• Troubles de l’attention : faire la différence entre l’hyperactivité et l’agitation

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    Il passe son temps à courir dans tous les sens et ne sait pas se tenir quoi que vous fassiez. Vous avez consulté votre médecin traitant et même un pédopsychiatre. Le diagnostic vous est vite rendu, on vous dit qu’il est hyperactif et qu’il faut le mettre sous traitement. Si vous vous dites que c’est exagéré, vous n’avez peut-être pas tort. Explications.

     

    A l’heure où on entend dire que même les ondes du téléphone portable provoqueraient l’hyperactivité pendant la grossesse, nous avons voulu faire le point sur cette pathologie, de plus en plus diagnostiquée, plutôt méconnue. Surtout, il convient de s’interroger sur la pertinence des diagnostics. Pourquoi un enfant agité serait-il forcément hyperactif ? Ne serait-il pas dans la nature d’un enfant d’être turbulent ?

     

    L’agitation en question

    L’agitation est un comportement qui varie du normal au pathologique en fonction de sa durée de son intensité et de l’impact qu’il a sur la vie de l’enfant et de la famille. Quand l’agitation est constitutionnelle, donc pathologique ; elle est constante dans le temps et quels que soient le lieu ou les personnes présentes avec l’enfant ; elle envahit alors toutes les sphères de sa vie et a souvent un impact sur sa socialisation, sa scolarisation, notamment à travers les troubles attentionnels qui lui sont associés. L’agitation transitoire est généralement bénigne, sensible aux interventions de l’environnement. La reconnaissance de l’origine de l’agitation de l’enfant est importante afin de permettre aux parents de réagir de la façon la plus adéquate. On ne peut réagir de la même façon quand un enfant est agité à cause de son angoisse que quand on est face à un enfant qui a un problème de limite et qui a du mal à accepter les règles et les interdits.

    TDAH : qu’est-ce que c’est ?

    Les personnes atteintes d’un trouble de déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ont des difficultés à se concentrer, à être attentives et à mener à terme des tâches le moindrement complexes. Elles ont souvent du mal à rester en place, à attendre leur tour et agissent fréquemment de façon impulsive. Bien que ces comportements puissent se retrouver chez tous les êtres humains, ils sont présents de façon anormalement prononcée et prolongée chez ceux qui sont atteints d’un TDAH. Ils sont également présents dans toutes les circonstances de la vie (pas uniquement à l’école ou uniquement à la maison, par exemple). Trois symptômes caractérisent le TDAH : inattention, hyperactivité et impulsivité. Ils peuvent être présents à des degrés divers. Par exemple, un enfant toujours « dans la lune », qui ne termine pas ses devoirs, qui ne retient pas les consignes et qui perd constamment ses objets personnels, mais qui n’est pas particulièrement agité pourrait être atteint d’un TDAH. Un autre, surtout hyperactif, impulsif et agité, mais qui arrive à relativement bien à se concentrer lorsque les tâches l’intéressent pourrait aussi en être atteint. En général, l’hyperactivité et l’impulsivité sont plus accentuées chez les garçons que chez les filles.

     

    Chez la vaste majorité des personnes atteintes, le TDAH a une origine neurologique qui peut dépendre de l’hérédité et de facteurs environnementaux. Les experts sont formels à ce sujet : le TDAH n’est pas causé par des besoins affectifs non comblés ou par des problèmes psychosociaux, même s’il peut être exacerbé par ces facteurs.

     

    Le TDAH est généralement diagnostiqué autour de 7 ans. Cependant, les enfants qui souffrent de TDAH ont des comportements difficiles avant leur rentrée à l'école, souvent dès l'âge de 2 ans.

     

    Le diagnostic : la prudence est de mise

    Un enfant très énergique n’est pas forcément atteint d’hyperactivité, ou s’il à tendance à ne pas écouter quand on lui parle, ce qui ne veut pas dire qu’il a un déficit de l’attention. Une attitude souvent normale pour un enfant. Pour diagnostiquer un TDAH il est nécessaire de réunir plusieurs conditions. Il faut que les symptômes persistent dans au moins deux environnements, la maison et l’école par exemple. Les signes apparaissent avant l’âge de 7 ans. Il ne doit pas y avoir de problèmes de santé ou psychologiques qui pourraient justifier les symptômes. Les autres pathologies, type autisme, doivent être écartées. Si un médecin généraliste peut suspecter un TDAH chez son jeune patient, seul un spécialiste de ce syndrome (en général un pédopsychiatre, parfois un neurologue) sera apte à en poser le diagnostic. Il doit pour se faire réaliser un bilan, qui repose essentiellement sur l’observation de l’enfant et le recueil des informations le concernant auprès des adultes qui le côtoient. Le bilan se compose d’abord d’un entretien avec les parents et d’un examen de l’enfant. Des questionnaires destinés à évaluer l’intensité et la fréquence des symptômes sont adressés à la famille, mais aussi aux enseignants. Enfin, le médecin effectue un bilan somatique, afin de détecter les éventuels problèmes coexistants (épilepsie, dyslexie…).

     

    Une histoire de mois de naissance ?

    Une étude canadienne est parvenue à une autre conclusion étonnante : en observant près d'un million d'enfants de 6 à 12 ans, les chercheurs de l'université de la British Columbia ont découvert que le mois de naissance d'un élève peut avoir des conséquences sur sa supposée hyperactivité. Les scientifiques remarquent ainsi qu'un diagnostic de trouble neurocomportemental est plus souvent posé chez les plus jeunes de la classe, qui ont jusqu'à un an d'écart avec leurs camarades les plus âgés.

     

    Les écoliers nés en fin d'année ont ainsi 70 % de risques supplémentaires par rapport à leurs amis de janvier d'être considérés comme hyperactifs. Des enfants qui sont en réalité simplement « immatures » par rapport à leurs copains de classe, « manifestant ainsi un manque de concentration, des difficultés à rester calmes, de l'impatience, de la désorganisation ou de l'impulsivité », comme le souligne Richard Morrow, le directeur de la recherche. Un affinage du diagnostic d'hyperactivité semble donc indispensable, afin de mieux la prendre en charge, et ce, sans médicament de surcroît. Des recommandations simples pour un résultat de taille.

     

    Enfants hyperactifs et surdoués

    Eduquer sans contraindre  2

    La question des liens entre hyperactivité et douance, comme certains l'appellent, est source de multiples débats. Certains soutiennent que des surdoués ont des symptômes similaires sans être des vrais hyper actifs, d'autres pensent que ce sont des vrais hyperactifs mais que ceci montre les bénéfices potentiels de l'hyperactivité, et le débat se porte alors sur le bien fondé d'une médication de l'hyperactivité. D'autres encore mettent en évidence que la majorité des hyperactifs ne sont pas des surdoués, ce à quoi il est répondu que les hyperactifs ont souvent des difficultés à passer les tests, ce qui ne veut pas forcément dire qu'ils ne sont pas supérieurement intelligents. Toujours est-il que ce soient chez les hyperactifs ou chez les surdoués, de fréquents problèmes d'adaptation sont diagnostiqués, que ce soit au niveau social ou au niveau scolaire.

     

    De façon générale, il est habituellement accepté, que l'hyperactivité est avant tout un problème d'attention et de difficulté à filtrer les informations pertinentes des autres. Ceci signifie entre autres, que le cerveau de l'hyperactif est depuis tout jeune bombardé d'informations qu'il ne peut sélectionner comme les autres enfants, ce qui implique que ce cerveau doive s'adapter et peut échouer dans cette adaptation. Cela devrait se traduire par une augmentation de la variance au sein de la population d'hyperactif en ce qui concerne la capacité à traiter cette information. Ceci n'a pas forcément un impact sur l'intelligence moyenne des hyperactifs, mais par contre, implique que dans les populations d'intelligence extrême, il y ait une plus grande proportion d'hyperactifs, ce qui est confirmé par les observations. Ceci pose la question de l'adaptation pédagogique générale ou de la prévention éducative à travers cette difficulté d'évaluation des facteurs et des manifestations. En effet dans les deux cas l'enfant présente les symptômes qui peuvent inclure : changements d'humeur (tendances dépressives, lunatiques, frustration), intolérance et négligence dans ses travaux scolaires (procrastination) ou concernant les sujets importants ou sérieux, phobies (peur de l'échec notamment), troubles du sommeil (insomnie), hyperactivité physique et psychologique, troubles de la personnalité (manque d'estime de soi, autocritique excessive, dérives antisociales, fort caractère) et troubles additifs (jeux vidéo, Internet). Intellectuellement, les patients possèdent un quotient intellectuel au dessus de la moyenne. Ils sont également créatifs, inventifs, imaginatifs et intuitifs.

     

    Dernière étude

    Pour la première fois, des chercheurs ont suivi plus de 2000 enfants de l'âge de 17 mois à 8 ans afin de mieux comprendre l'apparition des symptômes d'hyperactivité-impulsivité et d'inattention et de cerner les facteurs de risque environnementaux pendant la grossesse et les premières années de vie.

     

    Résultat : les symptômes du trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) auraient des trajectoires plus diversifiées qu'on croyait. Les symptômes d'hyperactivité tendent à décroitre de 17mois à 8 ans, alors que ceux d'inattention augmentent de façon substantielle.

     

    Grâce à cette étude, les chercheurs ont pour la première fois désigné les facteurs de risque périnataux associés à la manifestation des symptômes du TDAH de 17 mois à 8 ans : le jeune âge de la mère (moins de 21 ans), le tabagisme de la mère pendant la grossesse, la prématurité, un faible poids à la naissance, la dépression de la mère, les problèmes de comportement du père et une famille éclatée avant la naissance de l'enfant. Le TDAH est un problème complexe qui tire ses origines à la fois de la génétique et de l'environnement.

     

    Le traitement médical des TDAH

    Pour la moitié des enfants atteints, les symptômes disparaîtront à l'adolescence ou au début de l'âge adulte. Les autres garderont les symptômes dans leur vie adulte. Mais avec des outils, des stratégies, parfois de la médication appropriée ou de l'aide psychologique, ils apprendront à vivre avec ce trouble de plus en plus documenté. Il est recommandé de s’adresser à un pédiatre, un neuropsychiatre ou à son médecin généraliste. On dénombre une cinquantaine de médicaments neuroleptiques, anxiolytiques ou antidépresseurs sur le marché. La Ritaline, un dérivé de l’amphétamine est le plus utilisé et le moins dangereux. Peu d’effets secondaires, mais un risque d’addiction. D’autres médicaments sont attendus ou pourraient avoir une action bénéfique : L’Atomoxétine : considéré « antidépresseur » au départ, mais qui améliore le déficit d’attention dans la mesure où il exerce une action sur le système dopaminergique. Le Modafinil : un médicament (vendu très cher et non pris en charge par l’assurance sociale) possédant une action dans le cadre des altérations des mécanismes de l’éveil. Il est recommandé d’avoir recours à une thérapie comportementale cognitive. Il existe également des techniques de rééducation de la mémoire du travail.

    L’association HyperSupers

    L’association, reconnue par le ministère de la Santé, a pour but d’accompagner les familles souvent démunies face au diagnostic, leur éviter un parcours thérapeutique long et chaotique, et favoriser une meilleure intégration scolaire des enfants. L’association qui compte 3000 membres et 60 bénévoles, propose des conférences, des réunions, des rencontres entre parents et autres forums.

    www.tdah-france.fr

     

    Quand peut-on parler d’enfant hyperactif ? Les symptômes de TDAH

    Les 3 principales caractéristiques du TDAH sont l'inattention, l'hyperactivité et l'impulsivité. Elles se manifestent comme suit, avec une intensité variable. Chez l’enfant :

     

    Inattention

     

    ? Une difficulté à être attentif de façon soutenue à une tâche ou une activité particulière. Cependant, l’enfant peut arriver à mieux contrôler son attention s’il a un grand intérêt pour une activité.

     

    ? Des erreurs d’inattention dans les devoirs scolaires, les travaux ou les autres activités.

     

    ? Un manque d’attention aux détails.

     

    ? Une difficulté à commencer et à terminer ses devoirs ou ses autres tâches.

     

    ? Une tendance à éviter les activités qui nécessitent un effort mental soutenu.

     

    ? Une impression que l’enfant ne nous écoute pas lorsqu’on s’adresse à lui.

     

    ? Une difficulté à retenir les consignes et à les appliquer, bien qu’elles soient comprises.

     

    ? Une difficulté à s’organiser.

     

    ? Une tendance à être très facilement distrait et à faire des oublis dans la vie quotidienne.

     

    ? La perte fréquente d’objets personnels (jouets, crayons, livres, etc.).

     

    Hyperactivité

     

    ? Une tendance à remuer souvent les mains ou les pieds, à se tortiller sur sa chaise.

     

    ? Une difficulté à rester assis en classe ou ailleurs.

     

    ? Une tendance à courir et à grimper partout.

     

    ? Une tendance à parler beaucoup.

     

    ? Des difficultés à apprécier et à s’intéresser à des jeux ou à des activités calmes.

     

    Impulsivité

     

    ? Une tendance à interrompre les autres ou à répondre à des questions qui ne sont pas encore terminées.

     

    ? Une tendance à imposer sa présence, à faire irruption dans les conversations ou les jeux. Une difficulté à attendre son tour.

     

    ? Un caractère imprévisible et changeant.

     

    ? Des sautes d'humeur fréquentes.

     

    Autres symptômes

     

    L’enfant peut être très bruyant, antisocial, voire agressif, ce qui peut le conduire à être rejeté par les autres.

     

    Article de Marie Deghetto


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  • Les enfants qui ne trouvent pas leur place à l’école

     

    Ils sont un peu plus nombreux à chaque rentrée : des enfants apparemment comme les autres, avec leurs joies et leurs peines. Mais pour eux, parce qu’ils ont une peine ou une différence supplémentaire, s’intégrer à l’école est une bataille plus vive que pour les autres. De guerre lasse, ils rendent parfois les armes et passent de difficultés en échec scolaire. Pourquoi tant d’enfants, identifiés ou pas comme angoissés, dyslexiques, hyperactifs ou encore précoces n’arrivent-ils pas à rentrer dans le jeu social de l’école ?

    L’école n’aime pas la différence

    GRANDIR-EDUCATION-CES-ENFANTS-QUI-NE-TROUVENT-PAS-LEUR-PLACE-CM14©-Stéphane-Hette---Fotolia.com 307681 M-3©DR

    Jules, 8 ans, est hyperactif. Incapable de se poser, il réussit la prouesse de s'agiter toute la journée dans la classe tout en écoutant sa maîtresse. Lui n'est pas perturbé dans ses apprentissages mais ses camarades et son enseignante s'épuisent. Il devient le cas. Jérôme, 10 ans, est dyslexique. A force de ne pas trouver ses mots, d'accumuler les zéro en dictée, il s'étiole dans son coin, perd confiance en lui et développe petit à petit une vraie phobie scolaire. Marie, 11 ans, rêve toute la journée et ne semble pas comprendre ce qu'on lui demande. Incapable de répondre à une question, elle fond en larmes dès qu'elle est sollicitée. Romane, 6 ans, si heureuse à l'idée d'apprendre des choses à l'école, s'y ennuie ferme finalement et refuse de se soumettre aux méthodes qu'on lui propose pour arriver à des résultats qu'elle connaît déjà. Diagnostic : c'est une enfant précoce. Kévin, quant à lui, ne sait même pas ce qu'il fait là. A la maison, on ne parle pas français, il s'occupe de ses petits frères quand il rentre, son papa est au chômage et il voit peu sa maman qui part très tôt le matin pour faire des ménages.

    Dis maman, pourquoi l'école ne m'aime pas ? Telle pourrait être la complainte de ces enfants normaux qui se retrouvent « en difficulté scolaire » parce qu'ils sont souvent en difficulté tout court ou qu'ils sont juste un peu différents, pas assez stéréotypés pour passer inaperçus dans une classe et pourtant pas « assez handicapés » pour être légitimement accueillis dans des structures spécialisées. Des enfants « boarder line », avec des fêlures diverses et variées, chacun des cas particuliers que l'institution scolaire n'a pas le temps, la volonté ou la vocation, ou tout cela à la fois, de prendre en compte.

     

    Les enfants qui ne trouvent pas leur place à l’école

    Entrer dans le moule

    enfants qui ne trouvent pas leur place à l'école-ouverture©istock
    « L'enfant aime bien les endroits où il pense qu'on l'aime bien » confirme Richard Redondo, Président de l'Association Française des Psychologues de l'Education nationale (AFPEN). Alors, l'école manquerait-elle de ce supplément d'âme qui ferait que chacun s'y sentirait bien et y trouverait sa place ? « Là n'est pas vraiment le problème, rétorque Richard Redondo. Le problème est qu'il y a trop souvent inadéquation entre ce que l'école demande et l'image que les parents en donnent à leur enfant. Quand il n'y a pas de confiance entre l'enseignant, l'institution d'un côté  et les parents de l'autre, ça ne marche pas. On le sait maintenant, un enfant qui est bien à l'école, c'est un enfant qui « réussit » à peu près normalement et qui y vient volontiers, même s'il n'a pas des résultats extraordinaires. Et pour cela, il faut avoir compris une chose très simple : à l'école, je dois faire ce qu'on me demande de faire au moment où on me le demande. Doués ou pas doués, en difficulté ou pas sur le plan de l'apprentissage, les enfants qui arrivent à « coller » à cela s'en sortent, les autres sont rejetés par l'institution. C'est le grand apprentissage de la maternelle, une majorité d'élèves de primaire y arrivent très bien et ça devient souvent une catastrophe au collège parce que les enfants deviennent ados, qu'ils se rendent compte qu'on veut les faire rentrer dans un moule et qu'ils y résistent».

    Où est la norme ?

    Coller à la norme : voilà tout le problème de ceux qui s'en éloignent un peu plus que les autres. André Agard-Maréchal, psychologue scolaire et auteur de Il aurait pu être bon à l'école, l'école et la norme (Albin Michel, 2005), n'y va pas par quatre chemins pour décrire les directives ministérielles concernant les élèves dits « en difficulté » : « Si j'ai bien compris, donc, l'école serait une grande, bonne et grosse machine dont l'objectif serait de produire des élèves « normés », c'est-à-dire selon une norme : raisonnement et pensées normales, comportements sociaux normaux, rapport à l'autorité normal, mais aussi imaginaire normal... Et j'en oublie. Tout ça pour en venir à la conclusion : devenir élève, c'est pour un enfant devenir normal ».

    Or, quoi de plus difficile à définir que la normalité ? Et cette normalité scolaire obligatoire est-elle un gage de réussite ? Prépare-t-elle, surtout, à un avenir professionnel qui sera sur bien des aspects « anormal » ? Et puis, quel élève passera tout au long de son parcours scolaire au travers des gouttes et des tonnerres de la vie, entre difficultés familiales, déboires sentimentaux et rencontre avec le « mauvais prof », celui avec lequel il n'aura pas d'affinité, qui l'éloignera temporairement ou à jamais des maths ou du français ? Partant de ce principe, tous les élèves sont anormaux. Reste à définir la limite du scolairement acceptable, variable selon le niveau d'exigence et de résistance des professeurs et des établissements. Toujours est-il que les enfants étiquetés « en difficulté » sont menacés à moyen terme de déscolarisation parce qu'il n'y a pas de place pour eux. Ils entrent mal dans un cadre normatif, ils n'entrent pas non plus dans les lois du handicap. De là à nier purement et simplement leur existence, il n'y a qu'un pas... Un comble quand on sait qu'un peu plus d'un élève par classe est aujourd'hui signalé comme « en difficulté ».
     

    Les enfants qui ne trouvent pas leur place à l’école

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    André Agard-Maréchal est psychologue de l'Education nationale et notamment auteur de « il aurait pu être bon élève, l'école et la norme ». Il décrypte pour nous le malaise des enfants qui semblent embarrasser l'éc André Agard-Maréchal est psychologue de l'Education nationale et notamment auteur de « il aurait pu être bon élève, l'école et la norme ». Il décrypte pour nous le malaise des enfants qui semblent embarrasser l'école.


    Côté Mômes : Dans votre ouvrage, vous dites clairement que votre rôle se résume souvent à aider plus les enseignants que les enfants, ce que vous déplorez. Vous vous insurgez contre le systématisme du signalement d'un enfant dès qu'il n'est pas dans la norme. L'école est-elle incapable d'intégrer les différences ?

    André Agard-Maréchal :
    Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que l'école ne s'occupe pas des individus mais d'objets, de nombres, de quantités. Elle a absolument besoin que les choses soient rangées en ordre et dans les cases prévues. Ce qui pose problème, c'est la petitesse de ces cases et leur nombre réduit par rapport à la complexité, la richesse de la vie et les difficultés que les enseignants rencontrent. Face aux difficultés d'un enfant, on a très peu de réponses à lui fournir. Soit il relève de l'enseignement ordinaire, soit il est handicapé, point final ! Et les enseignants sont finalement aussi aliénés que les enfants par une machine institutionnelle extrêmement lourde qui leur  impose des conditions de travail pas toujours faciles. Dès lors, certains enseignants ont la tentation de signaler de plus en plus d'élèves... Mais on a l'impression que c'est d'abord leur malaise professionnel qu'ils signalent.

     
    CM : Que se passe-t-il concrètement pour un enfant signalé par un enseignant ?
    AAM :
    Quand un enfant est signalé par un enseignant, c'est d'abord pour que l'on nomme, que l'on mette un mot savant sur le problème qu'il rencontre. Il est alors dyslexique, dysphasique, dyspraxique, dysorthographique, enfin tout ce que vous voulez. Et cela pose déjà la question du handicap. Le gros problème, c'est justement la définition du handicap et notamment du handicap mental. Un handicap physique ou sensoriel se mesure. Pour le handicap mental, on rentre dans des notions très floues, très dangereuses aussi. Par exemple, il n'y a pas de définition du trouble de la conduite mais un établissement spécialisé est nécessaire dans ce cas selon la loi ! Un enfant qui a des troubles de la conduite, s'il est identifié comme handicapé, aura une réponse à son problème car la loi sur le handicap est assez bien suivie dorénavant... Sinon ? Il n'en aura pas. On ne va pas se poser la question de savoir pourquoi l'enfant s'est réfugié dans un symptôme. On va juste se poser la question de nommer ce symptôme en fonction des catégories, des critères et des classements prévus. Si c'est un peu plus compliqué que ça, on le fait rentrer de force, avec un chausse-pied, dans une catégorie. Nous les psychologues, on se demande pourquoi l'enfant a « choisi » de développer ce symptôme en fonction du contexte dans lequel il est. Mais ça, ça n'intéresse pas l'institution.
     
    CM : Mais alors, que deviennent ces enfants que l'école ordinaire a du mal à prendre en charge, en difficulté mais pas handicapés ?
    AAM :
    Théoriquement, ces enfants devraient être pris en charge par les réseaux d'aide spécialisée aux élèves en difficulté (RASED), réseaux mis en place en 1990 et qui sont actuellement menacés de disparition. Dans certains départements, ils sont déjà supprimés. Les maîtres des RASED avaient une particularité : ils n'avaient pas de classe, ils intervenaient dans des classes ordinaires où ils pouvaient prendre en charge des petits groupes ou individuellement des enfants en difficulté, voire, ce qui était encore mieux, intervenir avec le maître ordinaire dans la classe au niveau de certains enfants.

    Aujourd'hui, les enfants qui développent des symptômes scolaires (dyslexie, phobie, inhibition intellectuelle, etc.) se retrouvent à gérer tout seuls leurs symptômes qui ne vont pas céder parce qu'un symptôme, ça sert à quelque chose. L'enfant ne peut plus faire autrement, il est coincé dans une aliénation dont il ne peut plus se sortir. En outre, à partir du moment où un symptôme est reconnu, admis et identifié, l'enfant y « colle » alors qu'il y a probablement à l'origine de son problème des raisons pour lesquelles, par exemple, il n'a pas appris à lire, et notamment la façon dont la famille a abordé la question de la lecture. Quand on dit « il est dyslexique », eh bien voilà, c'est réglé. Les dyslexiques doivent être maintenus en classe ordinaire, on doit leur donner un temps supplémentaire, favoriser l'oral. Mais ce n'est pas encore appliqué ! Pour des enfants qui souffrent de troubles du comportement, c'est géré au cas par cas et comme on peut... Et ça se passe très mal en général.

     Quant aux hyperactifs, c'est une belle supercherie. Un enfant que l'on nomme hyperactif, c'est simplement celui que l'on appelait dans le temps un caractériel ou un emmerdeur. Un enfant qui n'a pas trouvé tout petit des limites à son désir de toute-puissance. Et il y en a deux sortes : ceux qui apprennent quand même et ceux qu'apprennent pas. Pour eux, il y a problème ave l'institution alors qu'il  suffirait sans doute de redresser la barre en lui imposant une autorité qui le « remette à sa place ». Mais l'hyperactivité, inventée il y a 25 ans par des pédiatres en Californie pour écouler la molécule d'un laboratoire pharmaceutique qui ne servait à rien, a été pour certains une manne financière.
     
    CM : Comment pouvez-vous aider ces enfants à votre niveau ? Comment les enseignants peuvent-ils agir au leur ?
    AAM : L'autre jour, j'ai été confronté à un inspecteur de l'Education nationale qui voulait absolument me faire dire d'un enfant qu'il était débile sous prétexte qu'il n'avait pas envie d'apprendre. J'ai fini par craquer en lui disant que, simplement, il n'avait pas le désir d'apprendre parce qu'il n'avait pas rencontré quelque chose qui le motive. L'inspecteur me dit ironique : « j'aimerais bien savoir comment on peut créer un désir d'apprendre ». Je lui ai répondu qu'il il faudrait peut-être que cela rencontre un désir d'enseigner. Si l'enseignant est bien à la place où il a envie d'être, tout se passe bien. S'il ne fait que remplir le vide du temps en attendant les vacances, ça ne marchera pas.

    Je fais partie de l'ancienne école normale, celle de Jules Ferry, celle où l'on entrait en fin de troisième parce qu'on était enfant d'ouvrier. Et moi, on m'a appris la pédagogie pendant un an. Si je voulais enseigner l'addition, on m'apprenait comment j'allais m'y prendre. Les IUFM posent problème. On fait de la théorie, on fait de la psychologie mais on ne fait pas de pédagogie. Tous les jeunes qui sortent des IUFM le disent : quand ils sont confrontés au terrain, ils se rendent compte que leur formation ne leur a servi à rien. Et puis il y a aussi un problème de formation des psychologues scolaires : on le devient aujourd'hui avec 3 ans d'enseignement et un an seulement de psychologie derrière soi ! Alors que la formation de psychologue, ce sont 5 ans d'études poussées en psychologie. L'Education nationale est hors la loi française et européenne. Une formation sérieuse demande beaucoup de réflexion sur, notamment, ce qu'est le rôle d'un psy dans une institution On fabrique ce que j'appelle des Jivaro, des réducteurs de têtes. On est revenu au début des années 50 où le psy était celui qui mesurait le QI et puis point. Et hélas les psys qui ont un petit pouvoir ne lâchent pas leur valise à tests comme ça ! Il faudrait revoir complètement la fonction... Et puis, nous ne sommes pas assez nombreux. D'année en année, avec les départs à la retraite non remplacés, il y en a de moins en moins.
     

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  • Soutien scolaire: 5 choses à ne pas faire pour aider son enfant à l’école

    L’échec scolaire est devenu l’une des plus grandes terreurs des parents ! Aussi la tentation est-elle forte de voler au secours de ses bambins à la moindre difficulté. Mais attention, certaines bouées de secours risquent plutôt de les faire couler !

    Aide aux devoirs: ne jouez pas au prof !

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    En classe, votre enfant apprend selon certaines méthodes pédagogiques et on lui demande, à la maison, de travailler dans cette logique établie par le professeur. Les outils dont il dispose ne sont peut-être pas les meilleurs à votre sens, vous avez sans doute plus simple ou plus juste pour lui faire intégrer les tables de multiplication ou l’imparfait du subjonctif… Seulement voilà, ce n’est pas ce qu’on lui demande et vous risquez de le perturber dans ses apprentissage en voulant vous en mêler.

    Et, même si les méthodes employées sont contestables, elles ont le mérite d’exister et d’habituer votre enfant à fonctionner en suivant certaines règles… L’essentiel est sauvé ! Et si vraiment aberration il y a, parlez-en dare-dare au professeur sans le dénigrer devant votre bambin. Les litiges de ce type, ça se règle entre adultes… Face à l’enfant, un peu comme papa et maman, on est co-hé-rents !

    Ne faites pas l’enfant !

    Il ne sait pas par quel bout prendre son exposé ? Il n’arrive pas à faire sa fiche de lecture ? Il n’a pas le temps de faire son devoir de maths parce qu’il a foot, piscine, judo et Nintendo ? Autant de mauvaises raisons pour faire les choses à sa place.

    Dans l’apprentissage, ce n’est pas tant le résultat qui compte que le cheminement pour y arriver.
    Et si vous faites ce chemin à la place de votre enfant, il n’en tirera rien… Si ce n’est, certes, une bonne note mais un net recul dans son autonomie, sa capacité à affronter les problèmes, bref, sa responsabilisation !

    Soutien scolaire: préférez la carotte (petite!) au bâton

    Chacun le sait : un enfant a besoin d’être encouragé dans ses apprentissages, valorisé dans ses efforts. La confiance en lui qu’il acquerra en grandissant, au fil des années, repose en grande partie sur le regard bienveillant que vous saurez poser sur lui. Alors, pas d’affolement à la moindre mauvaise note et surtout pas de conclusions hâtives clairement énoncées du type « Tu n’y arriveras jamais, ma pauvre fille ». C’est, cela va sans dire, ultra décourageant !

    En revanche, l’exact inverse peut s’avérer nocif aussi. Donner de l’argent de poche supplémentaire ou acheter un cadeau à la moindre bonne note risque de faire prendre la grosse tête à Jules… Qui aura vite fait de se reposer sur ses lauriers. Les efforts et l’apprentissage, c’est toute la vie ! alors, on félicite, mais pas à outrance. Après tout, c’est normal, pas extraordinaire, d’avoir un bulletin correct !

    Evitez les projections !

    Votre enfant est un être unique, à part entière ! En un mot, il n’est pas vous. Vouloir qu’il soit bon en maths parce que vous ne l’étiez pas ou regretter qu’il ne soit pas bon en orthographe parce que vous l’étiez ne le fera pas avancer !

    Bien au contraire, il risque de ressentir votre déception et de faire des blocages. Ses penchants sont les siens, pas les vôtres, et il est inutile, voire nocif, de vous appesantir avec des constats du type « C’est quand même dingue que tu ne comprennes pas ça, pour moi c’était tout naturel » ou « De toute façon, les maths, dans la famille, ça n’a jamais été notre truc ».

    Ne jouez pas les Zorro !

    Il a pris une heure de colle qui vous paraît totalement injustifiée - du moins d’après ce qu’il vous en dit -, il s’est pris une remarque désagréable à la place d’un camarade ? C’est peut-être injuste mais vous n’étiez pas là pour le voir et le professeur ou le surveillant ont pris la décision qui leur paraissait opportune.

    Alors, à moins d’abus répétés et clairement identifiables à l’égard de votre enfant, laissez le corps enseignant gérer la vie de l’école… Ce n’est pas votre boulot ! Et l’école, c’est aussi l’école de la vie, avec ses injustices, ses manquements et son droit à l’erreur! Je sais, plus facile à dire qu'à faire...

    Article de Anne-Claire Thérizols


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  • Les enfants intellectuellement précoces

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    Le terme d’enfant précoce est souvent assorti d’aprioris et de préjugés. Ils sont associés aux « intellos » de la classe qui ont un avenir brillant parce qu’ils sont au-dessus des autres. Or, en réalité, beaucoup d’entre eux sont en échec scolaire, et ne suivent pas un parcours scolaire adéquat.

    Avoir un QI plus élevé que la moyenne peut être un don comme une malédiction, surtout pendant l’enfance.

     

     

     

     

    Un enfant intellectuellement précoce ou surdoué est un enfant dont l’âge mental est de 2 à 7 ans en avance sur son âge réel. En terme de chiffres, est considéré comme précoce un enfant dont le Q.I mesuré par le test de WECHSLER est supérieur à 130.
    Cela représente 2,3 % de chaque classe d’âge, soit 400 000 enfants entre 6 et 16 ans répartis actuellement dans le système scolaire français. De plus, il y a des E.I.P dans tous les milieux socioculturels.

    - 1/3 de ces enfants à la fin de la 3ème sont de bons voire de brillants élèves ;

    - 1/3 est moyen ou médiocre (la moitié pouvant redoubler une à deux fois) ;

    - 1/3 est en échec scolaire total.

    - Au total c’est la moitié de ces enfants qui ne feront pas d’études du tout ou des études sans rapport avec leurs capacités intellectuelles. La période critique est le collège.

     

    Un enfant intellectuellement précoce est avant tout un enfant qui a un fonctionnement intellectuel différent dont les tests de QI mettent en évidence un potentiel hors normes.
    Cet enfant présente un rythme de développement intellectuel supérieur à la norme définie pour les enfants du même âge.

    Mais ses développements affectif, relationnel et psychomoteur sont habituellement plus en rapport avec son âge biologique. Cet écart de rythme de croissance, ou « dyssynchronie », entre les composantes de sa personnalité différencie fortement l’enfant intellectuellement précoce des autres enfants et nécessite des réponses éducatives adaptées.

     

    L'enfant intellectuellement précoce identifié et reconnu par tous parce qu'en réussite est apparemment sûr de lui, avec un aplomb déconcertant, une logique implacable. Il dispose de capacités de compréhension et d'apprentissage plus rapides que celle des enfants de son âge et par conséquent peut se retrouver en avance sur le plan scolaire. Curieux insatiable, il peut se réfugier dans les livres et s'éloigner ainsi d'un monde qui ne lui ressemble pas…
    Même identifié, il peut désirer se fondre dans la masse ; timide, solitaire, incompris, il dissimule sa souffrance intérieure et ses immenses capacités. Tout en restant « très bon élève » pendant un certain temps.

     

    L'enfant intellectuellement précoce non identifié peut être en échec scolaire, se montrer provocateur ou perturbateur, distrait, brouillon, ne faisant que ce qui l'intéresse.
    Néanmoins hypersensible, il est de nature anxieuse et commence à présenter des difficultés de comportement et de scolarité. Il peut être curieux, montrer certaines facilités, ce qui déroute les parents et les enseignants qui ne comprennent pas ces paradoxes.

     

    Qu'est-ce que la précocité intellectuelle ?

    Pour reconnaître un enfant intellectuellement précoce, ou enfant à haut potentiel, il faut savoir dépasser les paradoxes de tableaux parfois très différents selon la situation.

     

    De nombreux paradoxes caractérisent en effet les plans affectif et cognitif de ces enfants particuliers, paradoxes qu'il est donc important de connaître pour les identifier et pour pouvoir les accompagner vers leur réussite scolaire et leur épanouissement personnel.

     

    Le terme de « précocité » désigne une avance par rapport à son âge chronologique en termes de compréhension et d’acquisitions.

     

    Il faut garder à l’esprit que les capacités de l’enfant intellectuellement précoce : ne sont qu'un potentiel qu’il faut s'appliquer à épanouir; ne garantissent pas une réussite visible ; peuvent être associées à des difficultés d’apprentissage.

     

    Si, dans l’inconscient collectif, « précocité » rime trop souvent avec « facilité », telle n’est pas la réalité de ces enfants et de leur entourage.

     

    La précocité intellectuelle peut mettre l'enfant en situation de difficulté et de souffrance aussi longtemps que l’environnement qui lui est proposé n’est pas en adéquation avec ses besoins particuliers.

     

     

    Caractéristiques

    • curiosité et soif d'apprendre, posent beaucoup de questions, sont capables d'acquérir des connaissances par leurs propres moyens

    • conscience méta-cognitive (savent identifier et réutiliser les stratégies qu'ils emploient pour résoudre des problèmes)

    • intérêt atteignant parfois momentanément un niveau obsessionnel pour certains sujets

    • apprentissage précoce de la lecture, parfois sans aide extérieure

    • hypersensibilité (souvent invisible de l'extérieur (cf dyssynchronie interne))

    • altruisme, besoin intime d'aider les autres (qui les pousse parfois vers les professions du domaine de la santé)

    • tempérament solitaire

    • sens de la justice

    • grande capacité d'attention

    • maturité intellectuelle supérieure à celle des enfants de leur âge (dyssynchronie externe)

    • affectivité et/ou développement psycho-moteur parfois en décalage avec la maturité intellectuelle (difficultés en écriture, difficulté de diction) : dyssynchronie interne

    • sens de l'humour (notamment l'ironie)

    • sensibilité à l'harmonie (musique, esthétique)

    • mémoire importante

    • capacité à suivre une conversation ou un exposé en faisant autre chose

    • très grande facilité à justifier ses comportements a posteriori

    • difficulté à prendre des décisions si confronté à un problème ne pouvant être résolu uniquement par la logique (ex: problème sentimental, émotionnel)

     

    Un mal-être déstabilisant

    Même si la majorité des enfants est heureuse et s’adapte sans problème, certains enfants précoces souffrent d’un mal-être qu’ils ne savent pas expliquer. Ils se sentent différents et inadaptés. Mais la précocité n’est pas une maladie, seulement une différence. Pour certains les problèmes commencent dès l’enfance, pour d’autres, ce sera au moment de l’adolescence.
    Un enfant surdoué a une capacité de raisonner, de comprendre, de mémoriser comme un enfant plus âgé.
    Mais il reste néanmoins un enfant, qui a les besoins de son âge. Il y a souvent un décalage entre la maturité intellectuelle et affective, certains enfants surdoués font même un peu bébé. Il se sent souvent mal dans se peau. Ils s’ennuient à l’école. Et ils cherchent à être comme tout le monde, donc ils vont mettre leur intelligence entre parenthèses.

    Du côté des parents

    L’enfant doit savoir qu’il est surdoué et donc différent.
    Il en va de son épanouissement. Il faut se renseigner sur la précocité, pour mettre toutes les chances de son côté pour l’aider. Il peut être nécessaire d’en parler aussi à son école pour qu’elle puisse s’adapter et peut être changé sa façon de travailler. En proposant un passage anticipé ou simplement du travail plus intéressant, plus difficile ou différent. Surtout que les surdoués s’ennuient souvent à l’école, ils ne sont pas attentifs et ont parfois des troubles de l’apprentissage. Autre conseil, en parler le plus possible que soit en famille, à l’école, ou à un psychologue spécialisé.
    Ce qui lui sera aussi utile pour se faire des amis. Et difficile à dire surtout au moment et de l’adolescence, mais il faut que l’enfant ait confiance en lui.

    La précocité expliquée aux enfants

    « Toi qu'on dit surdoué, la précocité intellectuelle expliquée aux enfants » est un livre sur les enfants précoces qui s’adresse à eux-mêmes. Ecrit par Claire Grand, mère de quatre enfants et psychologue de l'Education nationale, ce petit manuel de compréhension tutoie son lecteur et apporte toutes sortes d’explications sur la vie quand est un enfant intellectuellement précoce. Et ça commence ainsi : « Tu as rencontré un psychologue. Il t’a fait passer un test et t’a appris que tu es un enfant «intellectuellement précoce ». Tu sais peut-être qu’on dit aussi « surdoué ». C’est ce terme que j’utiliserai dans mon livre. Tu as déjà entendu ces mots parce que le sujet est à la mode. On en parle beaucoup, à la télé, en famille et à l’école. Mais, comme beaucoup de gens, tu ne sais pas vraiment ce que c’est d’être surdoué. »

     

    C.Grand, Toi qu'on dit surdoué, la précocité intellectuelle expliquée aux enfants, Edition l'Harmattan, 2011.

     

    Article de Marie Deghetto


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  • Homeschooling : Faire l'école à la maison, comment ça marche?

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    Selon le département des évaluations et de la prospective de l'Éducation nationale, le nombre d'enfants qui ne sont pas inscrits dans un établissement scolaire public ou privé serait d'environ 50 000 dont : 3 000 scolarisés à domicile et 47 000 suivants des cours par correspondance. Il s‘agit de familles n’ayant jamais scolarisé leurs enfants ou les ayant retirés de l’école. Ils suivent des cours par correspondance (par le CNED ou des cours privés), ou bien des pédagogies particulières (Montessori, Freinet, Steiner...). D’autres « homeschoolers » se servent de divers supports piochés ça et là, manuels scolaires, cahiers de devoirs, logiciels d’apprentissages... On laisse au vécu quotidien le soin de faire acquérir à l’enfant par lui-même diverses connaissances.
    Un choix évident pour ces parents qui ne veulent pas soustraire leurs enfants aux dures règles de l’Education nationale et des instits « formés à la chaîne ». Ceux qui ont les compétences requises font cours à leurs enfants. Pour les autres, c’est le CNED, pour les cours par correspondance, ou le recours aux méthodes Montessori, Freinet, ou encore Steiner. Travailler à son rythme, apprendre ce qu’on a envie d’apprendre, travailler en fonction des intérêts des enfants, leur apprendre l’autonomie. Les enfants pratiquent souvent plusieurs activités sportives, de manière à ne pas se désocialiser. Au regard de la loi, n’oublions pas que ce n’est pas l’école qui est obligatoire, mais l’instruction.

    Que dit la loi, justement ?

    La loi Jules Ferry (aujourd'hui, article L131-2 du Code de l'éducation), garantit la liberté d'instruction en donnant le choix aux parents du mode d'instruction de leurs enfants. Deux situations légales sont distinguées : la scolarisation à distance (via le Cned en section d'accès réglementé, ou des cours par correspondances privés reconnus par l'État) et l'« instruction en famille » (IEF) qui regroupe les autres cas.

    Faire l'école à la maison: il faut se déclarer

    Les familles en situation d'instruction en famille, dont les enfants en âge d'instruction obligatoire ne sont pas inscrits dans un établissement d'enseignement à distance, doivent effectuer une déclaration annuelle d'instruction en famille auprès de leur mairie et de leur inspection académique dans les 8 jours suivant la rentrée scolaire, mais aussi dans les 8 jours après un changement de résidence. Un manquement à cette obligation peut entraîner une amende de 5e classe (1 500 €). Dans le cas où les enfants sont inscrits auprès d'un centre de cours par correspondance reconnu (scolarisation à distance), c'est l'organisme qui est tenu d'effectuer les démarches auprès de la mairie et de l'inspection d'académie.

    Un contrôle annuel

    Les familles dont les enfants sont soumis à l'obligation d'instruction, et instruits en famille ou bien inscrits à un établissement d'enseignement par correspondance, font l'objet d'une enquête diligentée par les services sociaux de la mairie dont l'objectif est de s'enquérir des motifs de leur mode d'instruction, et de vérifier qu'il est donné aux enfants un enseignement compatible avec leur état de santé et les conditions de vie de la famille. Les résultats de l'enquête sont transmis à l'inspection académique, et lorsqu'elle n'a pas été effectuée par la mairie, l'enquête peut alors être diligentée par le préfet.

     

    Ces familles font l'objet d'un contrôle pédagogique annuel, destiné à « faire vérifier que l'enseignement assuré est conforme au droit de l'enfant à l'instruction. », c'est-à-dire de nature à garantir « l'acquisition des instruments fondamentaux du savoir, des connaissances de base, des éléments de la culture générale et, selon les choix, de la formation professionnelle et technique et, d'autre part, l'éducation lui permettant [à l'enfant] de développer sa personnalité, d'élever son niveau de formation initiale et continue, de s'insérer dans la vie sociale et professionnelle et d'exercer sa citoyenneté. » Ce contrôle, plus intense que celui auquel sont soumis les enseignants (une inspection tous les 3 ou 4 ans) est parfois ressenti comme une inquisition par les familles.

     

    À l'issue de la fin de la période d'instruction obligatoire (16 ans), l'instruction donnée à ces enfants doit ainsi les avoir amenés à maîtriser l'ensemble des compétences inscrites dans le socle commun des connaissances. Cependant, et en vertu de la liberté pédagogique, le niveau des enfants n'a pas à être contrôlé.

     

    L’école à la maison – témoignages

    Si certains ont décidé de suivre le programme scolaire classique, pour d’autres les apprentissages se font à partir des situations de la vie réelle. Beaucoup adoptent une formule mixte, un peu de travail (français, maths, anglais), souvent le matin et sport l’après-midi. L’enseignement est délivré en fonction des volontés de l’enfant.

    La question de la socialisation

    La principale critique faite aux familles déscolarisantes concerne la question de la socialisation en France. Aux Etats-Unis, plus de 2 millions d’enfants ne sont pas scolarisés. Les grandes universités ont même un cursus spécial pour les homeschoolers. La plupart des américains a une famille unschooling comme voisin. Du côté des parents, c’est un choix difficile et contraignant. Cela implique d’être complètement disponible, de disposer d’un certain nombre de ressources (livres, jeux éducatifs, ordinateur,…), d’organiser des sorties fréquentes dans des lieux culturels, ainsi que des connaissances en matière de pédagogie et d’éducation.

    Une alternative à l’échec scolaire ?

    Enseigner à ses enfants à domicile permet avant tout aux parents de passer tout leur temps avec leurs enfants. Ils ont un contrôle total sur ce qu’ils apprennent et les protègent de toutes situations sociales négatives et autres mauvaises influences extérieures. C’est un apprentissage adapté au rythme et aux difficultés de l’enfant. Dans Insoumission à l'école obligatoire, l’auteur Catherine Baker fait la critique du système éducatif obligatoire et justifie les parents qui ont choisi le unschooling (la non-scolarisation, la non-éducation à domicile: « [...] dès que le déclin de l'Église s'est manifesté, il a fallu que l'État trouve de toute urgence le moyen de se faire admettre dans les esprits et ce de façon aussi totalitaire que l'Église y était parvenue ».

    L’organisation du quotidien

    Les parents qui ont fait ce choix de vie se confrontent à un quotidien bien différent des autres, mais chacun sa méthode. « Nous n'avons pas d'organisation particulière, j'ai fait le choix d'arrêter de travailler à l'extérieur et de créer mon emploi depuis chez moi. Les journées se répartissent entre les jeux, les activités à la maison ou à l'extérieur, mon travail, les films et documentaires et les réponses aux questions des enfants sous forme de recherches ensemble » explique une maman de deux enfants de 7 et 11 ans.

    Quelle méthode de travail ?

    Sophie, maman d’une fille de 10 ans préconise « une méthode naturelle. Nous nous orientons vers ce qui attire notre intérêt ou les choses qui se présentent. La lecture vient naturellement par le besoin de trouver les informations dans les livres et les ordinateurs, les maths dans les nécessités de calculer le prix des choses, suivre une recette, calculer des distances pour une construction etc. »

    L’importance des activités à l’extérieur

    « De la danse, une chorale, des arts plastiques, des jeux de rôles, des visites et ateliers dans tous les musées de paris, des sorties natures dans les bois avec des entomologistes, archéologues, des promenades avec des historiens, des cours de cuisine. Du japonais, de l'anglais, des sorties à la Villette, au palais de la découverte, au Louvre, a l'orangerie, à Samara... » Sophie.

    Pourquoi ce choix ?

    Maryline, deux enfants. « Pour pleins de raisons ! Pour respecter leurs rythmes biologiques (ne pas les réveiller entre autre), pour permettre un apprentissage complètement individualisé, pour pouvoir leur offrir un apprentissage très ouvert sur l'extérieur et le concret (d'où les sorties), pour pouvoir les laisser apprendre par plaisir et curiosité. Pour éviter le système de notation que nous désapprouvons, nous voulons que nos enfants progressent dans leurs apprentissages parce qu'ils sont curieux et passionnés et non pas pour avoir de bonnes notes, pour éviter également les violences scolaires (que ce soit les punitions, les humiliations, les violences entre élèves ou le simple fait d'être obligé dès 5-6 ans de rester assis sans bouger pendant des heures), pour pouvoir vivre ensemble également, pour pouvoir voyager le plus souvent possible, pour pouvoir les laisser libre le plus souvent possible, libre de choisir leur activité, laisser libre cours à leurs idées. »

    Pourquoi, pas l’Education nationale ?

    Ecole : les enfants handicapés © philidor / Fotolia

    Maryline : « Une fois franchit l'âge de 6 ans, les enfants sont rivés sur une chaise 6h par jour et doivent écouter sans broncher des cours qui pour la plupart et le plus souvent ne les intéresse pas. On ne leur demande pas leur avis. Et ensuite ils sont notés dessus, compris ou pas compris, on passe à la suite. Il est impossible d'individualiser l'enseignement quand un seul prof gère 30 élèves ! Du coup ça tue la curiosité des enfants… Ça tue leur plaisir d'apprendre... »

     

    « Je dirai non respect des rythmes individuels, non prise en compte des particularités, mode de pensée rigide au service de l'Etat, ceci dit j'ai bien conscience que des perles rares existent, j'en ai eu moi même, deux professeurs sur tout mon cursus (bac+5) qui m'ont réellement donné envie d'apprendre avec un immense plaisir »

     

    Le contrôle de l’Etat

    Maryline : « L'incompréhension est immense entre les familles non-scolarisées et les inspecteurs. Mais comme l'administration se sent si puissante, on a le sentiment d'être le pot de terre contre le pot de fer. On vit avec la menace du signalement au procureur, ce qui nous donne le sentiment d'une chasse aux sorcières... Heureusement certains inspecteurs sont ouverts et acceptent de dialoguer et de s'adapter, mais en proportion ils représentent un faible pourcentage. »

     

    Sophie : « Le contrôle crée un énorme stress et est humiliant. Toujours le même système ou des gens se sentent supérieurs à d'autres et veulent leur inculquer un savoir. Chose stupide car le savoir ne s'acquiert pas mais c'est chacun qui crée son savoir, sa construction neuronale. Donc a partir du moment où on part d'un rapport de dominant à dominé, il n'y a plus d'échange possible. »

     

    90% des familles ne seraient pas satisfaites de la manière dont les contrôles se déroulent.

     

    A l’approche des élections présidentielles des voix s’élèvent contre l’instruction à domicile. Pour en finir avec le décrochage scolaire, des députés socialistes ont déposé cette année plusieurs propositions de loi dans le but de rendre l’école obligatoire, et non plus uniquement l’instruction.

     

    Associations

    Pour plus d’informations, trois grandes associations regroupent les familles non scolarisantes :

    -LEDA (Les enfants d’abord) : www.lesenfantsdabord.org

    -Le CISE (Choisir d’instruire son enfant) : www.cise.fr

    -LAIA (Libres d’apprendre et d’instruire autrement) : http://laia.asso.free.fr/

     

    A lire sur le sujet :

    Les apprentissages autonomes – Comment les enfants s’instruisent sans enseignement, John Holt, aux éditions L’instant présent :

    John Holt a été, dans les années 1970 et 1980, le précurseur de l’école à la maison aux Etats-Unis, qui concerne désormais 5 % des enfants américains. Mais John Holt est surtout précurseur de la légitimité et l’efficacité des apprentissages autonomes, ceux qui sont à l’initiative des enfants, en interaction avec leur entourage.

    L’enseignement individuel - Une alternative à l’échec scolaire, de Philippe Marhic, aux éditions L’Harmattan :

    Ce professeur dans le secondaire propose des analyses, des conseils et pistes de travail pour prodiguer des cours particuliers, à travers des méthodes de travail, des fiches techniques et des exercices.

     

    Article de Marie Deghetto

     


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