• Les autistes hypersensibles aux mini-changements

    La résistance au changement des autistes serait associée à une hypersensibilité visuelle et auditive à des modifications, même mineures, de leur environnement. C’est ce que vient de montrer une équipe de l’Inserm, en comparant leur activité cérébrale à celle de témoins non autistes.

    Les autistes hypersensibles aux mini-changements 

    Les personnes atteintes d’autisme sont hypersensibles : n’importe quel changement visuel - même le plus minime - va attirer leur attention, générant peut être une sensation désagréable. C’est probablement ce trait qui les rend réfractaires au changement et les conduit à adopter des comportements répétitifs, orientés sur la stabilité.

    L’étude de la perception auditive des personnes atteintes d’autisme a déjà été réalisée, mettant en évidence leur hypersensibilité aux variations sonores. Mais le phénomène n’avait pas été vérifié pour la vue. Une équipe de l’Inserm* a donc analysé la perception visuelle de patients autistes et de témoins, en les soumettant à différents stimuli et en enregistrant leur activité cérébrale par électroencéphalogramme.

    Dérangés par des signaux visuels mineurs

    Tous les participants à l’étude ont été invités à fixer une croix entourée d’un cercle. Celui-ci était immobile, se déformait régulièrement et de façon répétitive ou adoptait des formes saugrenues et inattendues.

    Il est apparu que, chez les témoins, les déformations régulières ne sont quasiment pas perçues. Cela se traduit par un signal caractéristique que les experts savent interpréter sur l’électroencéphalogramme. En revanche, la survenue d’une déformation inhabituelle importante attire l’attention et se traduit par un autre type de signal sur l’enregistrement, appelé « P3a ». En pratique, c’est comme prêter attention à un bruit en même temps qu’on lit : le cerveau perçoit tous les bruits mais certains n’impactent pas le lecteur alors que d’autres le tirent de sa lecture.

    Chez les autistes, les résultats sont différents. N’importe quelle déformation inattendue, discrète ou importante, attire l’attention de l’individu et se traduit par un signal « P3a » sur l’encéphalogramme. C’est comme si tous les changements, mineurs ou pas, attiraient leur attention, perturbant probablement leur état général.

    Des dysfonctionnements cérébraux

    Difficile à ce jour de savoir quelles sont les perturbations cérébrales à l’origine de cette hypersensibilité et s’il serait possible de les corriger. Néanmoins, des pistes se dessinent : des études menées chez l’animal montrent qu’un système neurotransmission, la voie glutamatergique, est impliqué dans la modification des perceptions auditives associé à l’autisme. Reste à savoir si jouer sur les neurotransmetteurs qui interviennent dans cette voie (le GABA ou le glutamate) pourrait permettre de « rectifier » ces perturbations.

     

     

     

    Note :
    *Unité 930 Inserm/Université François Rabelais, CHU de Tours

    Source :
    H. Cléry et coll., Electrophysiological evidence of atypical visual change detection in adults with autism. Front Hum Neurosci. Edition en ligne du 6 mars

     


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  • Emission du dimanche 19 janvier 2014 20:50

     

    Enfants handicapés : révélations sur les centres qui les maltraitent

     

     
     

     

    Depuis quelques semaines, un Institut Médico Éducatif accueillant des enfants handicapés défraye la chronique : des membres du personnel dénoncent de nombreux actes de maltraitance envers les enfants. Les caméras de Zone Interdite sont les seules à avoir pu pénétrer dans cette institution et filmer la maltraitance subie par les enfants. Des images chocs dans lesquelles on peut voir des enfants attachés, enfermés dans des cages de verre, lavés en groupe, garçons et filles mélangés sans aucune intimité.

    En France aujourd'hui, près de 700 000 personnes sont porteuses d'un handicap mental. Autisme, trisomie 21, maladies génétiques : chaque année, il naît entre 6 000 et 8 500 enfants qui ne pourront jamais, pour la plupart, être totalement autonomes.

    La France manque cruellement de structures adaptées. Une pénurie qui ne laisse souvent d'autre choix aux parents que de placer leurs enfants très loin du domicile familial, voire à l'étranger. Les parents ignorent bien souvent comment leurs enfants sont pris en charge. Un mystère qui laisse la porte ouverte à tous les abus : violences psychologiques, physiques ou même sexuelles. Des milliers d'enfants handicapés seraient ainsi victimes chaque année de maltraitance.

    Pendant plus d'un an, les caméras de Zone Interdite ont enquêté sur la prise en charge de ces enfants pas comme les autres. Une enquête accablante. Maltraitance médicamenteuse dans certaines cliniques psychiatriques privées : des autistes y sont attachés et bourrés de neuroleptiques sans aucun accompagnement. Violences physiques et humiliations. Nous avons suivi le procès d'éducateurs violents confondus par des vidéos accablantes…
    Brisant la loi du silence, ce film de 90 minutes met en lumière le quotidien d'enfants jusque-là ignorés.

    Réalisateur : Nicolas Bourgoin. Productions : Zed


    http://www.m6.fr/emission-zone_interdite/19-01-2014-enfants_handicapes_revelations_sur_les_centres_qui_les_maltraitent-2147538035.html


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  • Nouveaux rythmes scolaires: élève handicapé, qui s'en occupe

     

    Nouveaux rythmes scolaires: élève handicapé, qui s'en occupe

    Quel impact la réforme des rythmes scolaires dans le primaire aura-t-elle sur la prise en charge des élèves handicapés ? Dès la rentrée 2013, 20 % des communes ont adopté le principe de la semaine des cinq jours, avec un temps de classe allégé suivi d'ateliers récréatifs, sportifs ou culturels proposés en fin de journée. Ce principe sera généralisé à toute la France à la rentrée 2014. Et c'est là que les choses se corsent ! Car, dans ce contexte, à qui incombe la responsabilité d'assumer la prise en charge périscolaire des élèves en situation de handicap ? Pour le moment, Education nationale, collectivités et mairies se renvoient la balle...

    AVS : pas concernés

    La bonne nouvelle de cette rentrée 2013, c'était l'embauche de 8 000 AVS supplémentaires et la professionnalisation du métier. Mais la question du temps périscolaire reste posée car les AVS n'ont pas vocation à accompagner l'élève en dehors du temps de classe. Sévérine, professeur d'école à Paris, est confrontée à cette situation depuis trois semaines. « J'anime, après les cours, un atelier de chants auquel deux enfants en situation de handicap se sont inscrits : l'un est autiste, l'autre présente des troubles du comportement. Or il n'y a personne pour être à leurs côtés. »

    Le Défenseur des droits alerte

    Déjà en novembre 2012, Dominique Baudis, Défenseur des droits, alerté par de nombreux parents, avait saisi le gouvernement sur ce sujet (recommandations en lien en fin d'article), le rappelant à ses obligations et suggérant la possibilité de prolonger la présence des AVS lors des activités extra ou périscolaires. Il appuyait son argumentation sur un arrêt du Conseil d'Etat du 20 avril 2011 qui juge que « la prise en charge par [l'Etat] du financement des emplois des assistants d'éducation qu'il recrute pour l'aide à l'accueil et l'intégration scolaires des enfants handicapés en milieu ordinaire n'est pas limitée aux interventions pendant le temps scolaire ».

    L'Education nationale délègue

    A l'inverse, le rapport Komitès (« Professionnaliser les accompagnants pour la réussite des enfants et adolescents en situation de handicap »), remis en juin 2013, estime que « c'est aux collectivités territoriales et plus précisément aux communes qu'il revient d'assurer la prise en charge des activités périscolaires sur les temps dits « libérés ». » Le ministère de l'Education nationale adopte, en toute logique cette position, notamment dans une réponse écrite (lire en lien) qu'il adresse en juillet 2013 à un député de la Marne qui l'avait questionné à ce sujet : « les activités périscolaires sont de la responsabilité des collectivités locales ».

    Dans ce contexte, certains élus sont inquiets et prétendent que les communes risquent d'être vite confrontées à des difficultés qu'elles ne soupçonnent pas encore puisque, en plus de devoir débloquer des budgets pour financer ces nouvelles activités, elles devront fournir davantage d'animateurs, et notamment formés à l'accueil des enfants à besoins spécifiques.


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