• Travailler les émotions, Partie 1: Apprendre à les reconnaître

     

    Les enfants autistes ont du mal à reconnaître, interpréter et imiter les expressions émotionnelles. De façon général, ils ont du mal à partager avec les autres des émotions justes et appropriées. Ils sont maladroits, ce qui peut provoquer le rejet des autres et leur souffrance. Cependant cela ne veut pas dire qu’ils ne ressentent pas d’émotion. Il est donc indispensable pour un enfant autiste de travailler spécifiquement sur les émotions afin d’adapter ses comportements dans ses relations sociales, sa communication avec les autres et contrôler ses émotions.

    ALORS :

    Voici quelques exercices très faciles à réaliser soit même et qui vous aideront à travailler les émotions avec votre enfant…

    I ) Comment apprendre à reconnaître les émotions

    1ere séquence :

    Dans un premier temps, il est nécessaire d’évaluer les connaissances de l’enfant sur des émotions simples comme le colère, la joie, la tristesse et la peur. Travaillez à l’aide de photos de votre propre visage photographié, ou de celles de proches (père, mère, frère, sœur…) ainsi vous pourrez évaluer si l’enfant reconnaît vos expressions, puis vous passerez à un visage inconnu.

    Utilisez quatre visages de la même personne montrant ces quatre émotions :

     Présenter une émotion à la fois et déroulez toutes les étapes suivantes sur l’émotion choisie. Attention cette séquence peut être longue.Vous pouvez passer plusieurs séances sur une seule émotion voir plusieurs séances sur une seule étape, afin de voir toutes les phases du langage. Il est important de capter le regard sur chaque étape.

    • 1er étapes : Etape d’observation des différentes caractéristiques de l’émotion choisi. Captez l’attention sur l’image. Poser des questions, utilisez la guidance en montrant les parties du visages, « regarde la bouche, elle est…., regardes le front, les yeux… »
    • 2eme étape : Etape du tact = nommer. On associe l’image au mot. Poser la question : qu’est ce que c’est ? et nommer, par ex : Qu’est ce que ç’est, c’est la colère
    • 3em étape : Etape de l’écho = imiter le mot. Obtenir de l’enfant la prononciation, ou un début de prononciation du mot associé à l’image. N’hésitez pas à répéter : « colère » et à faire répéter, « répètes colère ».
    • 4em étape : Etape de l’imitation = Imitez l’émotion avec votre visage en accentuant les traits. Demandez à l’enfant de le faire. Là aussi vous pouvez utiliser la guidance en remontant les coin  de sa bouche par exemple…
    • 5em étape : Etape du réceptif : savoir montrer l’émotion travaillée parmi d’autres images, « montre moi la colère ? »
    • 6em étape : Etape de l’intraverbal = Parler de l’émotion sans l’image. Te souviens tu de ce qui c’est passé quand bobi a fait pipi sur le canapé ? comment était maman ?……
    • 7em étape : Etape du textuel et de la transcription = Lire et écrire « colère » cette étape peut être reporter suivant l’age et les capacités de l’enfant.

    Recommencer la première séquence avec des  expressions faciales schématisée comme celles présentées ci dessous.

    TRES IMPORTANT : Il est important d’encourager l’enfant après chaque étape ou si il fourni un effort pour effectuer la consigne. L’encouragement peut passer par un « bravo », un calin, ou un accès à un objet ou une activité que l’enfant aime faire. Bien déterminer avec lui, avant l’étape ce qu’il obtiendra et qui le stimulera à effectuer les consignes.On parle ici de renforçateur.. Plus son renforçateur sera important, plus vous obtiendrez des résultats.

     

    2em séquence :

    Travailler le repérage, en triant des photos:

    Cette partie ne devra être commencée que lorsque l’enfant aura une bonne connaissance des émotions travaillées. Comme la précédente partie, elle peut prendre plusieurs séances pour être acquise.

    • Munissez vous de plusieurs visages ( entre 10 et 20 suivant l’aptitude de l’enfant), travaillez avec des dessins noir et blanc, puis des dessins couleurs pour terminer avec des photos représentant les émotions apprises.
    • A l’aide des quatre smileys, représentant les émotions travaillées dresser un tableau de quatre colonnes, dans lesquelles vous placerez les smiley (comme dans le tableau ci dessous).
    • Donnez à l’enfant les photos représentatives des émotions, les unes après les autres.
    • Demandez lui de décrire chaque photo, utilisez la guidance si nécessaire, posez des questions pour aider à la description (ex : comment sont ces yeux, regardes sa bouche etc…) appuyez bien sur chacun des traits de l’émotion visualisée par ex Il est en colère ses sourcils sont retroussés…. Utilisez votre propre visage.
    • Une fois la description des visages terminée, rapprochez ou faites lui rapprocher des visages ayant des traits similaires et demander à l’enfant ce qui est pareil sur les deux visages.
    • En fin de partie, demandez à l’enfant de positionner les visages dans les colonnes correspondantes comme sur le tableau ci dessous. Utilisez la guidance partiel ou total uniquement si nécessaire.

    Refaites l’exercice en autonomie, pour vérifier la bonne acquisition des connaissances.

    COLERE 

    JOIE  PEUR TRISTESSE

     

     

    Travailler le repérage en observant chaque caractéristique du visage :

    Pour ce travail, il vous faudra imprimer chaque visage en entier, puis re-imprimer chaque visage afin de les découper comme sur les tableaux ci dessous. Présentez à l’enfant, une image complète d’émotion à la fois et proposez lui, chaque élément de ce même visage, les uns après les autres, en prenant soin de capter son regard sur la partie du visage présenté. N’hésitez pas à utiliser la guidance (verbale: « regardes la bouche », et physique en lui montrant l’image)

    • Sourire sur la bouche, plis aux commissures des yeux, front lisse ——- JOIE
    LA JOIE

    FRONT SANS PLIS

    SOURCIL ET YEUX : PLIS AUX COMISSURES DES YEUX
    BOUCHE SOURANTE  
    • Bouche serrée, sourcils froncés, traits autours des yeux——-COLERE
    LA COLERE
      FRONT sans PLIS
    PLISSEMENT ENTRE LES YEUX, FRONCEMENT DES SOURCIL
    BOUCHE PINCEE OU OUVERTE
    • Bouche droite ou à l’envers, yeux qui tombent et qui pleurent parfois—–TRISTESSE
    LA TRISTESSE
    FRONT PEU OU PAS PLISSE
    SOURCIL ET YEUX : PLIS ENTRE LES YEUX/SOURCIL INCLINE VERS LE BAS, PRESENCE POSSIBLE DE LARMES
    BOUCHE FERMEE SANS SOURIRE

     

    • Bouche et yeux grands ouverts, sourcils relevés, plis sur le front——–PEUR
    LA PEUR
    FRONT PLISSE
    YEUX GRANDS OUVERTS,  HAUSSEMENT DEL’ARCADE SOURCILIERE
    BOUCHE OUVERTE

     

     

    Pour compléter ces exercices, il est possible de confectionner un mémori des émotions et de jouer avec votre enfant. L’impact sera plus intéressant si vous utiliser dans un premier temps un mémori des émotions de votre famille. Puis vous pourrez confectionner un mémori d’émotion de personnes inconnus.
    La règle du jeu: Les visages sont placés face cachée sur une table. Chacun à son tour, on retourne un visage, puis un deuxième en essayant de retrouver la paire. Si celle ci est retrouvée, on remporte les cartes émotion. Si les deux visages ne sont pas identiques, on les remet face cachée.
    Utiliser la guidante si nécessaire pour que le jeu soit accéssible à votre enfant et qu’il prenne plaisir à jouer. Renforcez vivement chaque paire retrouvée.
    Voici quelques exemples de mémori pour vous aidez

    Et maintenant à vous de jouer…


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  • Autisme

    (Troubles majeurs du développement)

     

    Description

    Imaginez que vous viviez dans un monde qui ne vous rejoint pas tout à fait et auquel vous ne puissiez pas toujours réagir. Pour de nombreuses personnes atteintes d'autisme, voilà la grande séparation qui existe entre leur monde et la réalité extérieure.

     

    L'autisme est l'une des affections comprises dans le groupe des troubles envahissants du développement qui touche environ 1 personne sur 2 000. Les premiers signes d'autisme se manifestent avant l'âge de 3 ans.

     

    L'autisme est de 2 à 4 fois plus fréquent chez les garçons que chez les filles; les personnes atteintes d'autisme peuvent souffrir de déficience mentale jusqu'à un certain degré.

    Causes

    Il y a probablement une diversité de facteurs menant à l'autisme, mais aucun lien concluant n'a été établi.

     

    Des données indiquent que certaines personnes atteintes d'autisme ont un déséquilibre chimique dans le cerveau, plus particulièrement une hausse des taux de sérotonine. Néanmoins, on ignore pourquoi ce déséquilibre provoquerait l'autisme.

     

    L'hérédité peut également représenter un facteur. Lors d'études chez des jumeaux identiques dont l'un est atteint d'autisme, les chances que l'autre le soit également sont d'environ 85 %. La probabilité d'autisme parmi la fratrie d'une personne autiste est supérieure à la fréquence observée dans la population générale.





    Symptômes et Complications

    Le signe le plus évident d'autisme chez un enfant est son incapacité à interagir socialement. Les bébés ou les nourrissons ne réagiront pas aux sourires, aux jeux vocaux ou aux autres stimuli ou activités dans leur environnement immédiat. Les enfants ne suivront pas les autres des yeux et n'établiront même pas de contact visuel. Les enfants atteints d'autisme ne comprennent pas l'expression du visage ni le langage corporel d'une autre personne et n'en font pas eux-mêmes usage. Ils peuvent ne pas être en mesure d'établir des liens affectifs et sociaux.

     

    De plus, bon nombre d'enfants atteints d'autisme n'acquièrent pas de compétences linguistiques, et il est peu probable que ceux qui y parviennent amorcent une conversation. Cependant, il n'est pas inhabituel pour un enfant atteint d'autisme de répéter des phrases entendues lors d'une conversation ou dans le passé.

     

    Cette tendance à la répétition se manifeste dans d'autres comportements associés à l'autisme. Certains mouvements ou gestes - par exemple des battements des mains ou une torsion de tout le corps - seront répétés maintes et maintes fois. L'enfant ne participe pas aux jeux faisant appel à l'imagination, mais il peut apprendre et imiter des gestes. À titre d'exemple, un enfant qui semble jouer au téléphone - composer, parler, raccrocher - le fera exactement de la même manière et dans le même ordre la prochaine fois. Cela n'est pas un signe d'une imagination active, mais plutôt la répétition d'un comportement appris. L'apprentissage aussi se produit de manière erratique : ce qu'un enfant semble avoir appris un jour sera peut-être oublié le lendemain.

     

    L'enfant atteint d'autisme a tendance à maintenir un ordre rigoureux dans son propre monde. Son jeu peut consister à aligner des objets ou à se laisser fasciner par un aspect particulier d'un jouet - soit sa texture, son odeur ou sa couleur - plutôt que de s'intéresser à sa fonction. Les personnes atteintes d'autisme s'attendent souvent à retrouver une routine ou un milieu qui ne change pas : le fait de servir un repas cinq minutes plus tard que d'habitude peut provoquer une crise de colère. Le fait d'enlever un objet de sa place habituelle peut être extrêmement pénible et provoquer une réaction qui cessera seulement après que l'objet aura été remis à la place habituelle.

     

    Les autres comportements associés à l'autisme incluent :

     

    • des actes d'automutilation;
    • des habitudes anormales en matière d'alimentation, de consommation de boissons ou de sommeil;
    • une absence de peur ou des craintes irrationnelles;
    • des activités et intérêts restreints;
    • des troubles de l'humeur;
    • une courte durée de l'attention;
    • une réaction inattendue à un stimulus (manque d'intérêt ou susceptibilité extrême).

    Bien que les personnes atteintes d'autisme puissent présenter divers troubles du développement, elles peuvent aussi avoir des points forts particuliers, qui varient d'une personne à l'autre. Parmi ceux-ci, on compte un certain talent pour la musique ou pour les mathématiques, de même que d'autres points forts.

    Diagnostic

    Étant donné l'absence de causes clairement définies, il n'existe pas d'examen simple pour établir si un enfant est atteint ou non d'autisme. Le médecin, le psychologue ou le psychiatre se fonde sur les difficultés sociales de l'enfant, la structure de son comportement et ses piètres habiletés en matière de communication pour établir un diagnostic d'autisme. On décèle habituellement l'autisme avant l'âge de 3 ans.

    Il est donc important qu'un médecin vérifie si des convulsions sont la cause de ces comportements répétitifs afin d'exclure une telle possibilité, pour ensuite poser le diagnostic exact et planifier le traitement approprié.





    Traitement et Prévention

    Il n'existe pas de moyen de guérir l'autisme. Il est possible d'utiliser des médicaments pour réduire certains symptômes comme les comportements très agressifs ou autodestructeurs. Les causes de cette maladie demeurent très mal comprises; par conséquent, il n'est pas possible de mettre au point des traitements médicamenteux spécifiques.

    Parmi les traitements existants, le plus important est la modification du comportement. Les programmes sont très structurés et se concentrent sur l'apprentissage du langage et de certaines habiletés sociales. Le traitement atteint une efficacité maximale s'il est instauré à un âge précoce. En plus de profiter des soins psychiatriques, il est utile que les enfants atteints d'autisme travaillent avec une équipe où les parents se joignent à des pédagogues, des psychologues, des orthophonistes et des ergothérapeutes. Il est essentiel d'individualiser le traitement aux besoins de chaque enfant et de donner à celui-ci un accès suffisant à une équipe médicale.

    Un traitement précoce maintenu à long terme peut s'avérer efficace et certains enfants connaîtront une amélioration de leurs compétences linguistiques et sociales tout en avançant vers l'âge adulte. Une meilleure communication et des expériences quotidiennes plus significatives peuvent améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d'autisme.


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  • Les alignements de jouets, on peut en sortir !

     

    Les alignements de jouets, on peut en sortir !

    alignements de jouets

    Le Petit Prince avait bien aligné ses petites voitures. Le long d’un motif du tapis, elles étaient bien toutes collées les unes aux autres, c’était bien rangé.
    Et si à ce moment là, je shootais malencontreusement sur l’une d’elle, je vous raconte pas la crise.

    Bon mais ça, maintenant c’est du passé. Comme quoi, même ça, ce n’est pas immuable. 

    J’ai entendu beaucoup de parents dirent qu’ils avaient peur que leur enfant ne puisse se débarrasser de leur tocs envahissants. Mon fils en avait plein, il n’en a plus, du moins ce n’est plus du tout envahissant. Allez, je vais vous expliquer pourquoi.

    Attention, tout ceci s’est passé sur des années, donc pas la peine de croire que ça va s’arrêter du jour au lendemain, c’est faux.

    Un enfant autiste n’aligne pas ses jouets parce qu’il est idiot, ou pour vous embêter, c’est uniquement parce que ça lui fait du bien. Vous n’avez pas des petits rituels rassurants, vous ? Moi je vous raconte, je suis dingue du ménage : si la maison est en bazar, j’ai l’impression que c’est le bazar dans ma tête, donc je range, sinon je ne me sens pas bien. Et non, je ne suis pas autiste. Donc pour le Petit Prince, c’était pareil : il rangeait bien tout, faisait des empilements de gros cubes et on jouait à la « Tour la plus haute du monde » , il disposait ses nounours dans un certain ordre sur son lit, c’était comme ça.

    Plus tard, il s’est pris de passion pour les Legos. Il construisait des trucs pas possible mais malheur à quiconque s’en approcherait… si jamais une pièce venait à se casser, c’était le drame. Toutes ses constructions, il les conservait sur des étagères, dans sa chambre, sur son bureau… ça prenait bien la poussière mais il était interdit de les démonter. Bon, ben, on a fait avec !

    Sauf que parfois, les constructions trainaient partout dans sa chambre et là ça venait directement contrarier ma petite manie du rangement à moi, et c’était le choc frontal. J’avais juste envie de balancer tout dans un sac et les filer à des gosses mais non, j’avais pas le droit, parce que le Petit Prince, lui, avait besoin de cette accumulation de Legos.

    Puis ça c’est calmé avec les Legos, on est passé aux Nerfs. On s’est retrouvé avec plus de 13 Nerfs dans sa chambre, engins volumineux, moches mais avec qui il jouait vraiment beaucoup, et qui lui ont permis aussi de trouver des copains de jeux qui eux aussi auraient bien aimé avoir autant de Nerfs. Il dormait même avec pour contrer les cauchemars...

    Tout ça pour dire que jusqu’à ses 5 ans, il alignait ses jouets, et puis quand il a commencé à verbaliser, l’alignement s’est arrêté, mais il a commencé à accumuler. Les voitures,  les constructions d’engins roulants en Legos,  les Nerfs… et j’en passe : on peut assimiler à ça à un profil de collectionneur. Il ne fallait pas toucher ou ranger ses jouets à sa place, car il y mettait SON ordre.

    En fait, pour se rassurer, mon enfant autiste avait besoin de mettre de l’ordre dans son monde. Il alignait les objets, s’intéressait à un aspect particulier d’un jouet plutôt qu’à sa fonction, (la couleur, le toucher, etc.), c’est comme ça. Au fur et à mesure qu’il a « ouvert sa bulle » au monde extérieur, il a accepté de mieux en mieux notre « désordre » dans son ordre et a été stimulé par plus de choses, donc il a fini tranquillement par se défaire de ses comportements obsessionnels. Mais attention, ça prend du temps ! Il faut laisser le temps à l’enfant d’ouvrir sa bulle d’abord, d’avoir envie d’interagir avec les autres et de ne pas obéir qu’à ses propres règles ( ça c’est super dur, pour un autiste..) et puis d’être suffisamment en confiance pour déplacer ses centres d’intérêts vers des activités moins envahissantes.

    Aujourd’hui, le Petit Prince a 13 ans. Il a gardé tous ses Legos, même s’il n’y joue plus tellement, ses constructions préférées sont sur une étagère. La Petoufette a récupéré les petites voitures, mais elle n’y joue que dans la chambre de son frère, parce que j’estime que ça reste les jouets du Petit Prince. Je pense que si je lui retire ses voitures, ça va lui faire un peu mal au coeur, donc dans la chambre de mon fils, il y a des bacs avec les voitures et la Petoufette a le droit d’y jouer.

    Il a changé de centre d’intérêt en passant du réel au virtuel : il est toujours fan de constructions, et du coup il joue à construire dans des jeux en ligne comme Minecraft. D’ailleurs il m’a dit l’autre jour que quand il était un peu angoissé – à l’idée de faire ses devoirs, ou d’ apprendre une leçon, le fait d’aller modifier une pièce dans une de ses « maisons » qu’il a construites sur Minecraft l’apaisait puisque ça lui faisait penser à autre chose, plutôt que de ressasser en boucle et d’angoisser.

    Voilà ! Tout cela pour dire que si au départ les troubles sont envahissants, ils peuvent parfaitement s’atténuer au fil du temps, il faut juste être patient.


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  • L’autisme: un trouble complexe et encore mal compris

     

     

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    L’autisme: un trouble complexe et encore mal compris © istockphoto.com/Macsnap

     

    L’annonce d’un diagnostic de «Troubles du Spectre Autistique» est souvent une véritable bombe pour les parents. Confrontés au deuil de l’enfant idéal, ils sont très vite rattrapés par les énormes difficultés que ce syndrome peut engendrer pour leur enfant et pour la vie de famille. Eclairages.

     

     

     

    Personne n’a oublié Rain Man, campé par l’excellent Dustin Hoffman. C’était à la fin des années nonante. Le film américain était l’un des premiers à mettre en scène un autiste, Raymond, personnage attachant et incompris, enfermé dans ses angoisses, ses comportements répétitifs, ses habitudes enracinées, mais aussi doté de capacités exceptionnelles de mémorisation et de comptage. Si le film aux multiples récompenses a fait avancer la cause, l’autisme demeure, encore aujourd’hui, un trouble mal compris par beaucoup.

    L’autisme est actuellement reconnu comme un trouble neuro-développemental aux manifestations très diverses et d’intensité variable. L’affection est également très complexe au niveau des causes, puisque des facteurs aussi bien génétiques, métaboliques que neurobiologiques, etc. en seraient à l’origine. Mais, contrairement aux idées reçues, ce n’est pas une maladie psychique, ni un trouble de la personnalité. Sur son site internet, l’Association Autisme Suisse romande précise qu’on ne devient pas autiste, mais «on naît autiste de la même manière que l’on vient au monde avec des grandes ou des petites oreilles».

    En Suisse, chaque année, trois à quatre enfants sur 1000 naissent porteur d’un syndrome autistique, avec une prédominance chez les garçons (moins d’1% d’entre eux naissent avec un autisme pur), car seule une fille sur quatre en souffre, selon Valérie Dessiex, spécialiste en psychologie clinique et psychothérapie à la Consultation multidisciplinaire du psycho-développement (CMPD) de l’Unité de guidance infantile des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Dans cette consultation genevoise, 150 enfants sont suspectés chaque année d’être porteur de ce syndrome. Des chiffres qui seraient en nette augmentation, en partie à cause de l’amélioration de la détection du trouble, de la meilleure connaissance des spécialistes et de la nouvelle classification internationale (DSM V). En effet, on regroupe désormais toutes les formes et les degrés d’autisme (autisme profond, troubles envahissants du développement, syndrome d’Asperger, etc.) sous les termes de « Troubles du spectre autistique (TSA)».

    Symptômes

    Globalement, les déficiences touchent trois domaines: les interactions sociales, la communication (verbale et non verbale) et le comportement. L’enfant autiste dispose d’un répertoire restreint d’intérêts et de comportements, eux-mêmes associés à des stéréotypies qui sont une répétition de gestes ou d’attitudes dans des proportions démesurées (allumer et éteindre la lumière plusieurs fois de suite, taper des mains, se mettre sur les pointes des pieds, par exemple). En marge de ces symptômes, un retard mental est associé dans 75% des cas.

    Les premiers signes

    Les signes précoces évoquant un trouble du développement peuvent s’exprimer dès l’âge de six mois déjà, sans qu’on puisse encore poser un diagnostic. «Un enfant qui ne réagit pas à son prénom, qui ne babille pas, qui ne regarde pas dans les yeux des personnes qui l’entourent, qui n’aime pas être pris dans les bras, qui donne l’impression de se suffire à lui-même, qui est plus intéressé par ses mains que par le visage de ses parents, qui est centré sur ses propres sensations, qui (vers l’âge de trois mois) n’a pas le sourire social, ne pointe pas du doigt, etc. doivent alerter les parents. Mais attention, ces signes ne sont pas spécifiques à l’autisme. Pris isolément, ils n’ont aucune valeur», déclare la psychologue genevoise. Le jeu est aussi un terrain sur lequel l’enfant autiste va exprimer sa différence: «Il privilégie les activités axées sur le sensoriel et l’autostimulation, au détriment des jeux d’imitation. Il délaissera également les personnages ou figurines au profit des objets, se concentrant sur leur mouvement. Il pourra par exemple regarder tourner indéfiniment les roues d’une petite voiture, poursuit-elle. Il passera également du temps à aligner des objets plutôt qu’à les animer». Aussi, l’enfant peut donner l’apparence de communiquer, mais sans véritablement interagir socialement avec les autres.

    A ce titre, l’acquisition du langage peut être très problématique – certains enfants ne parlent pas, voire très peu. En effet, 50% des autistes purs ont des troubles du langage ou n’y accèdent carrément pas. D’autres, en revanche, arrivent à développer des compétences langagières. Mais la communication reste souvent imprécise du fait de leur incapacité à comprendre les subtilités du langage, comme l’implicite ou l’ironie. Dans l’interaction par exemple, ils peuvent répéter une question qui leur est posée plutôt que d’y répondre (phénomène d’écholalie). Sur le plan affectif, ces sujets comprennent mal les émotions des autres quand ils ne s’en détournent pas, étant incapables d’empathie.

    Un diagnostic difficile

    Aussi manifestes que ces symptômes puissent paraître, le diagnostic de l’autisme n’est pas simple à poser, tant les expressions du trouble sont individuelles. Bien que des signes évocateurs puissent s’exprimer assez précocement, la plupart de ces enfants sont diagnostiqués vers l’âge de quatre ans. A cet égard, il appartient à un collège de spécialistes –pédopsychiatres, psychologues, logopédiste, etc. – d’établir un diagnostic différentiel, pour cerner au plus près les problèmes de l’enfant. Pour le Pr. Patrice Guex, ancien chef du Département de psychiatrie du CHUV à Lausanne, «il est très important de ne pas confondre l’autisme avec d’autres troubles. Aussi, si l’on conclut à la présence d’un tel syndrome, il faut apprécier avec finesse où le jeune patient se situe dans le continuum du spectre autistique. Il ne faut évidemment pas tarder à faire le diagnostic, mais éviter aussi de sur-diagnostiquer, de coller trop tôt une étiquette de handicap à l’enfant ou de le figer dans une pathologie; en effet, certains peuvent avoir des attitudes autistiques dans le cadre de troubles fonctionnels, qui peuvent évoluer». Valérie Dessiex, est d’accord avec le professeur Guex. Le diagnostic différentiel avec d’autres troubles est très important. Elle ajoute qu’émettre une hypothèse diagnostique permet de guider les parents dans la compréhension des manifestations de son enfant et d’élaborer une prise en charge adaptée pour l’aider au mieux dans ses difficultés et pour augmenter ses chances de progression.

    Pour déterminer le profil développemental et comportemental de l’enfant, de nombreux paramètres sont investigués: la motricité, le pré-langage, le langage, le niveau de jeu, les interactions, les aspects sensoriels, l’expression des émotions, leur compréhension, etc. «Pour qu’il se sente rassuré et donne le meilleur de lui-même, nous favorisons la présence des parents lors des consultations», poursuit la psychologue.

    Aider l’enfant dans sa spécificité

    Une fois le diagnostic posé, l’orientation du traitement sera donnée par les spécialistes en fonction du degré de handicap et des pathologies associées (épilepsie, troubles du sommeil par exemple). «Si certaines thérapies ont le vent en poupe, il n’y a pas aujourd’hui, d’un point de vue scientifique, une méthode qui serait supérieure à une autre, selon le Centre réputé de Montréal du Professeur Morton, assure le Pr Guex. Dans l’idéal, il faut privilégier une prise en charge intégrative, c’est-à-dire ouverte sur différents types de traitements et d’intervenants (psychiatres, psychologues, éducateurs spécialisés, logopédistes, ergothérapeutes, etc.)». Un programme à la carte, pour que l’enfant développe un maximum de compétences dans la communication, les interactions sociales, mais aussi dans les domaines cognitif, relationnel, affectif et comportemental. Un avis que partage Valérie Dessiex, pour qui «l’erreur serait de ne retenir qu’une seule approche». Cela, sans négliger le vécu émotionnel et affectif du patient, insiste le Pr Guex: «Il faut être attentif à ses sentiments, à la douleur psychique qu’il pourrait ressentir face à son isolement. Accueillir le patient aussi dans son histoire singulière, même si, pour certains, il faudrait être essentiellement comportementaliste.»

    Deuil de l’enfant idéal

    Le soutien des parents et la prise en compte de leur souffrance est également indispensable, tant les implications de l’autisme sont énormes sur la vie de famille. Le deuil de l’enfant idéal, l’épuisement parental, le développement de comportements et de réactions contre-performantes, l’isolement social, les inquiétudes liées à l’avenir de l’enfant, sa dépendance, la «parentification» des frères et sœurs, les conséquences économiques, l’immense désarroi et la difficulté à savoir à qui se référer, à quelle instance vraiment faire confiance, etc. sont autant de conséquences de l’autisme que les parents sont forcés d’apprendre, autant que possible, à gérer


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  • Autisme: les premiers espoirs d’une thérapie ultra-précoce

     

    Autisme: les premiers espoirs d’une thérapie ultra-précoce LDD tangle_eye/morguefile

     

    Une étude américaine originale laisse entrevoir de nouvelles possibilités d’actions thérapeutiques. A condition de pouvoir agir très tôt et que les parents collaborent.

     

    Auteurs

     

     

    L’autisme (ou plus précisément les troubles du spectre autistique – TSA) est une entité éminemment complexe. Elle fait l’objet de multiples débats et controverses quant à sa définition, ses origines et ce que doit être sa prise en charge thérapeutique. Il n’y a pas si longtemps (disons jusque dans les années 1980), une conception psychanalytique prévalait, du moins parmi les pays où la psychanalyse occupait encore une place importante dans le champ de la psychiatrie. Elle laissait entendre, schématiquement, que l’autisme (on ne parlait pas encore des TSA) était une des conséquences de troubles relationnels très précoces ayant existés entre la mère et l’enfant malade. Outre qu’elle ne fournissait aucune thérapeutique efficace, cette approche avait pour conséquence notable de culpabiliser durablement les mères concernées et, plus généralement, les parents.

    De nouveaux espoirs

    Le développement d’un regard plus «biologique» sur les causes premières de ces pathologies a eu pour effet de bouleverser les conceptions des techniques thérapeutiques qui pouvaient être mises en œuvre pour aider les enfants atteints et, par voie de conséquence, leur entourage. C’est dans ce contexte que s’inscrit la publication des résultats préliminaires obtenus par une équipe de chercheurs de la Yale Child Study Center, Yale University, et du Koegel Autism Center, Santa Barbara (Californie). Leurs travaux sont exposés dans le Journal of Developmental Disorders Autisme. Ils fournissent, après d’autres développés dans le même esprit, de nouveaux et solides espoirs.    

    Ces chercheurs ont travaillé sur un programme de traitement très précoce des TSA; un programme comportant à la fois des activités ludiques ciblées en fonction des troubles des enfants mais qui, aussi, a pour particularité d’impliquer les parents. Dirigée par Fred R. Volkmar et Pamela Ventola, les chercheurs expliquent que leur programme entraîne des modifications cérébrales chez les enfants concernés et qu’il permet d’obtenir chez ces derniers des améliorations significatives dans le comportement, la communication et la fonction cérébrale. Ils soulignent aussi de ce fait la nécessité d’une prise charge précoce des TSA.

    Les résultats suggèrent que les systèmes cérébraux contrôlant la perception d’autrui et de l’extérieur répondent bien à ce type de thérapie comportementale précoce. Cette thérapie a été développée à l'Université de Californie. Elle a trois particularités principales : elle nécessite la formation des parents, utilise le jeu à des fins de motivation et a été adaptée pour être mise en œuvre auprès de très jeunes enfants, à partir de l’âge de deux ans. En pratique cette approche soulève donc la délicate question de l’opportunité d’un diagnostic précoce ; le plus souvent (et au mieux) ce diagnostic n’est en effet porté qu’entre l’âge de trois à cinq ans.

    Des images pour prouver les avancées

    Les chercheurs américains ont, de manière originale, eu recours à l’IRM pour objectiver les évolutions dans l'activité cérébrale de deux enfants qui avaient suivi cette approche thérapeutique. Le Dr Pamela Ventola avait pour sa part préalablement identifié les objectifs comportementaux distincts pour chaque enfant. Puis elle avait travaillé à renforcer leurs compétences de manière à la fois ciblée et ludique. Les chercheurs expliquent que ces enfants montrent des améliorations dans le comportement et qu’ils sont aujourd’hui capables de parler à d'autres personnes. De manière objective les examens par IRM et électroencéphalographie révèlent une activité cérébrale accrue dans les régions du système nerveux central connues pour être directement impliquées dans la perception et la communication avec autrui.

    On observera (avec raison) que ces résultats n’ont été obtenus que sur deux enfants, ce qui limite bien évidemment les extrapolations que l’on peut en faire. Pour autant, ils fournissent des bases crédibles justifiant leur développement. Les chercheurs américains poursuivent ainsi leur recherche à plus grande échelle, et ce auprès de soixante enfants. Leur approche est certes fondée sur une conception homogène de cette pathologie;  mais elle nécessite toutefois une prise en charge adaptée et bien spécifique de chaque enfant. C’est dire que les TSA sont bien des pathologies particulières. Elles peuvent être perçues comme ayant des manifestations plus ou moins similaires mais elles ont pour origine une somme de dysfonctionnements multiples touchant les perceptions que ces enfants ont du monde extérieur à eux.

    C’est dire aussi que loin d’être standardisée (ce que les tenants de la psychanalyse lui reprochent généralement), cette nouvelle approche thérapeutique des TSA se doit impérativement de prendre en compte les particularités individuelles. Elle doit aussi, autre considérable défi, parvenir à trouver les moyens de porter un diagnostic le plus précoce possible, ce afin d’augmenter les chances de succès. Il faut enfin impliquer au mieux les parents des enfants concernés pour qu’ils participent eux aussi directement à ce programme thérapeutique. On peut imaginer que ceci ne constituera pas le plus grand obstacle à vaincre pour que ces enfants parviennent à mieux s’ouvrir au monde qui les entoure.


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