• Le concept de bientraitance au secours des DYS.

     

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    Le concept de bientraitance au secours des DYS.
    Dr. A. POUHET – Novembre 2010
    Mon propos s'appuie sur un article que vous trouver
    ez résumé à partir de la page 6 de ce
    texte. Ce résumé page 6 tente de coller à la situat
    ion de l'enfant scolarisé.
    Vous y trouverez une description des maltraitances
    actuellement admises, de leurs causes
    puis les concepts sur lesquels se fondent la notion
    de
    bientraitance
    .
    Vous pouvez vous référer au texte
    (en pdf)
    original grâce au lien suivant
    http://www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/pdf/revue_litter
    ature_bientraitance_anesm.pdf
    .
    Le concept dit de «
    bientraitance
    » s’impose aujourd’hui comme une alternative effic
    ace
    pour anticiper et prévenir
    diverses situations de maltraitance.
    Au lieu d’avoir à repérer et d’avoir à gérer des si
    tuations dommageables à la personne, il
    est préférable d’amener des éléments de réflexions
    aux personnes susceptibles d’exercer
    (volontairement ou à leur insu) une maltraitance en
    vers autrui.
    L’enfant différent, handicapé, les enfants DYS, son
    t des personnes parfois dépendantes,
    souvent vulnérables, toujours potentiellement expos
    ées à la maltraitance de la part des
    adultes (enseignants, médecins, rééducateurs, AVS,
    parents...)
    ou bien de leurs pairs.
    Souvent, sans rien pouvoir en dire et sans rien pou
    voir en faire.
    Les équipes de SESSAD (service de soins spécialisés
    et d’éducation à domicile) sont
    parfois
    les témoins involontaires de tels comportements q
    u’elles jugent inadéquats.
    A cet instant, si certaines de ces attitudes s’avèr
    ent de réels comportements de
    maltraitance, comment sortir du sentiment d'impuiss
    ance que nous ressentons alors
    habituellement ?
    Au-delà des comportements répréhensibles au sein de
    l'EN (enseignant, AVS ou autre
    personnel...), il faut sans ambiguïté mentionner qu'i
    l existe également et très clairement, des
    parents, des professionnels
    (médecins, paramédicaux, psychologues, personnels m
    unicipaux de
    cantine, et/ou de garderie, ces derniers étant le p
    lus souvent quasi exclus de toutes les instances où
    les infos circulent...)
    qui exercent une forme de maltraitance néfaste à l
    'épanouissement du
    jeune. Ces personnels sont tout aussi condamnables.
    Les personnes qui maltraitent, le
    plus souvent, n'en ont pas conscience mais sont bel
    et bien "hors la loi" et donc
    justiciables de leurs actes.

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    Nous observons fréquemment des difficultés pour con
    cevoir les préconisations énoncées
    pour essayer de changer la situation des enfants DY
    S en classe. La compréhension du
    bien-fondé et donc de la mise en application d'un p
    lan personnalisé de compensation en
    classe, par l’application du PPS, est encore trop s
    ouvent très difficile.
    Et devant ce non-respect du projet thérapeutique in
    dividualisé motivé et explicité dans le
    PPS; il m'apparaît nécessaire d’insister sur deux s
    ituations
    ,
    fréquentes pour les enfants
    DYS mal ou in-compris :
    -
    les violences
    psychiques
    -
    les négligences
    passives
    Ces violences ordinaires faites à l'enfant découlen
    t le plus souvent d'une insuffisance
    d'information dans les écoles sur la réalité du jeu
    ne handicapé, d'une insuffisance de
    formation initiale des intervenants, d'un manque de
    communication et d'échanges au sein
    de l'équipe de proximité, d'un manque d'engagement
    de l'encadrement des équipes
    pluridisciplinaires, d'un manque de vigilance des t
    utelles mais aussi de la loi du silence
    qui entoure généralement ces situations souvent con
    nues, reconnues, constatées par les
    autres adultes.
    Tous ces éléments auxquels s'ajoutent un manque d’i
    nstance de régulation, de personne
    ressource, de médiateur génèrent mal-être, gêne, an
    goisse chez l’enseignant et/ou l’AVS
    insécurisés par cet enfant différent, inconnu, mal
    compris et cible potentielle de
    comportements inadéquats.
    La direction de tout établissement a une importance
    capitale, c’est elle qui répartit les
    moyens, c’est également le garde-fou, elle peut imp
    ulser une politique de réflexion et de
    formation à la bientraitance. Les intérêts des enfa
    nts doivent passer avant ceux de
    l'établissement (soigner son image, sa renommée...)
    Dans les situations complexes de DYS la bonne volon
    té, louable en soi, ne suffit pas.
    Elle débouche sur la mise en œuvre de solutions de
    bon sens qui ne marchent pas (plus
    lire pour mieux lire, plus écrire pour mieux écrire
    , rabâcher pour mémoriser, ...).
    Pour sortir de ces pseudo évidences qui ne fonction
    nent pas et ainsi s’autoriser à ne plus
    remettre en cause la bonne volonté évidente de la p
    lupart de ces enfants, il faut, pour
    pouvoir "raisonner" autrement, être instruit de ses
    difficultés médicales, causes de ses
    difficultés scolaires, et adopter une attitude d’em
    pathie, une disposition
    à priori

    3
    favorable
    envers l’enfant et les professionnels extérieurs à
    l'école pour lesquels expliquer
    les difficultés de l'enfant est une
    mission
    .
    Cette attitude positive est la base du concept de b
    ientraitance.
    Les violences
    psychiques
    et les négligences
    passives
    ,
    même si elles sont rares,
    sont
    beaucoup plus fréquentes qu'on le pense !
    L'enfant différent, vulnérable, n'a que très rareme
    nt les moyens de se plaindre de
    comportements inadéquats.
    L'enfant veut faire plaisir à l'adulte. L'enfant ne
    veut froisser personne. L'enfant protège
    les adultes des révélations -pourtant indispensable
    s- dont il saisit confusément qu'elles
    risquent de déclencher des affrontements d'adultes
    dont il sera, in fine, la première et
    seule victime.
    L'enfant dépendant de l'adulte, d'une tierce person
    ne, ne peut dénoncer des comportements
    inadéquats de peur d'être mal entendu et, in fine,
    encore plus maltraité.
    Violences
    psychiques
    :
    il n'est pas rare que l'on parle très mal aux enfan
    ts en
    difficultés scolaires, c
    es violences discrètes
    sont trop fréquentes.
    Négligences
    passives
    : il est très fréquent que l'on ne mette pas en œuv
    re toutes
    les aides et procédures dont l'enfant a besoin, pou
    rtant inscrites dans un PPS qui fait
    LOI, donc obligation de déroger à la règle ordinair
    e
    (cf. infra)
    .
    Pourquoi ?
    1.
    Par méconnaissance grave des difficultés cognitives
    causales des DYS (ou de la réalité
    concrète d'un handicap). Cette méconnaissance est l
    iée au travail encore trop souvent
    non fait, mal ou insuffisamment fait, de la part du
    monde médical au sens large.
    Le manque de connaissance de l'ensemble des patholo
    gies DYS est encore très
    important. Les réticences à poser des étiquettes (q
    ui ne sont là que pour alerter et
    indiquer une direction), l'idée de stigmatiser les
    enfants avec des diagnostics précoces
    et des aides en classe sont encore très répandues.
    2.
    Il faut investiguer tout enfant intelligent (facteu
    r G préservé) en difficulté scolaire et
    présenter aux équipes pédagogiques ses points faibl
    es, ses points forts, définir un
    pronostic scolaire probable (et donc par essence ré
    visable) et ainsi définir
    l'accompagnement nécessaire pour tenter de réaliser
    un objectif raisonnable. Et
    il faut

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    s’y tenir
    année après année (bien sûr en s'autorisant de le
    modifier en fonction de
    l'évolution réelle, constatée, de l'enfant).
    Cela présuppose que l'on accepte d'échanger et de p
    artager sur la réalité de chaque
    enfant, en incluant les parents dans cette réflexio
    n, et que l'on accepte aussi de se
    tromper et donc de la nécessité de revenir à une év
    aluation.
    3.
    Il faut que les enseignants dépassent le bon sens c
    ommun pour aller vers le bon sens
    de la situation de handicap structurel, peu suscept
    ible d'amélioration, peu susceptible
    de guérison.
    Ils ne feront cela que si, et seulement si, quelqu'
    un ou bien une structure, leur
    "explique" l'enfant, sa pathologie, les conséquence
    s scolaires, si on les accompagne à
    faire autrement (et non pas toujours plus de la mêm
    e chose qui ne marche pas) et si
    leur hiérarchie les soutient dans ces adaptations n
    écessaires en mettant en place des
    conditions d'accueil favorables donc en dégageant l
    es moyens matériels, humains,
    donc
    financiers
    nécessaires.
    Les pictogrammes et les signes n’empêcheront jamais
    un enfant qui doit parler de
    développer son langage et le seul "bain de langage"
    n'est pas thérapeutique en soi.
    Ecrire à l’ordinateur n’empêche pas de tracer des l
    ettres quand on n’est pas en
    situation de produire un écrit "suffisamment" renta
    ble, donc écrire plus quand on écrit
    mal n'est pas thérapeutique en soi. Lire plus parce
    que l'on lit mal n'est pas non plus
    thérapeutique en soi et va enfermer l'enfant dans u
    ne lecture-compréhension médiocre
    source de difficultés de plus en plus intenses avec
    l'augmentation des exigences.
    Reprendre un enfant sur son inattention est netteme
    nt moins efficace que de le mettre
    dans une situation-classe qui bannit la distractibi
    lité, les problèmes de mémoire sont
    bien plus aisés à contourner qu’à rééduquer et fair
    e "finir à la récrée" un enfant
    hyperactif c'est le mettre en situation difficile à
    la reprise : il doit toujours pouvoir
    évacuer son trop-plein d'énergie avec ses copains à
    la pause...
    La dépendance d'un enfant (qui peut être limitée pa
    r la pathologie) ne doit pas être
    confondue avec son autonomie, qui est "la capacité
    à s'administrer librement" donc la
    capacité à réclamer l'aide dont il a besoin pour fa
    ire, progresser, réussir... cela peut
    être la présence de l'AVS qui permet "d'être autono
    me à deux" !

    5
    4.
    Cette réalité légitimise donc :
    a.
    l'investigation, l'expertise des enfants susceptibl
    es de DYS...
    b.
    le transfert aux équipes pédagogiques de tous les é
    léments susceptibles de
    permettre la compréhension fine de cet enfant singu
    lier... pour ne pas
    appliquer des recettes au petit bonheur la chance...
    c.
    la bonne mise en application par l'équipe pédagogiq
    ue du plan personnalisé de
    compensation incluant le plan personnalisé de scola
    risation qui autorise et fait
    obligation réglementaire à l'enseignant de sortir d
    e la norme puisque la MDPH
    lui en fait l'obligation en s'appuyant sur les préc
    onisations émanant de l'équipe
    pluridisciplinaire de proximité à laquelle elle a p
    articipé.
    La responsabilité de l’équipe pédagogique est engag
    ée quand elle ne met pas
    en application des préconisations qui font LOI et s
    'étendent à l'obligation de
    collaboration avec les professionnels soignants, l'
    AVS et les parents.
    En cas de non mise en application d'un PPS transmis
    à l'école, nous
    sommes très clairement en situation d'omission volo
    ntaire, donc de
    négligence
    passive.
    d.
    la dénonciation, par quiconque, des situations de m
    altraitance. Font partie de
    ces situations les violences physiques et psychique
    s et les négligences par
    omission, donc la non mise en application du PPS.
    e.
    la formation initiale de tous les acteurs au concep
    t de bientraitance avec au
    minimum, une réflexion sur la façon de s'adresser a
    ux enfants, sur les mots
    utilisés, qui, inutilement blessants, dévalorisants
    , l'enferment dans une
    croyance erronée qu'il est nul, qu'il ne vaut rien
    et constituent bien souvent des
    cicatrices quasi indélébiles obérant le travail ult
    érieur d'enseignants, d'aidants,
    de professionnels qui s'épuiseront à restaurer un e
    nfant marqué à vie par des
    attitudes et des mots inappropriés, incapable de re
    staurer une estime de soi
    convenable, "suffisamment bonne".
    LE CO NCE PT DE BIENTR AIT AN CE EST AV A NT TO UT
    UN E TAT D'ES PRI T A PRI ORI ET I N EBRA NLABLE
    DE BO NNES DIS P OSITIONS EN VER S AUT R UI
    .

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    http://www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/pdf/revue_litter
    ature_bientraitance_anesm.pdf
    .
    Le texte le l'ANESM cité se réfère aux déclarations
    universelles suivantes :
    Déclaration Universelle des droits de l’homme (10 d
    écembre 1948) à l’ONU :
    « Art. 3. Tout individu a droit à la vie, à la libe
    rté et à la sureté de sa personne. »
    « Art. 5. Nul se sera soumis à la torture, ni à des
    peines ou traitements cruels, inhumains ou dégrada
    nts.»
    Déclaration des droits de l’enfant (20 novembre 195
    9) à l’ONU :
    « Art. 1. L'enfant doit jouir de tous les droits én
    oncés dans la présente Déclaration. Ces droits doiv
    ent être
    reconnus à tous les enfants sans exception aucune,
    et sans distinction ou discrimination fondées sur l
    a race, la
    couleur, le sexe, la langue, la religion, les opini
    ons politiques ou autres, l'origine nationale ou so
    ciale, la fortune,
    la naissance, ou sur toute autre situation, que cel
    le-ci s'applique à l'enfant lui-même ou à sa famill
    e. »
    « Art. 2. L'enfant doit bénéficier d'une protection
    spéciale et se voir accorder des possibilités et d
    es facilités par
    l'effet de la loi et par d'autres moyens, afin d'êt
    re en mesure de se développer d'une façon saine et
    normale sur le
    plan physique, intellectuel, moral, spirituel et so
    cial, dans des conditions de liberté et de dignité.
    Dans l'adoption
    de lois à cette fin, l'intérêt supérieur de l'enfan
    t doit être la considération déterminante. »
    « Art. 5. L'enfant physiquement, mentalement ou soc
    ialement désavantagé doit recevoir le traitement, l
    'éducation
    et les soins spéciaux que nécessite son état ou sa
    situation. »
    « Art. 9. L'enfant doit être protégé contre toute f
    orme de négligence, de cruauté et d'exploitation, i
    l ne doit pas
    être soumis à la traite, sous quelque forme que ce
    soit.»
    Déclaration des droits des personnes handicapées (9
    décembre 1975) à l’ONU :
    «Art. 3. Le handicapé a essentiellement droit au re
    spect de sa dignité humaine. Le handicapé, quelles
    que soient
    l'origine, la nature et la gravité de ses troubles
    et déficiences, a les mêmes droits fondamentaux que
    ses
    concitoyens du même âge, ce qui implique en ordre p
    rincipal celui de jouir d'une vie décente, aussi no
    rmale et
    épanouie que possible. »
    « Art. 5. Le handicapé a droit aux mesures destinée
    s à lui permettre d'acquérir la plus large autonomi
    e possible. »

    7
    Résumé du texte ( Dr A. POUHET) :
    1. Définitions et contours de la maltraitance
    De nombreux ouvrages et articles existent sur le th
    ème de la maltraitance. Il s’agit tout d’abord des
    différentes
    définitions ou éléments de définition de la maltrai
    tance, puis des causes de ce phénomène, et enfin de
    s moyens
    qui permettent de la prévenir.
    1. Définitions de la maltraitance
    La définition du Conseil de l’Europe de 1987 fait l
    argement consensus dans la littérature sur le sujet
    . Ce dernier
    a défini la maltraitance comme une violence se cara
    ctérisant «
    par tout acte ou
    omission
    commis par une
    personne s’il porte atteinte à la vie, à l’intégrit
    é corporelle ou psychique
    ou à la liberté d’une autre personne, ou
    compromet gravement le développement de sa
    personnalité...
    ».
    Par la suite, le Conseil de l’Europe a classifié le
    s différents types de maltraitances (1992) :
    Violences physiques:
    coups, brûlures, ligotages, soins brusques sans in
    formation ou préparation, non-
    satisfaction des demandes pour des besoins physiolo
    giques, violences sexuelles, meurtres (dont euthana
    sie).
    Violences
    psychiques
    ou morales :
    langage irrespectueux ou dévalorisant, absence de c
    onsidération, chantage,
    abus d'autorité, comportements d'infantilisation, n
    on-respect de l'intimité, injonctions paradoxales.
    • Violences médicales ou médicamenteuses:
    manque de soins de base, non-information sur les tr
    aitements ou
    les soins, abus de traitements sédatifs ou neurolep
    tiques, défaut de soins de rééducation, non prise e
    n compte de
    la douleur...
    Négligences actives:
    toutes formes de sévices, abus, abandon, manquemen
    ts pratiqués avec la conscience de
    nuire
    Négligences
    passives
    :
    négligences relevant de l'ignorance, de l'inattenti
    on de l'entourage
    • Privation ou violation de droits:
    limitation de la liberté de la personne, privation
    de l'exercice des droits
    civiques, d'une pratique religieuse.
    Violences matérielles et financières
    : vols, exigence de pourboires, escroqueries divers
    es, locaux inadaptés.
    Cette définition et cette typologie du Conseil de l
    ’Europe sont reprises dans nombre d’ouvrages et art
    icles.
    Stanislaw Tomkiewicz donne une définition similaire
    dans un article sur la violence dans les instituti
    ons pour
    personnes handicapées mentales, en différenciant to
    ut de même les violences individuelles des violence
    s
    institutionnelles qu’il définit comme
    "toute action commise dans ou par une institution,
    ou toute absence
    d’action qui cause au patient une souffrance physiq
    ue ou psychologique inutile".
    Le terme de maltraitance inclut donc à la fois des
    actions envers une personne et des omissions.
    Certains auteurs apportent d’autres éléments, tel q
    ue Michel Debout, qui définit la maltraitance comme
    « une
    dégradation, souvent insidieuse, des relations entr
    e la personne âgée et son entourage, conjoint, enfa
    nt,
    intervenants professionnels tant à domicile qu’en é
    tablissement ».
    Elisabeth Rogez et Tristan Cudennec insistent sur l
    a banalisation de cette dégradation.
    Hannelore Schrod identifie deux extrêmes dans l’att
    itude des intervenants face à la maltraitance, la b
    analisation
    et la dramatisation.

    8
    Mais la maltraitance est aussi une atteinte narciss
    ique selon Marie Canali et Anne-Marie Favard, qui a
    boutit à
    considérer la personne accompagnée comme un objet :
    la personne est devenue « objet », à la place duqu
    el on
    décide – pour son bien évidemment ».
    La maltraitance est donc une atteinte à la dignité
    humaine, un droit pourtant rappelé dans le code de
    l’action
    sociale et des familles à l’article L. 166-2.
    2. Les causes de la maltraitance
    Les causes de la maltraitance sont diverses, et la
    littérature sur le sujet propose différentes explic
    ations à ce
    phénomène. Nous en retiendrons quatre : les caracté
    ristiques des usagers, les conditions de vie et de
    travail, les
    professionnels et la direction de l’établissement o
    u du service.
    o
    Les caractéristiques des usagers
    Comme le souligne Michel Debout : « Les troubles co
    gnitifs ..., l'agressivité ou l'apathie peuvent génér
    er ou
    raviver des situations de crise ou de violence et f
    avoriser les actes de maltraitances des aidants...».
    La dépendance, la faiblesse ou encore la vulnérabil
    ité, sont autant de facteurs cités par Jean-Jacques
    Amyot et
    Nadège Moguen-Boudet.
    D’après une étude qualitative suédoise à propos des
    représentations des personnes âgées sur les maltra
    itances
    qu’elles peuvent subir, celles-ci considèrent que l
    eurs caractéristiques propres sont un des facteurs
    les plus
    importants à la maltraitance (le fait d’être handic
    apé, de souffrir de démence, d’être trop vieux ou t
    rop lent).
    o
    Les conditions de vie des usagers et les conditions
    de travail des professionnels
    La non-adaptation est une cause importante de la ma
    ltraitance. Cette non-adaptation peut être à la foi
    s
    «l’inadéquation des réponses aux besoins», mais aus
    si l’inadaptation des locaux ou de l’organisation a
    u rythme
    de la personne, tel que le décrit le rapport du Sén
    at, ainsi que bien d’autres auteurs. La non-adaptat
    ion conduirait
    inévitablement à la maltraitance : « la maltraitanc
    e de l’organisation soignante non adaptée à la pers
    onne
    accueillie conduit à majorer les angoisses et à pro
    mouvoir des effets traumatiques ».
    Les conditions de travail, la pénibilité ou encore
    la routine sont autant de facteurs que l’on retrouv
    e dans la
    littérature.
    Différents auteurs tels que Chrystel Terreau, Miche
    l Bauer, ou encore Robert Moulias soutiennent cet a
    rgument.
    Conséquence de cet ensemble de facteurs, le burn-ou
    t est lui aussi très souvent cité.
    Sophie Noel et Minouche Saber posent le problème du
    recrutement et de la formation des personnels :
    «L’absence de valorisation de la mission entraîne u
    n manque de candidature de personnels qualifiés.
    L’embauche de personnel non qualifié comble ce défi
    cit mais pose le problème du manque de connaissance
    de la
    mission et plus encore de la spécificité de la pers
    onne». Ce problème de sous-qualification des profes
    sionnels est
    soulevé par bien d’autres auteurs. Probablement due
    à ce manque de formation, la peur est un facteur l
    ui aussi
    cité, notamment par Geneviève Marchalot, mais aussi
    par Paul Durning, qui précise : « sachant que troi
    s facteurs
    sont essentiels dans l’émergence des violences inst
    itutionnelles - l’enfermement, l’impuissance et la
    peur -, la
    priorité reste à lutter contre l’enfermement et l’u
    niformisation, qui amènent l’impuissance et la peur
    ».
    L’enfermement relevant quant à lui du travail de l’
    encadrement, nous allons à présent voir les facteur
    s de risques
    liés au management.

    9
    o
    La direction
    Plus que les attitudes des professionnels, c’est le
    management qui est souvent dénoncé dans l’appariti
    on de
    comportements maltraitants envers les usagers. La m
    auvaise organisation du travail à proprement parler
    et la
    mauvaise gestion des ressources humaines sont deux
    facteurs cités à plusieurs reprises, notamment par
    le rapport
    du Sénat, et par Christine Vander Borght : « On ne
    le répètera jamais assez, la fonction de direction
    est d’une
    importance capitale : elle compte pour au moins 50%
    dans la réussite d’un projet »
    Bruno Crozat souligne quant à lui l’importance de l
    a prise de parole par les professionnels : « La mal
    traitance du
    soignant envers le résident survient dans le silenc
    e des mots, lorsque la parole ne vient plus éclaire
    r la pratique
    professionnelle ».
    Enfin, le Sénat dénonce, « dans certains cas, un in
    déniable problème de hiérarchie des priorités de la
    part des
    responsables d’établissements : lorsque les intérêt
    s de l’institution passent avant ceux des personnes
    handicapées, les risques de maltraitance se multipl
    ient ».
    Pour conclure cette réflexion sur les causes de la
    maltraitance, il est intéressant de se pencher sur
    les
    professionnels et les représentations qu’ils ont de
    la maltraitance et des facteurs qui amènent à de t
    els
    comportements. Les résultats sont résumés dans le t
    ableau suivant.
    Ces résultats montrent que les soignants expliquent
    les actes de violences principalement par des caus
    es liées au
    personnel lui-même, ce qui, selon les auteurs, expl
    ique la culpabilité ressentie par les professionnel
    s.

    10
    3. La prévention de la maltraitance
    La prévention est le troisième point très largement
    développé dans la littérature sur la maltraitance.
    Cinq
    éléments semblent être indispensables pour la préve
    ntion de la maltraitance :
    - le fait d’avoir des procédures clairement définie
    s,
    - d’instaurer un management approprié,
    - d’avoir des conditions de travail adaptées,
    - de favoriser la communication et la réflexion,
    - de s’adapter aux usagers.
    Plusieurs rapports et articles listent les actions
    qui préviennent la maltraitance, il semble pertinen
    t de citer ces
    listes dans leur ensemble, et ainsi voir la diversi
    té des solutions proposées.
    En résumé :
    -
    informer et sensibiliser
    -
    ne jamais banaliser et reconnaître les situations d
    e maltraitance
    -
    les anticiper par le management et la qualité de vi
    e et de travail des professionnels
    -
    vigilance des autorités de contrôle
    -
    rappel des sanctions pénales
    -
    levée du secret professionnel
    -
    développer la fonction et le recours au médiateur
    -
    guides de bonnes pratiques et outils pédagogiques
    -
    repérer
    -
    dépister
    -
    reconnaître
    -
    révéler
    -
    prise en charge
    -
    suivi...
    2. Éléments de définition et de caractérisation de
    la Bientraitance
    Il est important de noter en préalable que nous n’a
    vons pas trouvé d’enquêtes ni de résultats montrant
    les effets
    de la bientraitance. La bientraitance n’a donc pas
    d’efficacité prouvée, et pourtant, elle fait l’obje
    t de nombreux
    ouvrages et articles qui mettent en lumière ses spé
    cificités et les bonnes pratiques qui lui sont asso
    ciées.
    Nous décrirons la littérature propre à la bientrait
    ance selon trois axes : les différents éléments de
    définition de la
    bientraitance, ceux du
    care
    dans un deuxième temps, et enfin les bonnes pratiqu
    es qui en découlent.
    1. Les éléments de définition de la bientraitance
    La bientraitance renvoie à la normalisation
    Que les commentaires soient positifs ou négatifs, l
    a relation de la bientraitance avec la normalisatio
    n apparaît
    chez plusieurs auteurs. Pour Eliane Corbet, « alors
    que la notion de prévention de la maltraitance rec
    onnaît une

    11
    forme de complexité et ouvre à la compréhension d’u
    ne conflictualité, le modèle positif de la bientrai
    tance qui
    semble s’imposer quitte l’analyse des risques et so
    urces de violences et/ou de maltraitances pour ancr
    er une
    construction plus impersonnelle à connotation norma
    tive ».Cette idée de normativité soulevée ici s’app
    arente à
    l’évaluation et à l’édification de critères. Marco
    Di Duca met en garde contre cette édification en ra
    ppelant que
    chaque situation est complexe : « on conçoit aiséme
    nt que cette évaluation du "traitement d’une situat
    ion" ne
    peut être statique, qu’elle doit tenir compte d’ind
    icateurs mêlant subjectivité et objectivité, ressen
    ti personnel et
    observation directe ».
    Par ailleurs, et puisque la bientraitance a affaire
    avec les normes, de nombreux auteurs soulignent l’
    importance
    du contexte historique et socio-culturel dans la co
    mpréhension de ce concept.
    Catherine Sellenet rappelle que le « bien » contenu
    dans la bientraitance « exprime une manière satisf
    aisante
    selon les critères culturels, individuels et collec
    tifs d’une époque donnée, dans les domaines intelle
    ctuel,
    esthétique ou moral. La bientraitance est une notio
    n irrémédiablement liée au contexte historique et s
    ocioculturel
    ». Cet aspect est aussi bien exprimé comme une cara
    ctéristique intrinsèque à prendre en compte, que co
    mme
    étant ce qui justement disqualifie ce concept. Ains
    i, Michel Mercier soutient l’idée que les concepts
    de
    maltraitance et de bientraitance « sous-tendent des
    jugements, à propos de situations et de comporteme
    nts, sans
    que cela soit pleinement justifié. La définition du
    bien et du mal relève essentiellement de positions
    éthiques ; la
    limite entre la
    bien
    - et la
    mal-traitance
    nous apparaît comme tributaire d’ambiguïté tant ch
    ez les scientifiques
    que chez les patriciens ».
    La bientraitance est une manière d’être et de pense
    r
    La bientraitance est tout d’abord une manière d’êtr
    e qui induit une action ou plutôt fait d’agir enver
    s quelqu’un.
    Mais l’action n’est pas une caractéristique suffisa
    nte pour décrite la bientraitance. Pour Nathalie Ch
    apon-
    Crouzet, « la bientraitance des enfants peut être d
    éfinie comme l’ensemble des décisions, des choix, d
    es
    comportements éducatifs et des soins émanant des ac
    teurs, destinés à répondre aux besoins des enfants
    ». C’est
    donc l’ensemble des manières d’être des professionn
    els qui la caractérise : à la fois écouter, prendre
    soin, ou
    encore questionner ses propres représentations.
    La bientraitance est orientée vers un « mieux »
    Marceline Gabel, Frédéric Jésu et Michel Manciaux i
    ntroduisent leur ouvrage collectif sur la bientrait
    ance avec
    cette affirmation : cette dernière « représente san
    s doute bien moins une finalité allégorique qu’une
    démarche
    volontaire, voire obstinée – un projet éthique ».
    La bientraitance n’est donc pas une fin en soi, ell
    e est un processus, toujours en mouvement, vers une
    amélioration de la situation. C’est « une mobilisat
    ion pour un meilleur traitement des usagers ».
    La bientraitance est une adaptation aux usagers
    Danielle Rapoport, qui insiste sur l’importance d’é
    crire le terme « bien-traitance » avec un trait d’u
    nion,
    maintient l’idée que les professionnels ont ce devo
    ir d’adaptation avec l’enfant : « Bientraitance : n
    ’est-ce pas
    justement ce dont tout enfant est en droit de recev
    oir, en tant que sujet de droits ? Sujet : ce terme
    , jusqu’ici
    utilisé surtout par les philosophes et les psychana
    lystes, dit bien que tout enfant, en tant qu’indivi
    du unique et en
    devenir, a besoin d’être respecté dans ses besoins
    et ses désirs spécifiques, et en tant que partenair
    e actif de son
    développement et de son histoire, et donc dans sa c
    ulture propre. [...] Bien-traiter un enfant implique
    la prise en
    compte constante de toutes ces composantes : affect
    ives, verbales, intellectuelles, sensorielles..., tou
    t en
    respectant la spécificité propre à chaque âge et à
    chaque stade ».

    12
    Le fait d’être respecté dans ses besoins et ses dés
    irs spécifiques nécessite une adaptation constante
    et
    individuelle, que l’on doit retrouver non seulement
    pour l’enfant, mais pour toute personne accompagné
    e.
    Pour s’adapter aux individus, les professionnels do
    ivent bien évidemment apprendre à connaître leurs d
    ésirs et
    besoins. Marie- Agnès Manciaux qui présente l’outil
    Mobiqual qu’elle décrit comme l’outil de sensibili
    sation
    «Bientraitance», précise que « l’objectif primordia
    l est de favoriser une connaissance et une prise en
    charge
    individualisée de chaque personne ».
    Pour résumé cette connaissance et cette adaptation
    aux particularités de chacun, un certain nombre d’a
    uteurs font
    référence au concept de Donald Winnicott de « suffi
    samment bon ».
    Parmi ceux-là, Michel Manciaux, nous dit par exempl
    e que la bientraitance, « c’est aussi et surtout un
    comportement fait de bonnes pratiques, de travail e
    n équipe, de partenariat intersectoriel incluant ég
    alement ceux
    dont nous nous occupons à un titre ou à un autre. P
    araphrasant Winnicott, je dirais « traiter suffisam
    ment bien »
    Marie Canali et Anne-Marie Favard reprennent ces di
    fférents éléments dans la définition qu’elles donne
    nt de la
    bientraitance : « La bientraitance serait donc non
    seulement la réponse la plus adaptée possible aux b
    esoins de la
    personne, mais aussi le droit pour chaque enfant ma
    ltraité de rencontrer un environnement « suffisamme
    nt bon »
    (au sens où Winnicott -1969- définit la mère «suffi
    samment bonne »), susceptible de remobiliser ses fo
    rces
    vitales, de renforcer ses assises narcissiques ».
    La bientraitance permet d’autonomie
    « Bien traiter, ce n’est pas seulement donner tout
    son amour et tout son dévouement, c’est aussi donne
    r la force
    de devenir autonome ». Ainsi Huguette Desmet et Jea
    n-Pierre Pourtois introduisent leur ouvrage collect
    if
    Culture et Bientraitance. La question de l’autonomi
    e est partout dans le secteur social et médico-soci
    al, elle est
    au centre de tout accompagnement. L’autonomie comme
    finalité marque la différence entre la bientraitan
    ce et
    l’absence de maltraitance: « La notion de bientrait
    ance ne peut être restreinte à son opposition de ma
    ltraitance
    car elle implique, au contraire, une mobilisation p
    articulière de ressources de compétences et d’acteu
    rs soumis au
    cadre de certaines exigences (notamment en termes d
    ’écoute, de dignité et de solidarité sociale).
    La bientraitance vise donc à la promotion et à la m
    ise en place effective de pratiques et d’attitudes
    qui soient
    garantes du bon développement de l’enfant ».
    Au-delà du fait que la bientraitance doive favorise
    r l’autonomie - d’agir, mais aussi de penser -, ell
    e met au coeur
    de l’accompagnement la personne accompagnée elle-mê
    me : la bientraitance doit amener les usagers des
    établissements et des services à être acteurs de le
    urs accompagnements.
    Ainsi Jean-Pierre Visier insiste-t-il sur cet aspec
    t : « bien traiter reposerait donc sur l’évaluation
    des capacités
    interactives qui peuvent être mobilisées pour perme
    ttre à un enfant de mieux repérer ses propres compé
    tences, et
    de s’assurer de son existence dans le respect de l’
    autre et la confiance en lui-même ». L’interaction
    et la
    réciprocité sont donc des conditions préalables à l
    ’objectif d’autonomie.
    Le concept d’empowerment peut être cité ici pour sa
    proximité sémantique avec la notion d’autonomie.
    L’empowerment peut se définir comme « la capacité d
    es personnes et des communautés à exercer un contrô
    le
    sur la définition et la nature des changements qui
    les concernent (Rappaport, 1987) ». L’auteur de cet
    te
    définition, Yann Le Bossé, traduit ce concept anglo
    phone par « pouvoir d’agir », dans la mesure où
    l’empowerment se caractérise à la fois par une acti
    on d’une personne sur sa vie et par la possibilité
    de faire appel
    à ses propres ressources pour y arriver.

    13
    L’empowerment est en d’autre terme une passation de
    pouvoir des professionnels vers les usagers.
    « L’empowerment appliqué au niveau de l’action soci
    ale vise à rendre le groupe d’usagers capable d’ana
    lyser sa
    situation, de définir ses problèmes et de les résou
    dre. Cette approche qui associe la population à sa
    propre
    gestion implique un transfert de pouvoir de l’équip
    e d’intervention vers les usagers qui, dès lors, ex
    ercent un
    contrôle direct sur les décisions et les événements
    qui ont un impact sur leur vie quotidienne ».
    Ainsi, la bientraitance est à la base de l’empowerm
    ent, prise de pouvoir nécessaire pour permettre à l
    ’usager de
    redevenir acteur de son propre devenir.
    La bientraitance se base sur le respect d’autrui
    Le respect de la dignité d’autrui se retrouve dans
    presque toutes les définitions de la bientraitance.
    Il en est la caractéristique principale et première
    . Le respect est le fondement des attitudes et comp
    ortements
    bientraitants.
    Le respect de la dignité passe par le fait de consi
    dérer tout usager comme tout autre être humain, ave
    c les mêmes
    besoins. Marcel Hérault insiste sur ces besoins fon
    damentaux : le besoin d’un cadre de vie sécurisant,
    le besoin
    d’activité, de se rendre utile, le besoin d’être re
    connu et valorisé, de progresser, d’évoluer et de g
    randir, le besoin
    de tendresse et d’amour, d’être avec les autres et
    de communiquer, et enfin le besoin de liberté.
    Pour plusieurs auteurs, ce respect ne doit pas seul
    ement exister vis-à-vis des usagers, mais vis-à vis
    de tous les
    protagonistes de l’accompagnement :
    « Respect des personnes accueillies et accompagnées
    , en tant que personnes, dans leur histoire de vie,
    dans leurs
    désirs, mais aussi dans les « petits détails » de l
    a vie quotidienne.
    Respect des familles, mais aussi respect des autres
    membres de l’équipe, des collègues et respect de l
    a mission
    confiée.
    Respect enfin de soi même, de son désir de bien fai
    re, de ses compétences de soignant : même si les mo
    yens
    paraissent trop courts, on peut toujours faire pour
    le mieux ».
    Il semble intéressant de conclure cette réflexion s
    ur la définition de la bientraitance par une étude
    que le CREAI
    Bretagne a menée auprès de professionnels des MAS e
    t de FAM79.
    85 professionnels (un sur deux est AMP ou aide-soig
    nant) ont renseigné un questionnaire qui leur deman
    dait
    notamment ce qu’ils entendaient par le mot « bientr
    aitance ». Très peu définissent la bientraitance co
    mme le
    contraire de la maltraitance,
    la majorité considérant la bientraitance comme un p
    lus vers ou pour le
    résident
    . Par ailleurs, les résultats concernant cette ques
    tion sont les suivants : « la bientraitance est le
    plus
    souvent associée à la notion de respect des usagers
    (professionnels), notamment au travers de la consi
    dération de
    la personne dans sa globalité, mais surtout de la r
    econnaissance en tant que sujet (et non comme objet
    , objet de
    soin, etc.), avec des désirs, des goûts, des choix,
    des envies, des rythmes et des habitudes de vie, d
    es croyances,
    etc.
    Il est donc clair que les mêmes éléments se retrouv
    ent à la fois dans la littérature et chez les profe
    ssionnels
    interrogés lors de cette enquête.

    14
    2. Eléments de définition du "care"
    La littérature anglophone nous a amené à nous pench
    er sur le concept de care, concept qui rejoint la p
    lupart des
    éléments de définition de la bientraitance. En effe
    t, le terme de care signifie avant tout donner de l
    a valeur à
    quelqu’un, respecter ce qu’il est, ses qualités et
    ses besoins. Ce n’est pas le care en tant que tel q
    ui nous
    intéresse, mais l’éthique du care, qui définit un e
    nsemble de comportements relevant, à nos yeux, de l
    a
    bientraitance : « la caractéristique la plus import
    ante de l’éthique du care est peut-être que les sit
    uations morales
    n’y sont pas définies en termes de droits et de res
    ponsabilités mais en termes de relation de care ».
    L’éthique du
    care décrit des attitudes et comportements non pas
    déterminés par la règle ou le droit, mais par l’ada
    ptation des
    réponses à une situation donnée, toujours singulièr
    e : « la pratique du care implique de sortir de son
    propre cadre
    de référence pour entrer dans celui de l’autre ».
    L’éthique du care est donc une réponse contextualis
    ée et
    individualisée
    .
    3. Bonnes pratiques de bientraitance
    Tout comme les pratiques qui permettent d’éviter la
    maltraitance, les bonnes pratiques dites « bientra
    itantes »
    font l’objet de précisions chez un certain nombre d
    ’auteurs. Sans être exhaustifs, certains auteurs li
    stent des
    pratiques qu’ils associent à la bientraitance. Mari
    e Canali, par exemple, décrit la bientraitance enve
    rs l’enfant en
    termes opérationnels par les actions suivantes :
    - Tenter d’effectuer un diagnostic différentiel pré
    alable à toute intervention ;
    - Décoder les alternances de dépression et de révol
    tes, comme autant de comportements destinés à lutte
    r contre
    l’effet traumatique et la pulsion de mort ;
    - Renforcer les assises narcissiques par l’étayage
    ;
    - Permettre aux professionnels de comprendre le « v
    ide » que renvoient ces enfants au niveau relationn
    el, pour
    prévenir un possible rejet de l’enfant ou un épuise
    ment des professionnels
    - Il s’agit de mettre en place un dispositif contin
    u au niveau relationnel, qui permette à l’enfant d’
    éprouver
    « continuité du sentiment d’exister » et sécurité
    de base.
    Dans le secteur de l’enfance, d’autres auteurs se s
    ont appliqués à décrire quelles seraient les bonnes
    pratiques
    bientraitantes. Par exemple, Frédéric Jésu énumère
    des « principes à ré-affirmer pour prévenir ou élim
    iner les
    maltraitances et pour promouvoir les bientraitances
    :
    -
    Garantir les droits des enfants ;
    - Une volonté politique soutenue ;
    - Les responsabilités des pouvoirs publics ;
    - La place et le rôle des parents dans les processu
    s de décisions et d’accompagnement ;
    - Le rôle des professionnels ;
    - Estime mutuelle et volonté de rencontre.

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  • LA PSYCHANALYSE, LES DYS ET L’AUTISME

     

    LA PSYCHANALYSE, LES DYS ET L’AUTISME

    Les enfants « dys » aussi sont des victimes de la psychanalyse

    Le documentaire « Le Mur ou la psychanalyse à l’épreuve de l’autisme » met crûment en lumière la persistance de théories et de pratiques psychanalytiques totalement dépassées, réfutées scientifiquement, et inefficaces, dans la prise en charge des enfants avec autisme en France. Grâce à ce documentaire, grâce à la tentative de censure dont il a fait l’objet, grâce à l’exposition médiatique et à la prise de conscience politique qui ont suivi, la prise en charge de l’autisme en France est sur le point de progresser autant en 2012 qu’au cours des trente années qui ont précédé.

    On ne peut que s’en féliciter pour les enfants autistes et leurs familles. Et les autres? Les enfants autistes ne sont pas les seules victimes de la psychanalyse. Il ne faudrait pas qu’ils soient les seuls bénéficiaires de la prise de conscience qui est en train de s’opérer.

    Les enfants avec troubles spécifiques du langage ou des apprentissages et leurs familles ont été victimes des mêmes théories et des mêmes pratiques que les enfants autistes: mère trop distante ou trop fusionnelle, père pas assez présent, complexe d’Œdipe mal résolu, « secret familial », absence de « désir de parler », manifestation d’une souffrance par le trouble, dysharmonie, psychose… Ces hypothèses ont été les seules considérées par beaucoup de psychanalystes qui ont pris en charge des enfants dys, alors même qu’elles n’ont jamais été étayées par des données scientifiques, et alors qu’en parallèle les données s’accumulaient en faveur de l’hypothèse de troubles neurodéveloppementaux d’origine en partie génétique[1].

    Les  troubles spécifiques du langage et des apprentissages, dont la prévalence est dix fois celle de l’autisme, ont largement bénéficié du rapport Ringard sur l’enfant dysphasique et l’enfant dyslexique (2000), qui a débouché sur la circulaire pour la « Mise en œuvre d’un plan d’action pour les enfants atteints d’un trouble spécifique du langage oral et écrit » (7 février 2002). Ces mesures ont permis la création des centres référents pour les troubles du langage, ont conduit à mettre à jour la formation de nombreux professionnels, et ont incontestablement apporté au cours des dix dernières années une amélioration significative du diagnostic et de la prise en charge des enfants avec troubles du langage ou des apprentissages.

    Pourtant, aujourd’hui encore, on compte de nombreux enfants dys en situation d’errance diagnostique et/ou thérapeutique, notamment dans les Centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP). Ces enfants sont souvent pris en charge suivant une grille de lecture exclusivement psychanalytique, sans diagnostic pluridisciplinaire, sans rééducation adaptée, à l’encontre de toutes les recommandations scientifiques et médicales, françaises et internationales. Lorsqu’ils sont finalement diagnostiqués et pris en charge d’une manière adéquate, il est souvent bien tard, beaucoup d’années de scolarité ont été perdues, et au fil des années de nombreuses difficultés se sont superposées au trouble initial: échec scolaire, perte d’estime de soi, troubles psychologiques, conflits familiaux… Il est temps que cesse cet immense gâchis.

    Il ne s’agit pas pour autant de rejeter tout apport de la psychologie ou de la psychiatrie aux troubles dys. Une partie des enfants dys ont également des troubles psychologiques voire psychiatriques, souvent consécutifs à la situation d’échec et de détresse dans laquelle ils sont plongés. Ces troubles, même s’ils ne constituent pas la cause primaire des troubles du langage ou des apprentissages, nécessitent aussi une prise en charge, et celle-ci doit être efficace, donc évaluée.

    En résumé, les enfants dys ont besoin d’une part, d’un diagnostic pluridisciplinaire, basé sur les classifications médicales internationales, incluant typiquement au moins un bilan de langage et un bilan neuropsychologique. Une grille de lecture exclusivement psychanalytique est inadéquate pour un diagnostic correct. D’autre part, ils ont besoin d’une prise en charge globale, incluant une rééducation adaptée au profil cognitif spécifique de l’enfant, et, si les symptômes le justifient, d’une prise en charge psychologique. Mais cette dernière ne doit pas se faire en lieu et place d’une rééducation. De plus, les méthodes de rééducation et de psychothérapie doivent être évaluées et faire la preuve de leur efficacité, ce qui fait cruellement défaut actuellement. Enfin, les retards d’apprentissage s’accumulent vite et se rattrapent difficilement, et les prises en charge offrent un pronostic d’autant meilleur qu’elles interviennent tôt, d’où l’importance d’un diagnostic précoce, sans attendre un quelconque « désir » et sans passer par une longue phase d’observation informelle. Pour permettre la mise en œuvre effective de ces mesures, une mise à jour de la formation de tous les professionnels concernés paraît impérative.

    Vincent Lochmann, Président de la Fédération Française des Dys ,
    Membre du Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées

    Franck Ramus, Directeur de recherches au CNRS,
    Membre du Comité Scientifique de la Fédération Française des Dys

    www.ffdys.fr


    [1] Expertise collective de l’Inserm. (2007). Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie: Bilan des données scientifiques. Paris: Editions INSERM. Téléchargeable sur http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/074000190/index.shtml.

     

     


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    http://www.franceinfo.fr/sciences-sante/info-sante/la-dyspraxie-trouble-de-l-apprentissage-1372829-2014-04-03

     

    Le dépistage des troubles de l'apprentissage ressemblent encore trop souvent à un parcours du combattant. Comment réagir face à un diagnostic tardif ? Nous en parlons aujourd'hui avec vous, Caroline Tourbe, journaliste pour le magazine Science et Vie.

    La dyspraxie est un trouble de l'apprentissage © Fotolia.com - thingamajiggs

    Il est malheureusement possible d'arriver à l'adolescence, ou même à l'âge adulte, et se découvrir atteint d'un trouble bien précis de l'apprentissage. Parmi les troubles de l'apprentissage, il y a la dyspraxie, des difficultés d'apprentissage liées à un manque de coordination des mouvements.

    Ce week-end, l'association Dyspraxie France Dys organise à Paris un cycle de conférence où seront abordées les difficultés d'accès au dépistage et la prise en charge des dyspraxies. La dyspraxie s'explique par le fait que l'on a des difficultés à coordonner et à automatiser ses gestes malgré un apprentissage, explique Vincent Marron, président de l'association Dyspraxie France Dys.

    Certains arrivent à compenser mais finissent pas s'écrouler à un moment ou à un autre. Une fois les premiers signes repérés il faut s'adresser à un spécialiste.

    L'association Dyspraxie France Dys indique les nombreux professionnels en France. Pour diagnostiquer une dyspraxie il faut faire plusieurs bilans : neurologique, psychologique, orthophonique.

    Une fois le bilan réalisé, on peut demander une reconnaissance du handicap, mais il faut un dossier complet car la partie scolaire ne suffit pas. 

     

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  • Coup d'oeil sur la dyslexie

    Tout allait bien pour lui jusqu'à la rentrée scolaire. Et il y a eu ce petit mot de son maître d'école : «Trop de difficultés pour apprendre à lire, à se concentrer, peut-être devriez-vous le faire examiner par un orthophoniste.» Lequel diagnostiquera sans doute un cas de dyslexie. Schéma classique : les parents sont souvent les derniers à le remarquer. Et pourtant, l'enfant souffre : «Les enfants dyslexiques sont intelligents, souvent très intelligents, dit le Dr Patrick Quercia, ophtalmologiste. Ils font des efforts et on les traite comme des cancres ou des paresseux.» Pourquoi un ophtalmologiste ? Parce que Patrick Quercia, lui-même père d'un enfant dyslexique, s'est penché sur les travaux du Pr Orlando Alves da Silva, de Lisbonne. Ceux-ci mettaient en évidence le fait qu'un enfant dyslexique n'éprouvait pas seulement des difficultés de lecture, mais présentait de multiples symptômes révélant un dysfonctionnement de la proprioception. Un mot qui désigne notre «sixième» sens, celui qui nous permet de percevoir l'espace, de nous y situer, qui nous dicte notre posture, notre équilibre, grâce à des millions de capteurs disséminés dans nos muscles. Le dyslexique percevrait donc l'espace de façon différente. De là découleraient une série de troubles : mauvaises positions, douleurs musculaires, difficultés de concentration, de perceptions visuelle et auditive, de lecture...

    Depuis, Patrick Quercia, avec le Pr Alain Bron, du CHU de Dijon, et Thierry Pozzo, de l'Inserm, poursuit des travaux. «Le traitement, dit-il, consiste à leurrer ce ''sens musculaire'' : les muscles oculaires sont particulièrement riches en capteurs et, en modifiant légèrement, grâce à des lunettes à prismes, les informations que ces capteurs reçoivent, on peut transformer la perception de l'espace et des mots lus sans changer réellement la vision. Des semelles qui modifient la perception du sol et des exercices quotidiens de posture et respiratoires complètent le traitement.» Parallèlement, le suivi d'orthophonie continue, permettant à l'enfant de rattraper son retard. Mais progressivement, car le traitement est de longue haleine : quatre ans en moyenne de port permanent de ces lunettes. Pour un gamin de 6 ou 8 ans, il s'agit d'un effort considérable qui demande la mobilisation de toute la famille. «Mais ces enfants sont tellement conscients de leur handicap, ajoute le Dr Quercia, tellement las d'être considérés comme de mauvais élèves - alors qu'ils travaillent peut-être plus que les autres -, qu'ils acceptent, après un entretien, de jouer le jeu sérieusement.»


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