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forme de complexité et ouvre à la compréhension d’u
ne conflictualité, le modèle positif de la bientrai
tance qui
semble s’imposer quitte l’analyse des risques et so
urces de violences et/ou de maltraitances pour ancr
er une
construction plus impersonnelle à connotation norma
tive ».Cette idée de normativité soulevée ici s’app
arente à
l’évaluation et à l’édification de critères. Marco
Di Duca met en garde contre cette édification en ra
ppelant que
chaque situation est complexe : « on conçoit aiséme
nt que cette évaluation du "traitement d’une situat
ion" ne
peut être statique, qu’elle doit tenir compte d’ind
icateurs mêlant subjectivité et objectivité, ressen
ti personnel et
observation directe ».
Par ailleurs, et puisque la bientraitance a affaire
avec les normes, de nombreux auteurs soulignent l’
importance
du contexte historique et socio-culturel dans la co
mpréhension de ce concept.
Catherine Sellenet rappelle que le « bien » contenu
dans la bientraitance « exprime une manière satisf
aisante
selon les critères culturels, individuels et collec
tifs d’une époque donnée, dans les domaines intelle
ctuel,
esthétique ou moral. La bientraitance est une notio
n irrémédiablement liée au contexte historique et s
ocioculturel
». Cet aspect est aussi bien exprimé comme une cara
ctéristique intrinsèque à prendre en compte, que co
mme
étant ce qui justement disqualifie ce concept. Ains
i, Michel Mercier soutient l’idée que les concepts
de
maltraitance et de bientraitance « sous-tendent des
jugements, à propos de situations et de comporteme
nts, sans
que cela soit pleinement justifié. La définition du
bien et du mal relève essentiellement de positions
éthiques ; la
limite entre la
bien
- et la
mal-traitance
nous apparaît comme tributaire d’ambiguïté tant ch
ez les scientifiques
que chez les patriciens ».
•
La bientraitance est une manière d’être et de pense
r
La bientraitance est tout d’abord une manière d’êtr
e qui induit une action ou plutôt fait d’agir enver
s quelqu’un.
Mais l’action n’est pas une caractéristique suffisa
nte pour décrite la bientraitance. Pour Nathalie Ch
apon-
Crouzet, « la bientraitance des enfants peut être d
éfinie comme l’ensemble des décisions, des choix, d
es
comportements éducatifs et des soins émanant des ac
teurs, destinés à répondre aux besoins des enfants
». C’est
donc l’ensemble des manières d’être des professionn
els qui la caractérise : à la fois écouter, prendre
soin, ou
encore questionner ses propres représentations.
•
La bientraitance est orientée vers un « mieux »
Marceline Gabel, Frédéric Jésu et Michel Manciaux i
ntroduisent leur ouvrage collectif sur la bientrait
ance avec
cette affirmation : cette dernière « représente san
s doute bien moins une finalité allégorique qu’une
démarche
volontaire, voire obstinée – un projet éthique ».
La bientraitance n’est donc pas une fin en soi, ell
e est un processus, toujours en mouvement, vers une
amélioration de la situation. C’est « une mobilisat
ion pour un meilleur traitement des usagers ».
•
La bientraitance est une adaptation aux usagers
Danielle Rapoport, qui insiste sur l’importance d’é
crire le terme « bien-traitance » avec un trait d’u
nion,
maintient l’idée que les professionnels ont ce devo
ir d’adaptation avec l’enfant : « Bientraitance : n
’est-ce pas
justement ce dont tout enfant est en droit de recev
oir, en tant que sujet de droits ? Sujet : ce terme
, jusqu’ici
utilisé surtout par les philosophes et les psychana
lystes, dit bien que tout enfant, en tant qu’indivi
du unique et en
devenir, a besoin d’être respecté dans ses besoins
et ses désirs spécifiques, et en tant que partenair
e actif de son
développement et de son histoire, et donc dans sa c
ulture propre. [...] Bien-traiter un enfant implique
la prise en
compte constante de toutes ces composantes : affect
ives, verbales, intellectuelles, sensorielles..., tou
t en
respectant la spécificité propre à chaque âge et à
chaque stade ».