• Un tiers des enfants surdoués serait en échec scolaire, une grande partie d’entre eux présentant des signes d’une souffrance psychologique importante : pour quelles raisons et par quels mécanismes, c’est ce à quoi cet article tente de répondre.

    Le sujet que je vais développer n’est pas politiquement correct : me préoccupant ici d’une partie de la population infantile qui a comme point commun la vivacité d’esprit et l’avance intellectuelle, je sais que je risque fort de me faire taxer d’élitiste. Comme ma pratique concerne des adultes et des enfants de tous niveaux d’efficience, voire pas efficients du tout, je ne me sens pas concernée par cette étiquette. Cependant, recevant nombre d’enfants doués en difficulté et en grande souffrance, j’ai trouvé tellement de similarité dans leurs parcours que j’en ai peu à peu tiré des conclusions que je souhaite livrer ici.

     

    Il vient pour la première fois avec ses parents. Il ne me regarde pas en face, il a 4 ans, 6 ans, 8 ans... Ses parents n’en peuvent plus. Il est insupportable en classe, n’écoute rien, oublie de prendre les devoirs à faire, se fait remarquer. A la maison, cela commence à ne pas aller non plus. Il est à la fois exubérant, ne se contenant pas, et taciturne, se livrant peu. Ses parents ont du mal à reconnaître l’enfant gai et éveillé qu’il était petit, curieux de tout, posant plein de questions, stupéfiant l’entourage par ses réflexions très mûres. C’est assez vite après l’entrée en maternelle qu’une certaine morosité s’est installée. Mais celle-ci passe au moment des vacances, moment où l’enfant retrouve sa joie de vivre.

    A moi, l’enfant livre un vécu douloureux. Les autres se moquent de lui. Lui n’apprécie pas leurs jeux violents, et ne trouve pas malin de répondre par des coups quand on le brutalise. Résultat, il est rapidement devenu bouc émissaire de phénomènes de groupes avec rejet et d’humiliations, et, s’il en parle aux adultes, on lui conseille simplement de s’éloigner de ses bourreaux. Parfois on lui dit que c’est lui qui le fait exprès. Il décide de ne plus en parler à personne.

    En classe il ne se sent pas bien. Il s’ennuie à entendre répéter des choses qu’il a comprises tout de suite, et cesse d’écouter. On dit de lui qu’il est dans la lune, en fait, il pense au jeu de stratégie auquel il joue chez lui, ou au livre en cours, en attendant que l’enseignant introduise une notion nouvelle. Mais quand celle-ci arrive il a parfois tellement décroché qu’il ne sait plus de quoi on parle, et l’enseignant se met à douter de ses capacités, ce qui l’amène, lui, à se croire idiot.

    Au fur et à mesure que nous parlons tous les deux, son visage s’éclaire, et je découvre une pensée précise, un vocabulaire riche, qui tranchent avec le tableau décrit par les parents ou l’enseignant.

    La passation du test a un effet thérapeutique. Mais inquiétant pour les parents. Nous sommes dans une telle idéologie anti-élitiste que prétendre avoir un enfant intelligent semble être un crime de lèse-démocratie, en tout cas, l’annonce de difficultés certaines.

    C’est curieux : autant nul ne doute du fait qu’il existe des personnes aux potentialités intellectuelles réduites nécessitant un enseignement particulier et, plus tard, un emploi adapté (voire des structures de prise en charge plus lourdes quand la déficience est au niveau du handicap sévère), autant un grand nombre de professionnels fait preuve d’une prudence extrême dans l’affirmation d’un surdouement, prudence qui confine quelquefois à la négation pure et simple du phénomène. J’ai entendu, de la part de professionnels : « Avec ce QI-là (128), ce n’est pas un enfant doué, c’est un enfant poussé », «  Avec ce QI-là (146), cette enfant est anormale », « Le surdouement est un symptôme comme un autre »... Parfois, des psychologues ne donnent pas le résultat du QI aux parents, alors qu’ils le paient. Probablement pour ne pas donner la « grosse tête » à l’enfant ou à sa famille. Moyennant quoi, le jeune continue d’être persuadé que ses difficultés viennent d’un manque d’intelligence de sa part.

    Je suis assez frappée du fait que la stigmatisation de l’intelligence à l’école ou au collège est telle que nombre de parents sont extrêmement inquiets quand on leur annonce la précocité de leur enfant.

    Et un certain nombre de jeunes sabotent volontairement leur parcours scolaire pour ne pas être traités d’ « intellos » et mis au ban du groupe. Un jeune de primaire dont les résultats chutaient me l’a dit. Son meilleur copain a été clair : « C’est les copains, ou les bonnes notes »... Et j’ai eu pas mal de témoignages de stratégies d’échec délibéré pour ne pas sortir du rang, quitte à se faire condamner par les parents ou les profs...

    Alors, d’où vient le mal ?

    L’intelligence élevée s’accompagne en général d’une grande sensibilité. Le goût pour l’abstraction, la résolution de problèmes complexes, la curiosité d’esprit, mènent assez souvent à des interrogations métaphysiques assez éloignées de celles qu’abordent les compagnons de la même classe d’âge, ce qui isole le jeune précoce. Du moins tant qu’il n’a pas trouvé le copain aussi en avance que lui avec lequel il pourra refaire le monde dès la communale...

    Ces caractéristiques ont toujours existé chez l’enfant particulièrement intelligent, et si l’on revisite l’enfance de nos grands artistes et inventeurs de génie, on y retrouve davantage de vécus douloureux que d’images rose bonbon. Cependant, depuis une vingtaine d’années, cette souffrance se généralise, et s’accompagne d’une augmentation massive du taux d’échec scolaire chez l’enfant précoce, ainsi que du nombre de dépressions, avec parfois passage à l’acte suicidaire. Des associations de parents d’enfants doués se sont créées, et des spécialistes se sont penchés sur la question. Quand on fréquente un peu ces associations, on est frappé de cette douleur, autant chez les parents que chez les enfants.

    Que se passe-t-il donc ? Qu’est-ce qui a changé dans nos modes d’éducation qui conduit à cet échec, et qui fait que ce qui devrait être source de joie devient malédiction ? Je vais émettre quelques hypothèses concernant des éléments divers concourant au même résultat, sans pouvoir les développer ici comme cela le mériterait.

    En premier lieu, le découragement par l’institution scolaire des sauts de classe, avec la limitation à un saut de classe par cycle. Un enfant qui est prêt à apprendre à lire et à écrire à 4 ans va s’ennuyer pendant deux ans en maternelle, perdre le goût d’apprendre, faire parfois ses apprentissages seul et sans méthode, et avoir un déficit de communication avec ses pairs. D’où ce que l’on appelle la « dyssynchronie » : il va, à la maison, continuer à écouter les adultes, les informations, déchiffrer seul, etc. Et, pendant le même temps, ne pas apprendre à lacer ses chaussures parce que ses petits camarades n’en sont pas là... Son énergie psychique peu mobilisée par ce qu’on lui enseigne va se libérer en pitreries ou hyperactivité. De plus, tout étant facile, il ne développe pas de méthode, ce qui va le pénaliser plus tard.

    Ensuite, l’attaque, pour des raisons idéologiques, du talent. Dans ma jeunesse, celui qui avait une idée pertinente et originale était plutôt valorisé. Maintenant, on lui dit : « Tais-toi, laisse parler les autres. » Une enseignante disait d’un enfant doué de sa classe de CP, qui savait lire à la rentrée de septembre : « C’est bien, parce qu’il ne se met pas en avant par rapport aux autres ! » Oui, à part que ce petit garçon s’est retrouvé très déprimé après quelques mois de ce régime. Il n’y a pas de reconnaissance de ce qui est important pour l’enfant, sa capacité et son appétence à comprendre des choses nouvelles.

    Enfin, la forme de l’enseignement. Pas le contenu, mais le mode d’approche. L’enseignement dans les petites classes privilégie de nos jours, pour une pédagogie d’éveil, l’introduction des notions par l’exemple. Or, ce qui intéresse l’enfant doué c’est le plus souvent la compréhension analytique des phénomènes. Il peut se retrouver en échec si les éléments de cette compréhension ne lui sont pas donnés. Et, même s’il parvient à suivre, son intérêt est émoussé.

    C’est pourquoi je suis pour une scolarisation de l’enfant au niveau maximum de ses compétences, qu’il soit précoce, normal, ou peu efficient.

    De nombreux aspects ne sont pas abordés ici, notamment celui de la validité des tests d’intelligence. Beaucoup de choses ont été dites sur cette question. Je m’en tiens à une conception très basique du test dont le résultat n’est, de toute façon, qu’approximatif : une échelle permettant d’évaluer la quantité d’épreuves réussies par un individu, comparativement à ce que parvient à faire la moyenne des gens de son âge. Je ne fais pas non plus la différence que font certains entre les enfants précoces et les enfants doués ou surdoués. Je trouve que ces distinctions, et surtout l’assimilation d’une certaine qualité de fonctionnement intellectuel, à un profil psychopatologique particulier, tendent à ostraciser encore plus ces enfants, qui ont besoin, davantage que d’être étiquetés, d’être compris.

     


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  • La précocité intellectuelle

    La précocité . Les signes caractéristiques

     

     

     

    Les signes caractéristiques que vous trouverez ci-dessous doivent faire penser à la précocité intellectuelle.
    Il est rare qu’un enfant présente conjointement toutes les caractéristiques listées, mais il est aussi rare qu’il n’en présente aucune. S’interroger objectivement sur son enfant en ayant cette liste de signes à l’esprit permet de faire le point sur sa personnalité. Il faut cependant éviter de tomber dans le travers qui consisterait à “picorer” dans un inventaire les signes qui pourraient s’appliquer à l’enfant en question et en déduire qu’il est forcément précoce.

     

    Nombreux sont les enfants dans la norme qui peuvent présenter une ou plusieurs des caractéristiques énumérées. C’est la concordance avec des faits troublants constatés par ailleurs (apprentissages précoces, maturité du raisonnement..) qui doit amener à envisager avec plus d’attention l’hypothèse d’une éventuelle précocité intellectuelle.

     

    Un inventaire d’identification ne saurait donc nullement remplacer la passation d’un test de QI auprès d’un psychologue compétent. Cette étape reste indispensable, tant pour quantifier la différence que pour la qualifier. Elle vous permettra également de bien comprendre quels sont les points forts et faibles de votre enfant.


    La lecture
    Nombreux sont les EIP qui apprennent à lire avant l’âge “légal”, souvent seuls. Dès qu’ils savent lire ils s’intéressent tout particulièrement aux dictionnaires et encyclopédies. Ils sont nombreux à dévorer tout ce qui est à portée de leur main. Par contre, beaucoup d’entre eux rencontrent des difficultés importantes quand il s’agit d’écrire. C’est plus particulièrement le cas des garçons.
    Les facultés d’apprentissage
    L’enfant précoce apprend et surtout comprend très vite. Sa compréhension est globale et synthétique et il n’apprend pas à analyser. Il déteste la routine et les répétitions. Supportant très mal l’échec, il manque de ténacité face aux difficultés. Cet aspect des choses peut être très pénalisant dans sa vie scolaire et est à la source de nombreux problèmes.
    La curiosité
    L’enfant précoce est très curieux. Il profite de chaque occasion pour étancher sa soif d’apprendre. Il s’intéressera fréquemment à des sujets qui ne semblent pas de son âge. La mort, les origines de la vie, l’espace, sont autant de sujets de discussion qui le passionnent, souvent très jeune. Si votre enfant de 3 ans vous demande sans cesse “pourquoi ?”, interrogez-vous sur ses autres traits de caractère.
    Le langage
    Bien sûr, on a tous entendu parler de “petits génies” qui parlaient à quelques mois. Mais paradoxalement, les enfants précoces ne parlent pas souvent plus tôt que les autres enfants. Par contre ils s’expriment généralement avec beaucoup d’aisance et construisent leurs phrases sans forcément passer par la phase du “parler-bébé”. Les conversations avec les adultes les intéressent et ils les mettent à profit pour utiliser un vocabulaire riche et varié.
    La solitude
    L’enfant précoce est rarement celui autour duquel les groupes se forment. Il perçoit sa différence comme un défaut et a du mal à s’insérer socialement. Ne voulant pas se faire remarquer, il peut aller jusqu’à s’automutiler psychologiquement et jouer un rôle de composition, même très jeune (dès les premières années de maternelle). Cela le rend souvent indétectable par des enseignants non formés.
    Le perfectionnisme
    L’EIP est souvent perfectionniste, ce qui se traduit par moments par une certaine lenteur à exécuter des tâches qui paraissent simples aux autres.
    L’hyper-sensibilité
    L’enfant précoce est fréquemment hypersensible. Il ne supporte pas l’injustice qui lui semble illogique, que ce soit à son encontre ou vis-à-vis des autres. Il fait souvent preuve d’altruisme. Son sens esthétique est très développé, qu’il s’agisse d’art ou d’environnement, auquel il attache une grande importance.
    La dyssynchronie Les enfants précoces surprennent par le décalage entre leurs remarques pertinentes et les maladresses dont ils font preuve dans certaines activités. Leur comportement est souvent perçu comme puéril et négatif par les autres.
    Le sang-froid
    Dans les situations d’urgence, l’EIP fait généralement preuve de beaucoup de sang-froid. Il cède rarement à la panique car son esprit de synthèse évalue rapidement la situation. Il s’en veut souvent, à posteriori, de ne pas être intervenu alors qu’il estime qu’il aurait dû le faire. Mais sa grande timidité l’empêche trop souvent d’agir.
    La distraction
    Dès qu’un sujet l’ennuie, l’enfant précoce s’évade par la pensée. Il se crée des univers à lui où il s’évade quand il en ressent le besoin. Il donne alors l’impression qu’il est attentif, mais son esprit est ailleurs. L’ami imaginaire joue aussi un grand rôle dans cet aspect des choses. Quand le sujet l’intéresse, il est cependant capable d’une grande concentration.
    L’humour
    Fréquent et précoce, le recours à l’humour permet à l’EIP d’adopter une position distanciée par rapport aux évènements. Plus que tout autre, il a besoin de ce regard d’observateur, comme s’il était étranger à son entourage.
    L’esprit critique
    L’enfant précoce voit rapidement les failles d’une personne, même adulte, ou d’une démonstration, même complexe, et n’hésite pas à les dénoncer. Il est également très habile pour justifier ses propres actes à posteriori.
    Les centres d’intérêt
    Les EIP sont souvent attirés très tôt par l’univers, la préhistoire (les fameux dinosaures), l’astronomie, les origines de l’homme. Ils adorent aussi les jeux compliqués, qui peuvent leur apporter quelque chose. Ils détestent les efforts vains. Ils ont des passions mais peuvent en changer rapidement, dès lors qu’ils estiment en avoir fait le tour.


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  • La difficulté d'écriture des enfants au QI élevé

    Des enfants au Quotient Intellectuel particulièrement élevé et qui ne réussissent pas à écrire correctement, la situation peut sembler paradoxale, pourtant, elle n'est pas exceptionnelle. Une étude vient de démontrer qu'il ne faut surtout pas attendre pour diagnostiquer et prendre en charge ces difficultés.

    Enfant en train d'écrire © Maxppp

    L'étude menée par l'Association pour la recherche et le développement psychomoteur a montré que c'est un décalage entre les fonctions moteurs et le développement psychique qui est à l'origine de ces décalages. "Ce sont des enfants qui ont des profils marqués par une dysharmonie de développement, par des décalages entre des grandes capacités à comprendre, à raisonner, mais qui dans la réalisation pratique agissent comme des enfants plus jeunes", explique Alexandrine Saint-Cast, directrice de l'association.

    L'écriture étant le geste le plus complexe ces enfants vont forcément être en difficulté. Pour apprendre à écrire il faut savoir bien contrôler ses gestes, bien s'organiser dans l'espace et dans le temps, bien se positionner par rapport à son corps. "Or chez les enfants à haute capacité d'apprentissage scolaire, on retrouve très fréquemment des difficultés à contrôler ces gestes."

    Le traitement des ces troubles dépend du type de problèmes rencontrés, mais surtout de l'enfant et de son âge. Petit à petit les médecins donnent des conseils à l'enfant qui vont lui permettre de s'organiser, de prendre conscience de son corps. "On va infléchir sa manière de faire, lui donner des indices pour qu'il modifie sa manière d'agir et change son expérience dans les situations."

     

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  • Pas facile d’être enfant
    à hauts potentiels

     

    5% des jeunes en feraient partie. 5% ? Cela veut dire un à deux élèves en moyenne par classe. On les dit « doués », « surdoués », « talentueux », « petits génies », etc. Certains le vivent très bien. D’autres souffrent de cette intelligence au-dessus de la moyenne, alors que leur corps reste celui d’un enfant. D’être en décalage avec les autres D’être souvent incompris. L’école, partenaire de leurs parents, s’y intéresse de plus en plus.

    Pas facile d’être enfant à hauts potentiels - Thinkstock

    Salle comble à Namur. Trois cents personnes inscrites. D’autres refusées par manque de place. C’est dire que le sujet occupe et préoccupe. Les enseignants, les directeurs d’école, les Centres Psycho-Médico-Sociaux (CPMS). Et… les parents. En première ligne face à ces enfants à qui tout semble promis, mais qui vivent parfois des souffrances multiples.
    Première difficulté : apprendre à les connaître. Pour ce faire, la ministre de l’Enseignement obligatoire, Marie-Dominique Simonet, a commandé une recherche-action inter-universitaire (UCL, UMons, ULB). L’équipe de chercheurs vient de présenter ses résultats.

    Un enfant à hauts potentiels n’est pas l’autre

    Premier constat positif du professeur Jacques Grégoire : « En 2000, quand on a commencé à se pencher sur les surdoués, on nous demandait pourquoi il fallait s’intéresser à ceux qui ont déjà tout. Leurs souffrances étaient méconnues, voire niées. Dix ans après, on peut se réjouir d’un changement de mentalité et de regard à leur égard. »
    Des choses ont aussi étaient mises en place. 2002 : des Centres d’écoute et d’accompagnement de jeunes à hauts potentiels ont été créés dans chaque université (Hélas, la crise est passée et ceux-ci ne bénéficient plus des financements nécessaires). 2005 : un site internet neutre a été ouvert. 2006 : des modules de formation sont proposés aux enseignants intéressés.
    Victor Braconnier, chercheur à UMons, insiste sur le pluriel de… hauts potentiels. « Il s’agit de rendre compte de la complexité de la problématique. Les intelligences sont multiples et le Quotient Intellectuel (le fameux QI) n’est qu’un élément parmi d’autres dans leur identification. » Pour arriver à identifier un jeune à hauts potentiels et ses difficultés, plusieurs approches sont donc nécessaires et demandent une attention spécifique à chaque enfant.

    Des solutions ?

    Pour Jacques Grégoire, « ce dont souffre le jeune à hauts potentiels n’est pas un trouble médical. Il ne relève pas de la santé, mais nécessite un accompagnement pédagogique spécifique. Cela signifie que cet accompagnement relève des missions de l’école. » Le chercheur préconise donc l’intégration des enfants à hauts potentiels dans le système scolaire normal, en prévoyant des aménagements. « Car, comme le précise une éducatrice, l’apprentissage passe par l’affectif, plus encore chez ces enfants qui sont souvent rejetés par les autres, moqués même sur le chemin de l’école, découragés, solitaires. »
    Parmi ces aménagements pédagogiques, il y a notamment les tâches-défis, le tutorat, la différenciation vers le haut, le « MOTIV’ELEV », le saut de classe, mais ce dernier doit être accepté par le jeune, ses parents, les enseignants et la classe d’accueil. Et bien suivi.
    Une brochure très instructive, bourrée d’infos et lisible, vient d’être éditée à destination des écoles. Enseigner aux élèves à hauts potentiels aidera également les parents à mieux se situer par rapport à ces enfants qui les désorientent, à comprendre ce que l’école peut proposer à leur enfant.
    Un hic cependant : toutes les écoles ne se sont pas mobilisées sur cette question. On l’a dit, les centres de référence manquent de moyens. De même pour les CPMS. De sorte qu’apparaissent de plus en plus d’intervenants, coachs, consultants, formateurs privés, qui proposent leurs services à des parents dépassés. Au prix fort. Tout le contraire d’une approche qui prône un accompagnement du jeune en partenariat avec l’école, le CPMS et le spécialiste éventuel.

    Michel Torrekens – 11/06/2013


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  • Précocité intellectuelle: des effets négatifs?

     

    « L'enfant précoce a les défauts de ses qualités "  André GIORDAN

      

    "Etre surdoué n'est pas toujours facile à vivre"
     
    La précocité intellectuelle a ses faces cachées. Dyssynchronie, inhibition intellectuelle, phobie scolaire, anxiété et angoisses, dépression et troubles divers en sont les effets pervers... un dépistage, si possible précoce, permet d'éviter certains de ces écueils.     

    etoilebleuLA DYSSYNCHRONIE

    La précocité intellectuelle affecte l'enfant dans son fonctionnement interne et social mais aussi dans son développement psychomoteur.
     
    Dès la petite enfance, certains enfants dont le développement intellectuel est en avance par rapport à leur développement psychomoteur auront tendance à aller spontanément vers les activités dites « intellectuelles » plutôt que de s’exercer à celles d’ordre « physique ». Ils privilégient ce qui les intéresse, là où ils réussissent, plutôt que ce qui est difficile et leur demande de l’effort. Ils rejettent souvent les activités de motricité fine.
    Très souvent donc, l’enfant se passionne pour la lecture car il a appris à lire tout seul lorsqu’on lui racontait des histoires. Les parents n’en sont pas toujours conscients, mais sont fascinés par cet enfant qui est toujours dans les livres. Ils le laissent à sa passion.
    C’est là que peut s’installer une dyssynchronie entre l’intérêt pour la lecture et le non intérêt pour ce qui est plutôt d’ordre physique.
      

         La dyssynchronie dans sa forme globale est une des caractéristiques de l'EIP, décrite par Jean Charles TERRASSIER comme « le développement hétérogène spécifique et normal des enfants intellectuellement précoces (dyssynchronie interne) ainsi que les particularités de leur relation et intégration au contexte de vie (dyssynchronie sociale)».  

    D'après Jean Charles TERRASSER, "un enfant intellectuellement précoce se caractérise par ce que j'appelle une dyssynchronie. Il y a un décalage entre son niveau de développement intellectuel, très hautement supérieur à celui d'un enfant de son âge, et son développement affectif et émotionnel qui correspond à celui d'un enfant de son âge. L'enfant précoce est d'ailleurs particulièrement sensible, grâce ou à cause de son intelligence, puisque celle-ci a un effet loupe sur les évènements, sur l'information à laquelle il a accès. Son intelligence décortique l'information, mais il n'a pas le recul nécessaire pour la digérer, ce qui peut parfois le mettre en situation émotionnelle difficile et créer de l'anxiété. Par exemple, on a évoqué il y a quelque temps la possibilité que la Côte d'Azur connaisse un tremblement de terre. Un enfant précoce de 5 ans a très bien compris le phénomène et a rapproché son lit d'un mur maître de l'immeuble parce qu'il avait compris que c'était à cet endroit qu'il avait une chance de s'en sortir si la terre se mettait à trembler. L'impact est donc accentué par cet effet loupe lié à l'intelligence qui, elle, voit tout dans les détails. Mais parfois il n'a pas la maturité personnelle de digérer des informations reçues et comprises précocement." Extrait d'une interview de P.E. dans le magazine PsychoEnfants Novembre 2011

      En fait l'auteur distingue plusieurs types de dyssynchronies et assure dans son article : « Les dyssynchronies des enfants intellectuellement précoces » que « les enfants précoces sortent de la norme statistique du fait de leur rythme rapide de développement mais cette précocité c’est leur normalité propre. Il n’y a rien de pathologique dans leur dyssynchronie qui, certes, peut les fragiliser dans des contextes inadaptés.
    C’est pourquoi il importe de connaître leurs particularités pour espérer proposer une réponse éducative adaptée à leurs besoins».   Certains signes d'appel mais également certains troubles fréquemment associés provoqués par une non reconnaissance peuvent alerter l'entourage, les équipes éducatives mais aussi le médecin traitant.  On oublie trop souvent que le médecin de famille sensibilisé peut être un soutien pour l'enfant et sa famille. Ne pas prendre en charge scolairement, familialement et socialement l'enfant surdoué, c'est laisser son enfant en souffrance au risque de le voir développer plus tard des troubles du comportement, des troubles psychopathologiques. Là encore, le médecin peut jouer un rôle primordial de prise en charge.     etoilejauneL'EFFET PYGMALION NEGATIF   Un grand nombre d’enfants surdoués non identifiés vivent au quotidien en effet « pygmalion négatif ».   Selon Jean Charles TERRASSIER « l’enfant va tendre à renoncer à exprimer son véritable potentiel et se limiter à répondre à une demande qui le sous estime…. ». Il note que « ce contexte va l’inciter à renoncer à exprimer une partie de sa personnalité et à oublier celui qu’il aurait pu être, ce qui ne peut en rien favoriser son épanouissement. » L'auteur met en garde contre les conséquences de l'effet Pygmalion négatif. « Dans la mesure où l'enfant élabore une représentation de Soi en partie en se fondant sur l'image de lui-même que lui renvoie un environnement inapte à identifier ses possibilités, il lui sera très difficile de se découvrir et de s'assumer précoce ». 

    Extraits de l'article : « Les dyssynchronies des enfants intellectuellement précoces. » Jean-Charles Terrassier

      A l’école, les enfants peuvent se limiter intellectuellement pour essayer de ressembler aux autres ou pour répondre aux attentes de leurs professeurs. Par un besoin de conformité excessif, ils s’imposent de ne plus exprimer leur potentiel. Au risque de se renier, ils se fondent dans la classe, renonçant ainsi à leurs aptitudes « hors normes ». En se camouflant tels de véritables caméléons, ils se protègent de l’incompréhension des professeurs mais aussi de leurs camarades. Pour se conformer aux attentes des autres, l’enfant s’inhibe, se détériore socialement, il recherche une normalisation imaginaire et renonce ainsi à lui-même.   Selon le docteur Alain GAUVRIT, l’enfant « se recrée un nouvel équilibre moteur, affectif et intellectuel par une série de contre-investissements (refoulement, répression) ne laissant aucune énergie disponible pour le fonctionnement intellectuel».   A la maison également, une pression vers la norme peut s’exercer sur lui. Dans ce contexte, l’enfant fait tout pour se montrer « normal » alors que justement sa créativité et sa curiosité intellectuelles devraient pouvoir s’y exprimer. La fratrie peut accentuer ce phénomène. Selon les enfants, l’effet pygmalion négatif est plus ou moins perceptible :
    - soit ils perdent enthousiasme, goût des apprentissages… et peuvent ainsi se renier définitivement,
    - soit ils explosent après un certain temps ce qui permet d’identifier leur précocité intellectuelle.   A l’inverse, certains ne vont pas à l’encontre de ce qu’ils sont (pas d’Effet Pygmalion négatif). Ils ont alors la force de contraindre leurs parents et leurs proches à s’adapter et à modifier leur représentation d’eux-mêmes, mais à quel prix...     etoileroseL’INHIBITION INTELLECTUELLE   L’inhibition intellectuelle s’inscrit dans un contexte d’effet pygmalion négatif. Le dysfonctionnement intellectuel d’un enfant inhibé peut fausser les résultats des tests de Q.I.. L’observation fine du comportement de l’enfant au cours du bilan vient en complément de l’analyse des subtests. Tous deux permettent de suspecter une automutilation de l’intelligence.   En général un suivi de l’enfant est nécessaire pour lui permettre de « retrouver sa liberté de penser indispensable pour soutenir l’intelligence et éviter que cette dernière ne devienne « stérile »». « Les sujets souffrant d’une inhibition intellectuelle n’obtiennent pas des QI du niveau de la surdouance car leur dysfonctionnement intellectuel peut être important et se répercute au cours du test. Le QI verbal est fréquemment plus bas que le QI performance (profil fréquent chez les enfants qui sont en classe de développement) et inférieur à la norme. Certains ont un raisonnement logique très bon sur le plan non verbal mais échouent au niveau du QI verbal. Il y a une inhibition de la pensée dans ce cas pour un enfant très supérieurement doué il s’agit d’une auto-mutilation de son intelligence (telle que l’a décrite Gauvrit).
    L’inhibition intellectuelle est à traiter par une psychothérapie, impérativement, pour donner la possibilité au sujet de se permettre de trouver, ou retrouver, la liberté de penser, indispensable pour soutenir l’intelligence et éviter que cette dernière ne devienne « stérile ». La souffrance de l’enfant est« amortie » en grande partie par l’inhibition de la pensée chez ceux qui gardent une possibilité d’agirmais elle est très importante chez ceux qui ratent à l’école tout en ayant un bon niveau intellectuel,notamment au niveau du raisonnement

    Cette inhibition intellectuelle est également décrite de façon imagée par le docteur Alain GAUVRIT . C'est le COMPLEXE DE L'ALBATROS 

    « …Exilé sur le sol au milieu des huées,  
    Ses ailes de géant l'empêchent de marcher »
    Charles BAUDELAIRE, L'Albatros

         etoileverteLA PHOBIE SCOLAIREEleveCourb   La phobie scolaire n’est pas soudaine. Elle s’installe progressivement, très souvent dès la maternelle. Le jeune enfant est déçu de ne rien apprendre. La peinture, la pâte à modeler, pratiquement toutes les activités de motricité fine,  ne sont pas sont fort. Il est venu pour apprendre à lire, à écrire… Ce type de réflexion venant de l’enfant doit être entendu avant qu’il ne refuse l’école.   Par définition, la phobie scolaire se caractérise par le refus et une peur irrationnelle de se rendre à l’école. L’enfant sait qu’il n’a pas de raison d’avoir peur mais il ne peut lutter. Les manifestations sont multiples et variées : crise de pleurs, de panique, céphalées, douleurs abdominales pouvant aller jusqu’aux vomissements, diarrhées, …. Elles s’accentuent généralement entre le moment de quitter la maison et d’arriver à l’école.     Selon AJURIAGUERRA, les enfants en phobie scolaire sont des « enfants qui pour des raisons irrationnelles refusent d’aller à l’école et résistent avec des réactions très vives de panique quand on essaye de les y forcer »
    En effet, l’école est le révélateur d’une anxiété qui peut devenir envahissante et mener au refus scolaire alors que pour d’autres, c’est un moteur de réussite. Il est préférable d’orienter ces enfants vers des spécialistes quand de tels symptômes apparaissent. 

     

      etoilebleuL’ANXIETE , LES ANGOISSES   Les interrogations que l’enfant surdoué ne cesse de mettre en place pour tout comprendre sont très anxiogènes. Difficile pour lui d’accepter des choses qu’il ne s’explique pas ! Ces préoccupations excessives, ses angoisses de l’échec, de silence, d’abandon, la recherche du sens de la vie, de la mort, d’inconnu ou ses angoisses métaphysiques sont source d’hyperanxiété. De plus, sa sensibilité, sa lucidité, son soucis de maîtrise accentuent les angoisses. Il est souvent perçu comme « immature » alors qu’en fait, il est lucide. En réalité, il n’a pas l’expérience qui lui permette de relativiser. Il a par conséquent besoin d’utiliser celle de l’adulte pour l’aider à dépasser ses craintes.   CHAMONT décrit cinq types d’angoisses qui peuvent être masquées et qui « gravitent autour des enfants et adolescents intellectuellement précoces » :
    - l'angoisse d'échec,
    - l'angoisse de silence,
    - l'angoisse d'abandon,
    - l'angoisse d'inconnu,
    - l'angoisse métaphysique.   Elles le mènent souvent vers la dépression, la mise en place de troubles divers, de rituels d’apaisement. L’évolution vers les troubles obsessionnels compulsifs ou TOC est très fréquente chez l’EIP. Elle souligne la nécessité de prévention.   Tous les enfants sont soumis à des stress quotidien. David ELKIND a établi un classement de ces éléments de stress (Cf. Tableau ci dessus ) du plus au moins anxiogène.   Chez l’enfant précoce, les changements de rythme de vie quotidien sont source de questionnements et ne sont pas acceptés. Par conséquent, ils deviennent anxiogènes mais selon J. LEGRAND, « Les enfants « surdoués » ne présenteraient pas davantage de troubles psychologiques que les autres enfants. Néanmoins, de nombreux auteurs évoquent une fragilité psychique liée au don intellectuel ».

    Selon Jeanne  SIAUD-FACCHIN (2002), « le risque pathologique de l’enfant « surdoué » est favorisé par un diagnostic trop tardif et/ou par un environnement (famille ou école) non sécurisant. Cet enfant est vulnérable, de par son hypersensibilité et son extra lucidité. Ainsi, des facteurs externes défavorables (rejet des autres) peuvent entraver la construction de sa personnalité, entraînant une « fragilité narcissique majeure » ».  
    Quant à Olivier REVOL, il souligne que l'anxiété « est constante chez les enfants surdoués. L'intelligence est logiquement anxiogène lorsqu'elle donne accès à des questionnements existentiels que le jeune enfant ne peut assumer. On est alerté dès trois ans par des préoccupations excessives concernant l'univers ou la vie après la vie ; la notion prématurée de la pérennité de la mort est forcément inquiétante à l'âge ou l'enfant en a normalement une notion très abstraite ou ludique, comme dans les dessins animés ou les jeux vidéo (« je sais bien que je n'ai pas plusieurs vies... »). Plus tard, les peurs concernent les maladies (peur du sida, de la maladie de la Vache-Folle...), la survenue de catastrophes au niveau planétaire (guerre, météorites, inondations...) ou familiales (maladies des parents, séparations....). Ces craintes sont parfois abordées spontanément, mais le plus souvent elles restent secrètement gardées par un enfant qui n'osent en parler à ses camarades de peur d'être ridicule, ni à ses parents pour ne pas les inquiéter. Elles risquent alors d'évoluer en véritables obsessions, inquiétantes, responsables de rituels nécessaires à leur apaisement. Cette organisation en troubles obsessionnels et compulsifs (TOC) est tellement fréquente dans notre expérience qu'elle justifie d'interroger tous les enfants intelligents sur l'existence d'éventuels « soucis » ou de gestes absurdes qu'ils ne peuvent éviter. »

    Extrait de "L'enfant précoce signes particuliers" Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence Volume 52, Issue 3, May 2004, Pages 148-153 Olivier REVOL, Jean LOUIS et P. FOURNERET

            etoilejauneLA DEPRESSION    Le stress de l’enfant précoce est souvent dépressiogène si l'origine n'est pas identifiée et éliminée.
    La dépression est effectivement une complication fréquemment rencontrée dans le cas de l’enfant précoce. Les causes en sont multiples. Elles s’inscrivent bien souvent dans le contexte d’une affectivité envahissante. C’est aussi un signe d’alerte. L’enfant surdoué qui s’ennuie, surtout à l’école, est aussi sujet à la dépression. Très vite dépassé par des questions qu’il ne peut se résoudre à laisser sans réponse, il se protège en faisant le vide. Il évacue ses pensées « dangereuses » en refusant de se projeter dans l’avenir. Il n’exprime plus ni souffrance, ni émotion. Pour Jeanne SIAUD FACCHIN, la culpabilité et la problématique du deuil sont les deux mécanismes qui sous-tendent la dépression de l’EIP. Après avoir étudié "les caractéristiques émotionnelles des enfants à haut potentiel", H. GUIGNARD attribue la dépression à un univers affectif hors norme       • Signes et manifestations Certains signes peuvent particulièrement alerter les parents, les proches, les éducateurs :       Bien souvent le petit enfant manifeste sa dépression par de l'agressivité (2 à 6 ans), une hyperactivité motrice  et/ou encore une isolement social.
    Plus tard , le grand enfant (6 à 12 ans) se dévalorise, ment ou peut fuguer. Il est en refus, parfois en échec scolaire.
    L’adolescent quant à lui est irritable. Il désinvestit même les loisirs.
    En règle générale, ces signes chez un enfant par ailleurs mythomane, agressif et/ou avec des idées obsédantes doivent alerter les parents, l'entourage, les éducateurs. On doit alors envisager la dépression et se faire aider par des spécialistes.   « A tout âge, la dépression est difficile à vivre pour lui et pour son entourage. L’enfant perd le contrôle de ses émotions et il a horreur de ne plus pouvoir se contrôler».

    Extrait de colloque : L’enfant précoce : signes particuliers : DEPRESSION DE L’ENFANT PRECOCE d’Olivier REVOL


    • Une prise en charge nécessaire    Pour que l’enfant puisse se reconstruire, il est donc essentiel de le prendre en charge. Conscient de son impuissance face à une situation difficile, l’enfant exprime sa colère et refuse bien souvent de consulter. Il s’oppose au thérapeute, essaie de le manipuler… Malgré tout, une prise en charge thérapeutique solide et fiable par un professionnel spécialisé, sans recours aux antidépresseurs s’impose pour décharger se surplus émotionnel.   • La prescription médicamenteuse en question   Selon le Docteur Catherine BARRAUD, « chez ses enfants, le recours aux antidépresseurs n’est pas conseillé. D’une part les antidépresseurs doivent être limités chez les enfants de façon générale. D’autre part, la cause de la dépression restant présente, il n’y a pas de raison que la dépression disparaisse, y compris pendant la prescription d’antidépresseurs ».

        etoileroseDES TROUBLES DIVERS    Les troubles ou manifestations peuvent être divers et variés mais les plus fréquents sont :
     

    - les troubles du sommeil avec difficultés d’endormissement ou réveils fréquents,
    - les troubles alimentaires,
    - les peurs ou des angoisses incontrôlées,
    - les douleurs, des démangeaisons (eczéma),
    - les troubles du comportement avec agressivité ou au contraire isolement de l’enfant …
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    Ces troubles ne sont généralement pas isolés et bien souvent ils sont liés au stress. Il convient de les considérer en tenant compte de l’ensemble de la personnalité de l’enfant.

      
    Il est important de pouvoir les identifier afin que l’enfant puisse apaiser ses souffrances.

      Parfois, le simple prise de conscience des troubles permet à l’enfant lui même de trouver des solutions mais dans certains cas un soutien psychologique lui est nécessaire afin d’éviter qu’il n’aille jusqu’à la dépression. Les troubles du sommeil se manifestent de façons diverses. Certains enfants souffrent d’insomnies avec difficultés de sommeil, éveils nocturnes et même somnambulisme. Fréquemment l’enfant refuse de s’endormir tant il angoisse en pensant à ses cauchemars récurrents. D’autres souffrent de parasomnies. Les parents signalent bien souvent un sommeil agité, non réparateur et ce dès le plus jeune âge de l'enfant.
      Les troubles du sommeil   En fait, comme le note le Docteur Olivier REVOL, « ils sont quasi-constants; leur signification diffère selon l'âge. Chez le nourrisson, l'insomnie d'endormissement est liée à l'anxiété de séparation, logiquement amplifiée par la précocité. Après deux ans, l'opposition au coucher illustre les difficultés à renoncer au plaisir de jouer ou d'apprendre; l'anxiété vespérale est aggravée en période oedipienne par la crainte de la résurgence des fantasmes au cours du rêve. Sur le plan qualitatif, tous les types de troubles ont été signalés comme le confirme une étude récente ; on retrouve des insomnies (difficultés au coucher, éveils nocturnes), des parasomnies (cauchemars) et surtout l'impression parentale, subjective, d'un sommeil de mauvaise qualité. La fréquence des troubles du sommeil chez les EIP incite à rechercher d'autres signes évocateurs de précocité chez tout enfant consultant pour un refus d'endormissement».  Les troubles du comportement

     
     

    Certains auteurs comme Caroline GOLDMAN ont étudié les incidences sur la dynamique pulsionnelle.L’agressivité des enfants à haut potentiel se manifeste entre autre dans la motricité, dans la pensée et dans la relation. Elle a également noté chez les enfants et adolescents qu’elle rencontre des symptômes tels que la dépression, l’insomnie et les troubles du comportement. 

    A lire l'article « L’inexprimable agressivité de l’enfant surdoué » de Caroline GOLDMAN , revue Pratiques psychologiques, 2008, L'accompagnement psychologique. Volume 14, Issue 2, June 2008, Pages 247-264.

      En ce qui concerne les conduites addictives et antisociales, l’adolescence de l’EIP est une période plus risquée que chez un adolescent NIP (Non Intellectuellemnt Précoce).   Le Docteur REVOL estime qu’elle est souvent plus précoce, plus déprimante, plus pathologique mais moins longue. La recherche d’identité est en effet rendue difficile du fait de leur différence.
    Durant cette période de quête identitaire, de deuil de l’enfance, de détachement par rapport à leurs parents, certains adolescents se tournent vers la prise de toxiques, ont des conduites à risques. Ils font généralement preuve d’une grande facilité à dissimuler de graves conduites addictives, aussi mieux vaut-il rester vigilant.   L’insertion sociale est parfois difficile, surtout lorsque le HP se retrouve paradoxalement en échec scolaire, sans diplôme.
    Il faut garder espoir car bon nombre d’entre eux utilisent leur potentiel pour rebondir, quand qu’ils quittent le système scolaire. Certains adultes surdoués se révèlent dans la vie active, dans leur travail, en se tournant vers une voie pour laquelle ils se passionnent ou bien par le biais de formations, d’insertions professionnelles.Pour que cette renaissance ait lieu,

    il est important de faire attention au bien être psychologique de l’enfant, de l’adolescent,
    de rester vigilant pour préserver sa confiance en lui.

     
     Vu par certains, « les conduites addictives et antisociales sont courantes dans l’évolution des adolescents précoces et sont même parfois un mode d’intégration dans le groupe social. Elles peuvent conduire au rejet de l’insertion sociale par les études et au grand paradoxe des enfants précoces en échec scolaire et sans diplôme. Sans banaliser ce type de choix, les études actuelles montrent que ces adolescents bien accompagnés peuvent reprendre des études, même bien longtemps après les avoir abandonnées et réussir une insertion professionnelle correcte, voire, même si le diagnostic de précocité est tardif, réussir une insertion sociale correcte. Je vous rappelle que la précocité ne disparait pas avec l’âge et que la reprise des études à l’âge adulte est toujours possible chez les précoces en échec scolaire. D’autant que les formations pour adultes sont moins scolaires et donc plus accessibles à ces feux d’artifice… »

    Extrait de "Enfants précoces : dépistage, diagnostic et suivi "  par le Docteur BARRAUD


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