• Stéphanie Lavaud

    New York, Etats-Unis – Une équipe américaine vient probablement de marquer des points dans le décryptage des causes des troubles autistiques. David Sulzer et ses collègues (Centre Médical de l’Université de Columbia) ont en effet montré que le cerveau des enfants et adolescents souffrant d’autisme comporte beaucoup plus de synapses que celui des non autistes en raison d’un défaut d’élagage synaptique qui intervient, en temps normal, au cours du développement [1].

    Ce défaut apparait lié à la surproduction d’une protéine-clé appelée mTOR. Chez la souris, les chercheurs ont pu démontrer que l’immunodépresseur sirolimus, un inhibiteur de mTOR, restaure une élimination synaptique normale et améliore les symptômes autistiques. Doté de nombreux effets secondaires, la molécule ne pourra pas être utilisée en l’état chez l’homme, mais fournit une intéressante piste de recherche. Ces travaux ont été publiés dans la revue Neuron [1].

    Analyse post-mortem

    Au cours du développement cérébral normal, se produit une poussée de croissance de synapses pendant l’enfance, en particulier dans le cortex, une région impliquée dans les comportements autistiques, puis un élagage intervient qui élimine près de la moitié de ces synapses corticales jusqu’à la fin de l’adolescence. Comme de nombreux gènes retrouvés dans l’autisme sont en rapport avec le fonctionnement synaptique, l’hypothèse a été faite d’un excès synaptique dans la pathologie autistique. Pour tester cette théorie, Guomei Tang de l’équipe du Dr Sulzer, a mesuré la densité synaptique de cerveaux d’enfants souffrants d’autisme décédés d’une autre cause. Treize cerveaux émanaient d’enfants âgés de 2 à 13 ans, 13 autres d’adolescents âgés de 13 à 20 ans (avec uniquement des garçons dans cette dernière tranche d’âge pour s’affranchir du facteur hormonal). Vingt-deux cerveaux de jeunes non autistes ont servi de comparateur.

    La chercheuse s’est intéressée à la couche V de neurones pyramidaux du lobe médio-temporal supérieur, une région impliquée dans les désordres autistiques en raison de sa participation dans les réseaux neuronaux impliqués dans les processus sociaux et de communication. Elle a trouvé que, pendant la première et la deuxième décennie, la densité des épines dendritiques avait chuté d’environ 41% dans les cerveaux contrôle contre seulement 16% dans le cerveau des patients autistes, démontrant un net défaut d’élimination des synapses surnuméraires, en particulier pendant l’adolescence. « C’est la première fois que quelqu’un cherche et voit ce défaut d’élagage » a commenté le Dr Sulzer dans un communiqué du CUMC [2]. Dans l’article, les auteurs précisent ne s’être intéressés qu’à une seule région cérébrale, celle qui constitue le nœud central des interconnexions du cerveau social, mais que l’on peut imaginer que d’autres zones soient, elles aussi, concernées par ce déficit.

    Traitement potentiel ?

     
    Alors que l’on pense habituellement que l’apprentissage est lié à l’acquisition de nouvelles synapses, il se pourrait que l’élimination de synapses inappropriées soit tout aussi importante -Dr DavidSulzer
     

    L’étape suivante a consisté à rechercher des causes, ou tout du moins des indices, à cette anomalie. Les chercheurs ont, là encore, trouvé une piste dans les cerveaux des patients décédés. Il s’agit d’un déficit d’une voie de dégradation qui, en temps normal, entraine une mort cellulaire des neurones. Cette « autophagie » cérébrale est à l’origine de l’élagage synaptique. Elle est médiée par une voie de signalisation impliquant la protéine mTOR.

    A l’aide d’un modèle animal de souris mutées développant des symptômes pseudo-autistiques, les chercheurs ont vérifié – avec succès - la validité de leur hypothèse. Ils ont montré que lorsque la protéine mTOR est surexprimée et très active, les neurones perdent leur capacité d’autophagie : et, dans leur expérience, les cerveaux murins étaient effectivement peu « élagués » et les synapses surabondantes. « Alors que l’on pense habituellement que l’apprentissage est lié à l’acquisition de nouvelles synapses, il se pourrait que l’élimination de synapses inappropriées soit tout aussi importante, commente le Dr Sulzer.

    Enfin, dernier aspect, et non des moindres de cette publication décidément très complète, le sirolimus (aussi appelé rapamycine), un immunosuppresseur utilisé dans les transplantations et qui a pour effet d’inhiber la protéine mTOR, a restauré le processus normal de mort cellulaire et l’élagage synaptique. Administré aux souris, il a permis de supprimer les symptômes de type autistique après qu’elles les aient développés. On retrouve la même suractivité de la protéine mTOR dans le cerveau des patients autistes, il serait donc possible que le même phénomène y soit présent, et que le même type de traitement ait un effet bénéfique.

    « L’utilisation du sirolimus chez l’homme est exclue en raison de ses nombreux effets secondaires, en revanche, un médicament agissant en aval sur l’autophagie est à envisager » a expliqué le Dr Sulzer, à l’édition internationale de Medscape Medical News.

    Optimisme prudent

    « Ce qu’il y a de plus remarquable dans ces résultats, c’est que des centaines de gènes ont été découverts en lien avec l’autisme. Dans le même temps, presque tous les sujets humains de l’étude présentent cette suractivité de la protéine mTOR et ce défaut d’autophagie, ainsi qu’un élagage synaptique altéré. Cela implique que tous ces gènes, ou du moins la majorité d’entre eux, convergent vers cette voie de régulation (mTOR/autophagie). En bloquant l’élagage normal des synapses qui sous-tend peut-être un apprentissage comportemental approprié, ces mécanismes cellulaires sont possiblement le point de convergence des différents traits de l’autisme ».

    « En résumé, nous avons trouvé que de nombreux cerveaux de patients souffrant de troubles autistiques présentent à la fois un déficit de la voie de signalisation médiée par la protéine mTOR et un défaut synaptique durant la période de l’enfance et de l’adolescence, suggérant que la voie mTOR puisse être un mécanisme commun, impliqué dans la pathologie synaptique du spectre des troubles autistiques. Nous avons, en outre, montré que les comportements autistiques et les défauts synaptiques sont dus à une altération de la voie mTOR au travers de l’inhibition de l’autophagie requise pour un élagage synaptique normal au cours du développement. Les résultats indiquent un lien direct entre l’autophagie médiée par mTOR et l’élagage des connections synaptiques pendant le développement post-natal et suggèrent que cibler l’autophagie neuronale pourrait entrainer un bénéfice thérapeutique. »

    Le Dr Sulzer reste néanmoins prudent et affirme à Medscape Medical News qu’aussi intéressants que soient les résultats qu’il a obtenu, ils « ne décrivent pas l’ensemble du phénomène. Je ne pense pas que l’élagage synaptique résume à lui seul le problème et qu’il s’applique à tous les patients présentant des troubles autistiques. Il y aura certainement d’autres aspects très importants à considérer, mais c’est néanmoins un point convergent de ce trouble. »

    Contribution intéressante

    Le fait que l’autisme soit le résultat d’erreurs de « câblage » durant le développement du cerveau et fasse intervenir des gènes synaptiques est apparue assez clairement au cours des dernières années. En revanche, la question de savoir si le spectre des troubles autistiques était dû à trop ou pas assez de connections restait posée. Ces travaux et d’autres, notamment dans le domaine de l’imagerie, sont plutôt en faveur d’une profusion.

    Ce travail a reçu un bon accueil de la neurobiologiste Judy Willis, basée à Santa Barbara. Interrogée par Medscape Medical News, elle considère que l’étude, qui implique une surproduction de mTOR, apporte une contribution valable sur les causes qui sous-tendent l’autisme. Interrogée par le New York Times, la neuroscientifique, Kimberly Huber (Université du Texas), s’est montrée, quant à elle, très enthousiaste qualifiant l’étude de très prometteuse [3].

     


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  • Dr Isabelle Catala

    Paris, France -- « Entre les prodromes de la maladie psychotique et la rémission rendue possible par un traitement suivi, il se passe en moyenne 2 à 5 ans. Une intervention précoce dès l’apparition des premiers symptômes psychotiques - voire des premiers prodromes - permet de faire diminuer ce délai et de garder la socialisation la plus adaptée possible » expliquent les Drs Philippe Conus et Charles Bonsack (Lausanne, Suisse) à l’occasion du congrès de L’Encéphale 2015 [1,2].

     
    Les équipes mobiles sont, pour nous, un élément central des stratégies d’intervention précoces.-- Drs Philippe Conus et Charles Bonsack (Lausanne, Suisse)
     

    Ces psychiatres sont venus à Paris présenter les résultats à 3 ans d’une expérimentation de prise en charge précoce des psychoses fondée sur la coexistence de trois unités de soins : une structure classique d’hospitalisation, un service de soins ambulatoires, et une équipe de suivi intensif dans le milieu.

    « Pour obtenir une compliance au suivi, il faut s’en donner les moyens : en effet, près de 50 % de ces patients ne prennent plus leur traitement et ne se rendent plus aux consultations dans l’année qui suit le diagnostic de psychose. Ce sont ces patients qui doivent être repérés et à qui un suivi personnalisé, y compris à domicile, doit être proposé. Les équipes mobiles sont, pour nous, un élément central des stratégies d’intervention précoces ».

    Profil psychologique particulier

    Au total, depuis 2011, 229 patients ont bénéficié de ce programme dont la durée maximale a été fixée à 3 ans. Les patients étaient pris en charge par l’équipe dès leur première admission hospitalière. Pour limiter le risque de refus de traitement et de suivi par les patients et leurs familles, les intervenants sont formés à reconnaître les sujets les plus fragiles.

    « Le profil des psychotiques difficiles à engager dans une relation thérapeutique a été en effet établi : il s’agit généralement d’hommes, jeunes, à faible insight (capacité à trouver une solution à ses problèmes sans passer par des échecs consécutifs), qui abusent de substances, sans emploi, avec un faible niveau de fonctionnement social et, parfois, des antécédents légaux », analyse le Dr Conus.

    En cas de réticences au suivi, le service mobile de suivi interventionnel (SIM) a été proposé en alternative à l’hospitalisation classique ou de jour.

    Les soignants de l’équipe mobile ont en charge en moyenne 10 patients chacun (contre 30 en ambulatoire). Le programme de soins qu’ils proposent est établi sur mesure en fonction de l’agenda du patient. Les horaires de suivi sont flexibles et les soignants sont connectés avec les urgences 24 h sur 24 afin de proposer des soins hospitaliers en cas de besoin.

    Psychose précoce, consommation d’alcool et de cannabis

    Le Dr Bonsack a analysé les caractéristiques de la population des jeunes psychotiques pris en charge et il les a comparé selon le type de suivi proposé : ambulatoire ou à domicile.

    Globalement, les personnes suivi par le service interventionnel (40 % des patients) avaient présenté des signes précoces de psychose au cours de la préadolescence, leur intégration sociale et académique était plus limitée. La durée de psychose non traitée était aussi plus importante (50 % des patients suivis à domicile présentaient des signes depuis plus d’un an contre 20 % dans le groupe ambulatoire). La consommation d’alcool et de cannabis différait aussi : 75 % contre 55 % pour l’alcool et 65 % contre 45 % pour le cannabis.

    Le service de soins à domicile est intervenu préférentiellement au cours des 6 premiers mois de suivi : 70% des interventions ont débuté dans le premier trimestre. 32,5 % des patients n’ont recours au SIM que pendant les 6 premiers mois de traitement, 44,1 % pendant 6 mois à 2 ans et 23,4 % entre 2 et 3 ans.

    « En combinant les deux approches précoces, le taux de désengagement thérapeutique a été faible : 13,9% à 3 ans. Néanmoins, chez les patients suivis à domicile, il semblerait que les symptômes positifs et négatifs restent plus importants (60 % contre 30 % pour les patients suivis en ambulatoire). Au total, le rétablissement fonctionnel ajusté au fonctionnement prémorbide a été similaire dans les deux groupes: 40% des patients en moyenne ont repris des activités sociales à 3 ans », conclut le Dr Bonsack.

     


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  • Par Fran Lowry

     

    L'American Academy of Pediatrics actualise ses recommandations sur le TDAH

    Dans ses nouvelles recommandations, l'Académie américaine de pédiatrie préconise désormais de prendre en charge le trouble de déficit de l'attention/hyperactivité dès 4 ans. 19 octobre 2011

    Boston, Etats-Unis - Pour la première fois depuis 10 ans, l'Académie Américaine de Pédiatrie (American Academy of Pediatrics) a publié une actualisation de ses recommandations sur le diagnostic et le traitement du trouble de déficit de l'attention/hyperactivité (TDAH) qui sont élargies aux enfants et adolescents de 4 à 18 ans.

    Les nouvelles recommandations « ADHD : Clinical Practice Guidelines for the Diagnosis, Evaluation and Treatment of Children and Adolescents with Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder » ont été dévoilées à l'American Academy of Pediatrics National Conference & Exhibition [1] et simultanément publiées dans l'édition en ligne de Pédiatrics le 16 octobre [2].

    « Nous avons écrit les recommandations initiales en 2000/2011. Elles ciblaient les enfants de 6 à 12 ans parce que c'était pour cette tranche d'âge que nous disposions du plus d'informations à l'époque », a expliqué le Dr Mark Wolraich (CMRI/Shaun Walters, University of Oklahoma Health Sciences Center, Oklahoma) à l'édition internationale de Medscape.

    « Au fil du temps, le cas des enfants en maternelle et des adolescents est devenu une préoccupation, tout comme ce qu'il fallait faire d'eux. Nous avons étendu la tranche d'âge aux enfants de 4 à 18 ans parce qu'il y a de nouveaux arguments pour étendre les recommandations à une tranche d'âge plus large », a expliqué Mark Wolraich, auteur principal des recommandations.

    Une conduite à tenir qui se précise

    Au cours des dix dernières années, le nombre de traitements du TDAH autorisés par la Food and Drug Administration (FDA) a augmenté, et les nouvelles recommandations reflètent ces changements. Elles soulignent également la nature chronique du trouble.

    « Dans les recommandations initiales, nous avions appuyé l'idée que le TDAH était une maladie chronique, et que les cliniciens devaient utiliser les principes de traitement des maladies chroniques, cela a été souligné à nouveau », a indiqué Mark Wolraich.

    Les autres recommandations clés préconisent :

    • de rechercher la présence de comorbidités psychiatriques comme le trouble de défiance oppositionnel, les troubles du comportement, l'anxiété et la dépression ;

    • de s'assurer que les critères du Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 4th Edition (DSM IV) sont présents;

    • de recueillir, en premier lieu, les informations provenant des parents ou tuteurs, des enseignants, et des cliniciens impliqués dans les soins de l'enfant;

    • d'utiliser la thérapie comportementale incluant les parents ou l'enseignant comme traitement de première ligne des enfants de 4 à 5 ans;

    • de réaliser une titration dans le but d'atteindre la dose efficace optimale avec le moins d'effets secondaires ;

    • d'obtenir le consentement de l'adolescent lors de la prescription de traitements autorisés par la FDA.

    « La difficulté avec les adolescents est l'absence d'enseignant référent capable d'évaluer leur comportement car ils passent de classe en classe. Personne ne les suit sur une longue période. Il est plus difficile d'obtenir une bonne information », a expliqué Mark Wolraich qui ajoute qu'il est important de commencer à traiter les enfants jeunes.

    « Lorsque nous les identifions tôt et que nous leur donnons un traitement adapté, nous pouvons améliorer leurs chances de réussite scolaire. Grâce à notre meilleure connaissance du TDAH et aux progrès diagnostiques et thérapeutiques, le nombre d'enfants aidés augmente ».

    Le jugement clinique ne suffit pas

    Selon le Dr Peter Jensen, co-directeur du service de psychiatrie et de psychologie pédiatrique à la Mayo Clinic (Rochester, Etats-Unis), les nouvelles recommandations donnent des instructions plus détaillées aux médecins qui prennent en charge ces patients en première ligne.

    « Certains de ces enfants ont des problèmes très complexes ; beaucoup sont aussi anxieux et dépressifs. Les recommandations en prennent acte, et elles préconisent aussi l'utilisation d'échelles de mesures par les enseignants et les parents. Elles nous font faire un pas en avant », a-t-il ajouté.

    D'après lui, fournir des recommandations plus détaillées sur le diagnostic et le traitement des patients atteints de TDAH est important.

    Il explique que «beaucoup de médecins traitent le TDAH à l'aveuglette. Ils sont bien intentionnés, mais quand nous sommes au milieu d'une journée de travail chargée, avec des parents anxieux et en sous-effectif, notre jugement clinique n'est pas suffisant, et nous sommes amenés à passer à côté d'éléments. Si la maman sourit, nous pensons que tout va bien. Mais, ce n'est pas aussi fiable que de regarder les échelles de mesure des parents, de l'enseignant et de parler avec Johnnie ».

    D'après Peter Jensen, le TDAH augmente probablement parce que nous sollicitons beaucoup d'attention soutenue de nos enfants.

    « Nous attendons de nos enfants qu'ils apprennent plus, qu'ils fassent plus, nous attendons d'eux, pas seulement qu'ils aillent à l'école mais qu'ils aient 3 ou 4 loisirs et activités dans l'après-midi et qu'ils fassent rapidement leurs devoirs, et ensuite nous les exposons à beaucoup de stimuli différents. La télévision est allumée, ainsi que la Game Boy. Tous ces éléments sont en compétition pour attirer l'attention. Si nous étions dans une société ou les devoirs étaient moins importants, par définition, les parents seraient moins nombreux à se plaindre de l'inattention de leur enfant, » a fait remarquer Peter Jensen.

    Dépistage des élèves en difficulté dès la maternelle, un projet ministériel contesté

    La publication de ces recommandations qui incluent désormais les enfants de 4 et 5 ans et qui donnent une place importante à l'enseignant de maternelle dans le dépistage et la prise en charge des enfants atteints de TDAH intervient à l'heure où en France, le projet du ministère de l'Éducation nationale intitulé « Aide à l'évaluation des acquis en fin d'école maternelle » est dévoilé à la presse. Ce dernier vise à «  repérer les élèves en difficulté dès le plus jeune âge » en proposant aux enseignants des outils supplémentaires de repérage de ces élèves. Le document fait actuellement l'objet de « discussions internes au sein du ministère », et devrait être proposé aux inspecteurs d'académie puis aux enseignants d'ici la fin 2011. Cet « outil de repérage » supplémentaire ne sera pas obligatoire et s'adressera aux élèves de grande section maternelle. Dès l'âge de cinq ans, les enfants seraient alors classés dans l'une des trois catégories suivantes :

    "Rien à signaler", "à risque", et "à haut risque". Le projet est fortement critiqué par les syndicats d'enseignants qui précisent que les enseignants de maternelles savent très bien repérer les élèves en difficulté et qui redoutent une stigmatisation des élèves dès leur plus jeune âge.


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  • Par Aude Lecrubier

     

    Syndrome d'hyperactivité : les enfants traités ont moins d'addictions à l'adolescence

    Les psychostimulants prescrits dans le TDAH ne rendent pas les ados accros. Au contraire, ils diminuent significativement le risque d'addiction à l'alcool et aux drogues. 16 juillet 2013

    Amsterdam, Pays-Bas — Il est désormais bien connu que les enfants atteints du trouble de déficit de l'attention/hyperactivité (TDAH) sont plus susceptibles de devenir dépendants à l'alcool, aux drogues et à la nicotine que les autres. Mais le type de traitement reçu par les enfants fait-il une différence ? Les médicaments psychostimulants utilisés pour le traitement du TDAH préparent-ils les enfants à un futur abus de drogues en raison de leur action sur le système dopaminergique ?

    Pour la première fois, une étude longitudinale prospective européenne publiée dans le British Journal of Psychiatry s'est penchée sur la question [1].

    Comme l'ont montré d'autres travaux auparavant [2], il en ressort que les enfants qui reçoivent des traitements psychostimulants comme la Ritaline® ou le Concerta® ont deux fois moins de risque de développer une addiction à l'alcool et aux drogues à l'adolescence que les enfants atteints de TDAH qui n'en reçoivent pas. En revanche, aucune différence notable sur la dépendance à la nicotine n'est observée entre ces deux catégories de patients.

    Ces résultats vont à l'encontre de l'hypothèse d'une sensibilisation aux drogues des enfants traités par psychostimulants.

    Psychostimulants : un effet protecteur contre le développement d'une addiction



    L'étude a enrôlé 505 enfants atteints de TDAH provenant de Belgique, des Pays-Bas et d'Allemagne et participants à l'étude IMAGE (International Multicenter ADHD Genetics study). Certains recevaient des psychostimulants, d'autres non. En parallèle, les chercheurs ont recruté 223 enfants ne souffrant pas du TDAH (groupe contrôle). L'ensemble des participants a été suivi plus de 4 ans, jusqu'à l'âge de 16 ans en moyenne et leur consommation d'alcool, de drogues et de nicotine a été estimée par divers questionnaires (DISC-IV-P, AUDIT, DSAT, FTND).

    L'étude montre que les enfants atteints de TDAH qui ne reçoivent pas de traitement psychostimulant ont un risque significativement plus élevé de développer une addiction à l'alcool et aux drogues que ceux qui ne souffrent pas de TDAH (RR=2,6, IC 95% : 1,35-4,99).

    En revanche, aucune différence n'a été observée entre les enfants recevant un psychostimulant et les enfants indemnes de TDAH (groupe contrôle), suggérant une « normalisation », expliquent les auteurs, le Dr Annabeth P. Groenman et coll. (Service de neuropsychologie clinique, Université d'Amsterdam, Pays-Bas).

    Après ajustement pour les troubles d'opposition, les troubles de la conduite et la sévérité du syndrome, les patients non-traités par psychostimulants ont un risque relatif de développer une addiction aux drogues et à l'alcool de 1,91 [IC 95% : 1,1-3,36] par rapport aux patients traités par psychostimulants.

    Les psychostimulants ont donc « un effet protecteur contre le développement de la dépendance à l'alcool et aux drogues », commentent les auteurs.

    En parallèle, les chercheurs notent que les enfants qui débutent tôt le traitement psychostimulant sont mieux protégés contre le risque de développer une addiction aux drogues et à l'alcool. Cependant, ils remarquent que l'avantage conféré par un traitement précoce diminue avec l'âge et semble s'inverser vers 18 ans.

    Une baisse de la dépendance à la nicotine quel que soit le type de traitement



    Concernant la dépendance à la nicotine, les enfants souffrant de TDAH ont un risque beaucoup plus élevé de devenir fumeurs que les enfants du groupe sans TDAH et ce, quel que soit le traitement reçu (RR entre 3 et 4 avant ajustement).

    En revanche, le risque relatif est de 1,12 [IC 95% : 0,45-2,96] entre les enfants souffrant de TDAH et recevant un psychostimulant et ceux n'en recevant pas.

    Cependant, les auteurs appellent à la prudence quant à l'interprétation de ces résultats sur la dépendance à la nicotine en raison du faible nombre de participants consommant de la nicotine dans leur étude (7%).

    Ils soulignent que « de nouvelles études prospectives sur l'évolution de la consommation de nicotine entre la première cigarette et l'installation d'une dépendance sont nécessaires chez des patients souffrant de TDAH traités ou non traités pour mieux comprendre le développement de l'addiction. »

    Comment expliquer cet effet protecteur ?



    Pour expliquer l'effet protecteur des psychostimulants les auteurs émettent l'hypothèse que ce sont les symptômes de la maladie, comme l'impulsivité, par exemple, et des problèmes associés (faible estime de soi, échec scolaire…) qui mènent à l'abus d'alcool et de drogues.

     

     


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  • Par Stéphanie Lavaud

     

     

    Aarhus, Danemark – Dans un article publié dans le Lancet, des chercheurs danois démontrent, pour la première fois, sur un panel de près de 2 millions de personnes, que le trouble de déficit d’attention avec/sans hyperactivité (TDAH) est un facteur de risque de décès prématuré [1]. Les accidents arrivent en tête des causes de mortalité et le fait d’être de sexe féminin ou d’avoir des comorbidités psychiatriques augmente encore le risque.

    Risque doublé de décès prématurés

    L’étude risque de faire date. Non seulement c’est la première à investiguer le sujet mais elle porte sur un très large échantillon, ce qui lui donne d’autant plus de poids. Les chercheurs ont en effet intégré dans leur essai 1 920 000 personnes issues des registres danois qui colligent de façon très fiables de nombreuses données médicales.

    Ici, la cohorte a inclus tous les enfants nés au Danemark entre le 1er janvier 1981 et le 31 décembre 2011. Parmi cette cohorte, 32 061 individus ont reçu un diagnostic de TDAH. Ce qui ressort de ce suivi sur 32 ans, c’est que les personnes TDAH avaient un risque doublé de mortalité versus celles sans TDAH (RR de mortalité : 2,07, [IC 95% 1,70-2,50] p<0,0001), après ajustement sur l’âge, le sexe, les antécédents familiaux de désordres psychiatriques, l’âge maternel et paternel et le niveau d’éducation des parents.

    En regardant plus précisément par tranche d’âge, les chercheurs ont montré que les patients diagnostiqués à l’âge adulte étaient ceux qui avaient le taux de mortalité le plus élevé. Par exemple, les individus avec un diagnostic posé à 18 ans ou plus tard avaient 4 fois plus de risque de mourir prématurément que le groupe contrôle.

    Comment expliquer la majoration du sur-risque à l’âge adulte ?

    « Un TDAH qui persiste à l’âge adulte serait peut-être une forme plus sévère de ce désordre », postulent les chercheurs. Dans un commentaire à l’article, le Dr Stephen Faraone, professeur de psychiatrie (New York, E-U) suggère de son côté que le retard de diagnostic et de traitement puisse faire empirer le TDAH et, de fait, augmenter le risque de décès prématuré.

    Plus de risque chez les filles et femmes

    De précédentes études ont montré la présence de comorbidités psychiatriques chez les personnes TDAH, les chercheurs se sont donc intéressés aux désordres les plus fréquemment retrouvés.

    Dans cette cohorte, parmi les personnes avec TDAH : 16,7% (n=5 417) avaient aussi un diagnostic detrouble du comportement et de trouble oppositionnel avec provocation ; 12,3% (n=3 946) un trouble lié à l'usage de substances (usage ou l'abus de drogues illicites ou d'alcool). La présence de ces comorbidités communément associées au TDAH augmente fortement le risque de mortalité précoce, qui devient alors 8 fois plus élevé (RR de mortalité après ajustement : 8,29, [IC95% : 4,85-13,09]).

    Autre observation qui ressort de l’étude : le sexe constitue en lui-même un facteur de risque puisque les filles et femmes de l’étude, même exemptes de comorbidités psychiatriques, ont un risque plus élevé de mort prématurée par rapport à leurs homologues masculins. Explication avancée par les auteurs : filles et femmes auraient tendance à être moins diagnostiquées et l’augmentation du risque s’expliqueraient par des symptômes plus sévères. Outre le sous-diagnostic, elles pourraient aussi être sous-traitées, ajoutent-ils.

    Inattention, impulsivité et accidents de la route

    Pour savoir si la prématurité du décès est en lien avec le trouble, les chercheurs se sont intéressés aux causes. Sur les 107 décès chez les individus TDAH, 79 cas étaient documentés. Parmi ceux-ci, 25 (31,6%) étaient dus à une mort naturelle, 54 (68,4%) s’expliquaient de façon non naturelle dont 77,8% pouvaient être attribués à des accidents.

    Dans son éditorial, le Dr Faraone précise que plusieurs méta-analyses ont rapporté que les individus TDAH étaient plus susceptibles d’être impliqués dans des accidents de la circulation par rapport aux individus « contrôle ». Le psychiatre américain souligne que deux des principaux symptômes du TDAH, l’inattention et l’impulsivité, sont des facteurs de risque d’accidents de la route et que la prise de médicaments augmente les scores de conduite sur simulateur. Et pour expliquer les morts naturelles, le Dr Faraone évoque la piste du stress oxydatif dont les taux seraient plus élevés chez les TDAH.

    Faire du diagnostic précoce « la règle et non pas l’exception »

    En conclusion, le Dr Soren Dalsgaard, principal investigateur de l’étude, insiste sur « l’importance de faire un diagnostic précoce, en particulier dans la population féminine, et de traiter tous les désordres de type comportements antisociaux ou abus de substances » pouvant accompagner le TDAH.

    Pour sa part, le Dr Faraone plaide pour que « les décideurs politiques exercent une meilleure répartition des ressources en faveur de la recherche et les soins des personnes TDAH » et milite pour que les cliniciens considèrent le diagnostic précoce et la prise en charge comme « la règle et non pas l’exception ».

    En dépit des chiffres préoccupants de mortalité, le Dr Dalgaard, comme le Dr Faraone, ne veulent pas se montrer alarmistes et précisent l’un et l’autre que si « le risque relatif de décès prématuré est élevé, le risque absolu lui, reste faible. »

      


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