• Pourquoi dit-on que la France a 40 ans de retard en matière d’autisme ?

    « 40 ans de retard ». On entend souvent cette expression… Mais que veut-elle dire ? Les parents le savent bien eux.

    L’autisme en France en 2013 : un trouble psychologique ?

    D’abord, cela veut dire qu’au niveau explication de l’autisme, on en est resté aux années 2010-40 = 1970 : à cette époque l’autisme est considéré par les psychiatres comme une psychose provoquée par une mauvaise relation maternelle. Aujourd’hui, c’est ce que pensent encore au moins 3/4 des psychiatres. Bon je ne vais pas m’étendre là-dessus… Si vous voulez en savoir plus, essayez de vous procurer le film de Sophie Robert, qui est censuré actuellement. (Parce que la vérité dérange)

     

    Le retard des mentalités : ségrégation des enfants handicapés

    Ensuite : et bien, les enfants autistes ne sont pas inclus dans la société, et ceci concerne également les personnes handicapées. Dans les pays développés, il n’y a presque plus de ségrégation depuis quelques années : les enfants ont l’habitude de côtoyer des enfants handicapés à l’école, en centre de loisir.. Quand ils grandissent ils trouvent cela naturel de voir des personnes handicapées dans leur quotidien.  Chez nous, on les cache : institutions à la campagne, dès le plus jeune âge. Deux systèmes d’éducation séparés : l’Éducation Nationale et le médico-social.

    Le fait de cacher les enfants handicapés fait que la mentalité de notre société est en retard par rapport aux autres pays. Les enfants aujourd’hui en 2010 à l’école maternelle ne côtoient pas d’enfants handicapés, ou si peu, c’est juste dérisoire. Julien est le seul enfant handicapé du centre de loisir… Plus tard ces enfants seront des adultes qui peut-être auront ce genre de réaction en voyant un enfant autiste faire des bruits atypiques dans un bus…

    Horreur, cet enfant n’a pas un comportement conforme à la norme !

     

    Mon fils aurait pu apprendre avec les autres enfants, apprendre des autres enfants. Finalement, des enfants bien cadrés par un adulte valent mieux qu’un professionnel formé. Mais l’État ne lui a pas laissé cette chance…

     

    Pas de professionnels opérationnels 

    Et j’en viens à ma troisième raison… Mon fils a 8 ans, il est autiste sévère, et je le sais depuis qu’il a deux ans. Je savais qu’il lui fallait un accompagnement éducatif intensif, précoce, avec des professionnels formés et expérimentés. Mais jamais je n’ai pu lui permettre cela. J’ai fait tout mon possible, mais c’était juste… Impossible pour moi.

    Pourquoi ? Parce que sur le terrain les professionnels de santé, de l’éducation, n’ont pratiquement jamais eu d’expériences en pratiques éducatives et comportementales. Au mieux ils ont fait 2-3 formations théoriques, comme moi.

    J’ai eu beaucoup de déboires avec des professionnels qui ont abusé de ma naïveté et pour qui la motivation n’était pas son évolution, mais l’argent.

    Il y a pourtant beaucoup de jeunes professionnels qui sont sincèrement motivés, qui veulent apprendre. Mais, malgré toute leur bonne volonté, il leur manque la pratique, entraînement…

    Au final, Julien n’a jamais bénéficié d’interventions précoces intensives qui l’auraient véritablement fait progresser, alors même que j’ai commencé à chercher des solutions quand il avait à peine 2 ans.

    L’Etat n’a laissé aucune chance à mon fils : pas de possibilité d’apprendre des autres, le désert professionnel. J’ai quand même eu beaucoup de chance puisque j’ai trouvé il y a trois ans la perle rare, une professionnelle qui croit en mon fils, en ses capacités et qui sait véritablement le faire progresser, qui a de l’expérience… C’est juste dommage que je ne l’ai pas connue plus tôt.

     

    L’État a sa responsabilité

    Si, au lieu d’être axées sur des approches psychanalytiques, les formations universitaires étaient axées sur des techniques éducatives et comportementales, et ceci depuis au moins 10 ans, il y aurait aujourd’hui sur le terrain des professionnels opérationnels.

    Bien sur, les trois facteurs que je cite sont intimement reliés… Le fait que l’autisme soit du ressort de la psychiatrie ne favorise  pas la scolarisation. Le fait que le pays entier baigne dans la psychanalyse et que cette idéologie soit très bien implantée dans les diverses institutions administratives n’aide pas à faire évoluer la qualité des formations dispensées par le service public.

    Le fait que la France, pays élitiste et nombriliste, ait la réputation parmi les étrangers de pays conformiste, (alors même que les français aiment se croire avant-gardistes) n’aide pas à l’acceptation de la différence.

     

    Changer de cap, c’est possible ?

    Cela va-t-il  changer  un jour ? Est-ce qu’un jour en France les enfants handicapés pourront apprendre des autres enfants et vice-versa ? Combien de temps cette ségrégation durera-t-elle, s’arrêtera-t-elle un jour ?

    Est-ce qu’un jour en France, les formations théoriques et pratiques des professionnels seront du ressort des universités et non des associations de parents ? Est-ce qu’un jour en France il existera des professionnels compétents, opérationnels  et suffisamment nombreux ?

    Est-ce que dans 10 ans, la France aura juste 10 ans de retard en plus ? Combien d’enfants autistes seront sacrifiés encore, alors que l’on sait ce qu’il faut faire ?


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