• Syndrome d'hyperactivité : les enfants traités ont moins d'addictions à l'adolescence

    Aude Lecrubier

     Auteurs et déclarations16 juillet 2013

     

    Syndrome d'hyperactivité : les enfants traités ont moins d'addictions à l'adolescence

    Les psychostimulants prescrits dans le TDAH ne rendent pas les ados accros. Au contraire, ils diminuent significativement le risque d'addiction à l'alcool et aux drogues. 16 juillet 2013

    Amsterdam, Pays-Bas — Il est désormais bien connu que les enfants atteints du trouble de déficit de l'attention/hyperactivité (TDAH) sont plus susceptibles de devenir dépendants à l'alcool, aux drogues et à la nicotine que les autres. Mais le type de traitement reçu par les enfants fait-il une différence ? Les médicaments psychostimulants utilisés pour le traitement du TDAH préparent-ils les enfants à un futur abus de drogues en raison de leur action sur le système dopaminergique ?

     

    Pour la première fois, une étude longitudinale prospective européenne publiée dans le British Journal of Psychiatry s'est penchée sur la question [1].

     

    Comme l'ont montré d'autres travaux auparavant [2], il en ressort que les enfants qui reçoivent des traitements psychostimulants comme la Ritaline® ou le Concerta® ont deux fois moins de risque de développer une addiction à l'alcool et aux drogues à l'adolescence que les enfants atteints de TDAH qui n'en reçoivent pas. En revanche, aucune différence notable sur la dépendance à la nicotine n'est observée entre ces deux catégories de patients.

     

    Ces résultats vont à l'encontre de l'hypothèse d'une sensibilisation aux drogues des enfants traités par psychostimulants.

     

    Psychostimulants : un effet protecteur contre le développement d'une addiction

     



    L'étude a enrôlé 505 enfants atteints de TDAH provenant de Belgique, des Pays-Bas et d'Allemagne et participants à l'étude IMAGE (International Multicenter ADHD Genetics study). Certains recevaient des psychostimulants, d'autres non. En parallèle, les chercheurs ont recruté 223 enfants ne souffrant pas du TDAH (groupe contrôle). L'ensemble des participants a été suivi plus de 4 ans, jusqu'à l'âge de 16 ans en moyenne et leur consommation d'alcool, de drogues et de nicotine a été estimée par divers questionnaires (DISC-IV-P, AUDIT, DSAT, FTND).

     

    L'étude montre que les enfants atteints de TDAH qui ne reçoivent pas de traitement psychostimulant ont un risque significativement plus élevé de développer une addiction à l'alcool et aux drogues que ceux qui ne souffrent pas de TDAH (RR=2,6, IC 95% : 1,35-4,99).

     

    En revanche, aucune différence n'a été observée entre les enfants recevant un psychostimulant et les enfants indemnes de TDAH (groupe contrôle), suggérant une « normalisation », expliquent les auteurs, le Dr Annabeth P. Groenman et coll. (Service de neuropsychologie clinique, Université d'Amsterdam, Pays-Bas).

     

    Après ajustement pour les troubles d'opposition, les troubles de la conduite et la sévérité du syndrome, les patients non-traités par psychostimulants ont un risque relatif de développer une addiction aux drogues et à l'alcool de 1,91 [IC 95% : 1,1-3,36] par rapport aux patients traités par psychostimulants.

     

    Les psychostimulants ont donc « un effet protecteur contre le développement de la dépendance à l'alcool et aux drogues », commentent les auteurs.

     

    En parallèle, les chercheurs notent que les enfants qui débutent tôt le traitement psychostimulant sont mieux protégés contre le risque de développer une addiction aux drogues et à l'alcool. Cependant, ils remarquent que l'avantage conféré par un traitement précoce diminue avec l'âge et semble s'inverser vers 18 ans.

     

    Une baisse de la dépendance à la nicotine quel que soit le type de traitement

     



    Concernant la dépendance à la nicotine, les enfants souffrant de TDAH ont un risque beaucoup plus élevé de devenir fumeurs que les enfants du groupe sans TDAH et ce, quel que soit le traitement reçu (RR entre 3 et 4 avant ajustement).

     

    En revanche, le risque relatif est de 1,12 [IC 95% : 0,45-2,96] entre les enfants souffrant de TDAH et recevant un psychostimulant et ceux n'en recevant pas.

     

    Cependant, les auteurs appellent à la prudence quant à l'interprétation de ces résultats sur la dépendance à la nicotine en raison du faible nombre de participants consommant de la nicotine dans leur étude (7%).

     

    Ils soulignent que « de nouvelles études prospectives sur l'évolution de la consommation de nicotine entre la première cigarette et l'installation d'une dépendance sont nécessaires chez des patients souffrant de TDAH traités ou non traités pour mieux comprendre le développement de l'addiction. »

     

    Comment expliquer cet effet protecteur ?

     



    Pour expliquer l'effet protecteur des psychostimulants les auteurs émettent l'hypothèse que ce sont les symptômes de la maladie, comme l'impulsivité, par exemple, et des problèmes associés (faible estime de soi, échec scolaire…) qui mènent à l'abus d'alcool et de drogues.

    L'étude a été financée par les laboratoires Shire Pharmaceuticals qui commercialisent des traitements psychostimulants et non psychostimulants du TDAH. Certains auteurs ont des liens d'intérêt avec l'industrie pharmaceutique (voir article original).


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