’autisme avec d’autres troubles. Aussi, si l’on conclut à la présence d’un tel syndrome, il faut apprécier avec finesse où le jeune patient se situe dans le continuum du spectre autistique. Il ne faut évidemment pas tarder à faire le diagnostic, mais éviter aussi de sur-diagnostiquer, de coller trop tôt une étiquette de handicap à l’enfant ou de le figer dans une pathologie; en effet, certains peuvent avoir des attitudes autistiques dans le cadre de troubles fonctionnels, qui peuvent évoluer». Valérie Dessiex, est d’accord avec le professeur Guex. Le diagnostic différentiel avec d’autres troubles est très important. Elle ajoute qu’émettre une hypothèse diagnostique permet de guider les parents dans la compréhension des manifestations de son enfant et d’élaborer une prise en charge adaptée pour l’aider au mieux dans ses difficultés et pour augmenter ses chances de progression.

    Pour déterminer le profil développemental et comportemental de l’enfant, de nombreux paramètres sont investigués: la motricité, le pré-langage, le langage, le niveau de jeu, les interactions, les aspects sensoriels, l’expression des émotions, leur compréhension, etc. «Pour qu’il se sente rassuré et donne le meilleur de lui-même, nous favorisons la présence des parents lors des consultations», poursuit la psychologue.

    Aider l’enfant dans sa spécificité

    Une fois le diagnostic posé, l’orientation du traitement sera donnée par les spécialistes en fonction du degré de handicap et des pathologies associées (épilepsie, troubles du sommeil par exemple). «Si certaines thérapies ont le vent en poupe, il n’y a pas aujourd’hui, d’un point de vue scientifique, une méthode qui serait supérieure à une autre, selon le Centre réputé de Montréal du Professeur Morton, assure le Pr Guex. Dans l’idéal, il faut privilégier une prise en charge intégrative, c’est-à-dire ouverte sur différents types de traitements et d’intervenants (psychiatres, psychologues, éducateurs spécialisés, logopédistes, ergothérapeutes, etc.)». Un programme à la carte, pour que l’enfant développe un maximum de compétences dans la communication, les interactions sociales, mais aussi dans les domaines cognitif, relationnel, affectif et comportemental. Un avis que partage Valérie Dessiex, pour qui «l’erreur serait de ne retenir qu’une seule approche». Cela, sans négliger le vécu émotionnel et affectif du patient, insiste le Pr Guex: «Il faut être attentif à ses sentiments, à la douleur psychique qu’il pourrait ressentir face à son isolement. Accueillir le patient aussi dans son histoire singulière, même si, pour certains, il faudrait être essentiellement comportementaliste.»

    Deuil de l’enfant idéal

    Le soutien des parents et la prise en compte de leur souffrance est également indispensable, tant les implications de l’autisme sont énormes sur la vie de famille. Le deuil de l’enfant idéal, l’épuisement parental, le développement de comportements et de réactions contre-performantes, l’isolement social, les inquiétudes liées à l’avenir de l’enfant, sa dépendance, la «parentification» des frères et sœurs, les conséquences économiques, l’immense désarroi et la difficulté à savoir à qui se référer, à quelle instance vraiment faire confiance, etc. sont autant de conséquences de l’autisme que les parents sont forcés d’apprendre, autant que possible, à gérer


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  • Autisme: les premiers espoirs d’une thérapie ultra-précoce

     

    Autisme: les premiers espoirs d’une thérapie ultra-précoce LDD tangle_eye/morguefile

     

    Une étude américaine originale laisse entrevoir de nouvelles possibilités d’actions thérapeutiques. A condition de pouvoir agir très tôt et que les parents collaborent.

     

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    L’autisme (ou plus précisément les troubles du spectre autistique – TSA) est une entité éminemment complexe. Elle fait l’objet de multiples débats et controverses quant à sa définition, ses origines et ce que doit être sa prise en charge thérapeutique. Il n’y a pas si longtemps (disons jusque dans les années 1980), une conception psychanalytique prévalait, du moins parmi les pays où la psychanalyse occupait encore une place importante dans le champ de la psychiatrie. Elle laissait entendre, schématiquement, que l’autisme (on ne parlait pas encore des TSA) était une des conséquences de troubles relationnels très précoces ayant existés entre la mère et l’enfant malade. Outre qu’elle ne fournissait aucune thérapeutique efficace, cette approche avait pour conséquence notable de culpabiliser durablement les mères concernées et, plus généralement, les parents.

    De nouveaux espoirs

    Le développement d’un regard plus «biologique» sur les causes premières de ces pathologies a eu pour effet de bouleverser les conceptions des techniques thérapeutiques qui pouvaient être mises en œuvre pour aider les enfants atteints et, par voie de conséquence, leur entourage. C’est dans ce contexte que s’inscrit la publication des résultats préliminaires obtenus par une équipe de chercheurs de la Yale Child Study Center, Yale University, et du Koegel Autism Center, Santa Barbara (Californie). Leurs travaux sont exposés dans le Journal of Developmental Disorders Autisme. Ils fournissent, après d’autres développés dans le même esprit, de nouveaux et solides espoirs.    

    Ces chercheurs ont travaillé sur un programme de traitement très précoce des TSA; un programme comportant à la fois des activités ludiques ciblées en fonction des troubles des enfants mais qui, aussi, a pour particularité d’impliquer les parents. Dirigée par Fred R. Volkmar et Pamela Ventola, les chercheurs expliquent que leur programme entraîne des modifications cérébrales chez les enfants concernés et qu’il permet d’obtenir chez ces derniers des améliorations significatives dans le comportement, la communication et la fonction cérébrale. Ils soulignent aussi de ce fait la nécessité d’une prise charge précoce des TSA.

    Les résultats suggèrent que les systèmes cérébraux contrôlant la perception d’autrui et de l’extérieur répondent bien à ce type de thérapie comportementale précoce. Cette thérapie a été développée à l'Université de Californie. Elle a trois particularités principales : elle nécessite la formation des parents, utilise le jeu à des fins de motivation et a été adaptée pour être mise en œuvre auprès de très jeunes enfants, à partir de l’âge de deux ans. En pratique cette approche soulève donc la délicate question de l’opportunité d’un diagnostic précoce ; le plus souvent (et au mieux) ce diagnostic n’est en effet porté qu’entre l’âge de trois à cinq ans.

    Des images pour prouver les avancées

    Les chercheurs américains ont, de manière originale, eu recours à l’IRM pour objectiver les évolutions dans l'activité cérébrale de deux enfants qui avaient suivi cette approche thérapeutique. Le Dr Pamela Ventola avait pour sa part préalablement identifié les objectifs comportementaux distincts pour chaque enfant. Puis elle avait travaillé à renforcer leurs compétences de manière à la fois ciblée et ludique. Les chercheurs expliquent que ces enfants montrent des améliorations dans le comportement et qu’ils sont aujourd’hui capables de parler à d'autres personnes. De manière objective les examens par IRM et électroencéphalographie révèlent une activité cérébrale accrue dans les régions du système nerveux central connues pour être directement impliquées dans la perception et la communication avec autrui.

    On observera (avec raison) que ces résultats n’ont été obtenus que sur deux enfants, ce qui limite bien évidemment les extrapolations que l’on peut en faire. Pour autant, ils fournissent des bases crédibles justifiant leur développement. Les chercheurs américains poursuivent ainsi leur recherche à plus grande échelle, et ce auprès de soixante enfants. Leur approche est certes fondée sur une conception homogène de cette pathologie;  mais elle nécessite toutefois une prise en charge adaptée et bien spécifique de chaque enfant. C’est dire que les TSA sont bien des pathologies particulières. Elles peuvent être perçues comme ayant des manifestations plus ou moins similaires mais elles ont pour origine une somme de dysfonctionnements multiples touchant les perceptions que ces enfants ont du monde extérieur à eux.

    C’est dire aussi que loin d’être standardisée (ce que les tenants de la psychanalyse lui reprochent généralement), cette nouvelle approche thérapeutique des TSA se doit impérativement de prendre en compte les particularités individuelles. Elle doit aussi, autre considérable défi, parvenir à trouver les moyens de porter un diagnostic le plus précoce possible, ce afin d’augmenter les chances de succès. Il faut enfin impliquer au mieux les parents des enfants concernés pour qu’ils participent eux aussi directement à ce programme thérapeutique. On peut imaginer que ceci ne constituera pas le plus grand obstacle à vaincre pour que ces enfants parviennent à mieux s’ouvrir au monde qui les entoure.


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